Syrie / Opposition : Le communiqué du Caire

Syrie / Opposition : Le communiqué du Caire 940 542 La Rédaction

Dernière mise à jour le 25 janvier 2015

www.madaniya.info porte à l’attention de ses lecteurs le communiqué publié au Caire par un « Collectif des forces politiques et de personnalités patriotiques syriennes» au terme de ses travaux tenus dans la capitale égyptienne du 22 au 24 janvier à l’invitation du «Conseil Égyptien des Affaires Étrangères». Communiqué dont www.madaniya.info a pu attester de son authenticité.

Le communiqué du Caire : Pour La Syrie

La Syrie a vécu ces quatre (4) dernières années une situation marquée par une accentuation de la violence, doublée d’une destruction complète de l’état et de la société.

L’insistance de l’état, dès le départ, à ignorer les revendications populaires concernant les réformes et le changement ont eu un rôle central dans l’amplification de la violence, la radicalisation et le terrorisme, à l’effet d’obturer toute perspective de règlement politique à la crise de l’État et de la société.

La situation en Syrie commande aux forces de l’opposition de retrouver sa vigueur et de reconquérir ses partisans en vue de rétablir, à la place qui lui est due, le programme de changement démocratique, seul en mesure de libérer l’homme syrien de l’arbitraire, de la corruption et du terrorisme.

A l’invitation du «Conseil Égyptien des Affaires Étrangères», un collectif de forces politiques et de personnalités patriotiques syriennes s’est réuni du 22 au 24 janvier 2015 au Caire, en vue de procéder à un échange de vue sur les questions décisives concernant la Syrie afin de dégager une vison claire, de même qu’une feuille de route reflétant le plus largement possible les vues de l’opposition en vue d’unifier les efforts visant à réactiver la solution politique, conformément au «Communiqué de Genève» et les résolutions des Nations unies y afférentes.

Après avoir passé en revue les projets soumis à discussion, préalablement à la réunion, de la part des forces politiques et des personnalités patriotiques, les participants se sont appliqués à dégager un dénominateur commun en vue d’aménager les conditions d’une action concertée et d’une démarche collective pour sauver le pays.

Les participants sont convenus de l’importance des mesures pratiques à mettre en œuvre avec les diverses composantes de l’opposition syrienne, sur une base unifiée, en ce que l’option politique doit reposer sur des principes fondamentaux, essentiellement:

– La préservation de l’unité de la Syrie et de son peuple, de même que l’intégrité de son territoire.

– La préservation de l’État syrien dans toutes ses institutions par la mise en œuvre de l’accord de Genève, notamment l’article concernant la création d’une instance dirigeante transitoire mixte dotée de la plénitude des pouvoirs, dont l’objectif est de superviser la transition démocratique du pouvoir, assortie de garanties internationales, dans le cadre d’une période déterminée et des dix points suivants :

1- L’objectif de la phase de négociation est la transition vers un régime démocratique et un état civique doté de la souveraineté, en mettant l’accent sur le fait que le règlement en Syrie est nécessairement une solution politique à soubassement patriotique.

2- Accord sur un Contrat Social et une Charte Nationale, fondements de l’état démocratique moderne, à l’effet de garantir les libertés politiques et les droits civiques, fondé sur le principe de la con-citoyenneté, de l’égalité entre les syriens dans les droits et obligations, de même que l’égalité entre les deux sexes et la garantie des droits de la totalité des composantes nationales du peuple syrien dans le cadre de la décentralisation administrative.

3- Tout règlement politique réaliste nécessite une caution internationale et régionale, ainsi qu’un vaste consentement populaire; ce qui implique un règlement historique qui reflète les aspirations du peuple syrien et sa révolution.

Un tel règlement doit se fonder sur le «Communiqué de Genève», assorti de garanties internationales clairement affirmées, nonobstant les diverses démarches internationales visant à la conclusion d’un tel règlement, qui sont également les bienvenues.

4- La désunion de l’opposition et de ses efforts a constitué un facteur négatif et un motif de prolongation du conflit. L’unité de l’opposition et la conjugaison de ses efforts s’imposent, dans ce contexte, comme un devoir national et une revendication nationale.

5- La mise en route du processus politique implique la mise en œuvre préalable de mesures nécessaires qui exigent de tous ceux qui soutiennent le règlement politique d’agir de manière concertée en vue d’obtenir la libération de tous les prisonniers et prisonnières, des otages (hommes et femmes), assorti de l’engagement de respecter le Droit Humanitaire International; de mettre un terme aux crimes de guerre, au bombardement des civils et à leur privation des conditions de vie élémentaires; de même à assurer leur ravitaillement en produits alimentaires et en médicaments dans les zones assiégées. L’action concertée dit également viser à la levée des sanctions économiques qui portent atteinte à la vie des citoyens et à créer les conditions du retour des personnes déplacées ou émigrées.

6- Un accord de principe entre les divers protagonistes syriens doit intervenir pour mettre un terme à la présence militaire non syrienne, quelque soit leur pays de provenance ou son camp de ralliement,en considération du fait que la présence de combattants non syriens a démultiplié l’ampleur de la catastrophe, détruit l’unité du tissu social syrien, en privant les syriens de la responsabilité de résoudre directement leur conflit.

7- La réalisation d’un règlement négocié implique de toutes les parties qu’elles souscrivent au principe de conférer à l’état le monopole de la détention des armes. Ce qui nécessite une restructuration de l’institution militaire et sécuritaire et la fusion des forces militaires de l’opposition participant au règlement politique en son sein de manière à faire évoluer sa mission en mission de protection de l’indépendance et de la souveraineté de l’état et la protection de la dignité et de la sécurité des citoyens syriens.

8- Réclamer de la légalité internationale d’assumer ses responsabilité afin de tarir les sources du terrorisme. Réclamer de tous les états le respect des résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU concernant la lutte contre le terrorisme, particulièrement les deux résolutions 2170 et 2178.

9- Le règlement politique -qui garantit une transformation démocratique, radical et complet, qui criminalise la violence et le confessionnalisme -, est la condition objective pour créer une dynamique visant à mobiliser les syriens en vue de combattre les groupements terroristes déployés en Syrie et qui menacent son présent et son avenir.

Le communiqué précise enfin la tache impartie aux participants de la réunion de janvier. A savoir:

10- La préparation à un congrès national syrien se tenant au Caire, au printemps prochain, ainsi que la constitution d’une commission chargée du suivi des contacts avec les composantes de l’opposition syrienne, préalablement à la tenue de la conférence, faire le point des résultats de la rencontre du Caire en liaison avec des parties arabes régionales et internationales en vue de parvenir à un règlement politique souhaité conformément au «Communiqué de Genève».

Victoire au grand peuple syrien dans son combat à atteindre les objectifs de liberté, de démocratie et de dignité.

Gloire aux martyrs

24 janvier 2015

Document

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Madaniya - Civique et citoyen. Madaniya s'honore de la responsabilité d'abriter au sein de sa rédaction des opposants démocratiques en exil, des rechercheurs, des écrivains, des philosophes en provenance d'Afrique, des pays du golfe, du Moyen-Orient, et d'Amérique latine, dont la contribution se fera, pour ceux qui le souhaitent, sous le sceau de l'anonymat, par le biais de pseudonyme.

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5 commentaires
  • antakli jean claude 26 janvier 2015 à 0h05

    « La nuit du 7 Janvier au matin du 8 Janvier 2015 »
    Je ne suis pas Charlie. Je suis Syrien.
    Je ne suis pas Charlie, mais je suis Syrien depuis 4 ans, soit 48 mois.
    Je ne cherche pas la provocation, je cherche le pourquoi ?
    Je ne cherche pas l’originalité, mais je dois répondre à l’enfant syrien.
    Il m’a écrit hier ceci : on a tué mon père, on a tué ma mère, on a tué ma sœur.
    Et personne en France n’a parlé de mon père, ni de ma mère, ni de ma sœur.
    Pourquoi ne m’a-t-on pas appris à dessiner !
    Je ne suis pas Charlie, mais nous sommes cent cinquante mille syriens.
    Victimes de cent cinquante mille Mohamed Merah, Kouachi, Kardawi et compagnies.
    J’ai répondu à cet enfant que l’Occident était aussi coupable que l’Orient.
    Je n’ai pas pu lui promettre un monde meilleur, car sa famille était ce monde meilleur.
    Je lui ai dit que j’étais comme son papa, un syrien.
    Un Syrien qui avait choisi la France à vingt ans.
    Un Syrien qui pleure sur la Syrie, un Syrien qui pleure sur Charlie.
    Un Syrien qui veut la vérité, un Français qui dénonce les responsabilités.
    Oui je pleure sur la France avec les mêmes larmes, qui sont syriennes.
    Depuis 40 ans je n’ai cessé d’écrire, aux grands d’Occident et d’Orient.
    Voix dans le désert, dans cette Eglise de France qui n’a que le nom !
    Il y a 10 ans dans une lettre ouverte à Dominique de Villepin 1er Ministre.
    Je le mettais en garde contre la libanisation de notre société française.
    Aujourd’hui, c’est trop tard, et je pleure sur les familles de Charlie.
    Pourtant que la montagne est belle, comment peut-on imaginer.
    En voyant un vol d’hirondelles que les Printemps arabes sont arrivés !
    Quand on voit que ce sont les vautours qui sont déplacés.
    On comprendra que la guerre ne fait que commencer.
    Oui je suis syrien depuis toujours, oui je suis français de tout cœur.
    Les mots, les indignations, les émotions, les défilés faux ou vrais.
    N’effaceront jamais l’ignominie, les mensonges, les convoitises, et les trahisons !
    Il est venu le temps de la Révolution, de la liberté, de la vraie fraternité.
    Il est venu le temps de dire aux anciens prédicateurs de la politique ou de la religion :
    Dégagez, laissez la place aux jeunes, ils sont capables de vous surpasser…JCA.

  • Enchanté d’apprendre que l’opposition démocratique syrienne existe encore.
    Combien de divisions ?
    S’agit-il des héritiers des opposants 5 étoiles ?
    Comment la transition démocratique qu’elle souhaite se situe-t-elle par rapport aux syriens de Syrie qui, à défaut de mieux, ont voté pour une constitution, puis pour le président Assad ?
    Et par rapport à la position française qui accuse le « régime » d’avoir empoisonné son propre peuple (épisode sarin, mis en avant quand Hollande voulait bombarder Damas), ou d’être responsable du développement de la Daèche ? Cette dernière accusation, reprise récemment encore par le représentant de la République au conseil de sécurité de l’ONU, Monsieur François DELATTRE, suffit-elle à contrebalancer les crimes français en Syrie au regard de la charte de l’ONU ?

    • Réponse à CHB
      Désolé Monsieur, je n’ai pas l’habitude de me gargariser de paroles verbales. je pèse mes mots et mes mots ont un sens. J’en parle en connaissance de cause. L’opposition démocratique syrienne existe. Sur le terrain. Je le la citerai pour vous obliger à faire des recherches par vos propres moyens. Elle a le grand avantage moral est de ne pas être mercenaire, non inféodée à aucune puissance. Elle jouit d’un grand prestige et j’en parle en connaissance de cause; Croyez moi le voeu le plus cher du tandem François Hollande Laurent Fabius est de se raccrocher à elle pour sauver la mise et à Bachar Al Assad est de nouer dialogue avec elle pour se donner un ballon d’oxygène.
      Les Russes, les Norvégiens qui viennent de dépêcher à Beyrouth un religieux arabe de rite évangélique pour renouer le fil de dialogue, de même que l’Egypte, l’Iran et le Hezbollah, des vrais connaisseurs, eux, de la zone, en savent quelque chose et poussent au dialogue et à une sortie de crise. La France alliée de la grande démocratie turque ont entravé un règlement politique du blocus d’Alep, dans une permanente fuite en avant.
      « Tu peux mentir tout le temps à une partie du Monde , mentir partiellement à l totalité du Monde, mais tu ne peux mentir tout le temps à tout le Monde ». La France est dans cette situation. pitoyable situation. et vous ne vous laissez pas aveugler par votre fougue

      • Monsieur Naba, j’ignorais que vous étiez le rédacteur de cette nouvelle. J’aurais eu, le sachant, plus confiance dans la fiabilité du comité du Caire évoqué.
        Vous pardonnerez ma « fougue » et surtout ma méfiance, vu le massacre depuis 2011, vu le soutien franco-otanien aux improbables « Amis du Peuple » & ASL rebelles devenus terroristes, vu la propagande qui a laissé détruire le pays, vu nos jeunes fourvoyés en « jihad » mais promis à la prison… Vous avez d’ailleurs beaucoup contribué à décrypter le Jeu mortifère derrière les prétentions humanitaro-démocratisantes de nos chancelleries.
        Mes questions sont donc moins angoissées, mais je les maintiens, en espérant que demain sera plus paisible. 4 ans déjà !

  • Ma « fougue » me conduit à apprécier nettement plus les positions de proches du « régime » syrien que ceux des Kerry, Fabius ou Ghalioune. Ainsi de celui-ci, qui a à mes yeux toutes les apparences de la sincérité :
    Entretien avec Bouthaina Chaabane dans l’ombre de bachar el-assad, http://www.comite-valmy.org/spip.php?article5592. Evidemment, ces gens de pouvoir se font leur propre pub en minimisant des aspects moins glorieux, et leurs options politiques ne me plaisent pas tant que ça. Je leur reconnais au moins d’être du côté de la résistance, et tout à fait légitimes, et courageux en face de la surpuissante coalition « du Bien » si proche du mal, quand ça l’arrange.