Qatar : Extension du domaine du mercenariat au champ diplomatique

Qatar : Extension du domaine du mercenariat au champ diplomatique 938 400 René Naba

Dernière mise à jour le 25 septembre 2019

Genève, 19.02.15 – Jusque là réservé au domaine sportif, le Qatar a étendu le mercenariat au domaine diplomatique gangrenant l’une des plus illustres institutions internationales : Le Conseil des Droits de l’Homme, selon des informations recueillies par www.madaniya.info à Genève, en marge d’un colloque sur « Média et Terrorisme » organisé par  Global Network Research and Development (GNRD), une organisation non gouvernementale  norvégienne.

Le Qatar a siégé au sein de cette instance d’une manière discontinue pendant deux mandats et  et son mandat est venu à expiration fin 2014. Ayant semble-t-il pris goût à la parade diplomatique, le nouvel émir du Qatar, le Prince Tamim, tant vanté par la presse internationale pour son modernisme à sa prise de fonction en juin 2013, a voulu prolonger son plaisir.

Comme avec le Paris Saint Germain (PSGFC, club parisien de  Football), comme surtout avec la coupe du monde de Football de 2022, comme avec son équipe nationale de Handball, le crésus du Qatar a pioché dans la caisse… et le hasard lui a offert un état africain désargenté… sur un plateau d’argent.  On ne change pas les habitudes qui font leur preuve.

Le Conseil des droits de l’homme est un organe intergouvernemental du système des Nations Unies, composé de 47 états qui ont la responsabilité de renforcer la promotion et la protection des droits de l’homme autour du globe. « Toutes les victimes de violations des droits de l’homme devraient être en mesure de se tourner vers le Conseil des droits de l’homme comme un forum et un tremplin pour l’action. » ((Ban Ki-moon, Secrétaire général des Nations Unies, 12 mars 2007, ouverture de la 4ème session du Conseil des droits de l’homme)).

Le règlement intérieur de cette auguste instance prohibe à un état ayant accompli deux mandats successifs de trois ans, -soit un total six ans-, de postuler pour un troisième mandat. Le Qatar a fait preuve d’innovation juridique en créant le statut de membre permanent d’une instance internationale relevant de l’ONU… par extension du champ du mercenariat corrélativement au champ de la corruption.

A moins que les dirigeants de cette auguste instance n’ait voulu primer un pays qui s’est distingué par son traitement humanitaire des travailleurs immigrés des chantiers du Mundial, ou le récompenser pour avoir séquestré une équipe d’enquêteurs népalais venus s’enquérir au Qatar du sort de leurs compatriotes, ou encore lui concéder une prime d’encouragement pour son rôle désintégrateur des pays arabes (Libye, Syrie), lors de la séquence dite du « printemps arabe » (2011-2014), ou pour son rôle déstabilisateur du pré carré africain de la France, au Mali, via Ansar Eddine, ou enfin d’avoir ordonné la déchéance arbitraire de nationalité à 5.258 ressortissants qataris, sans motiver réellement sa décision; une décision apparue comme une mesure de châtiment collectif prise à l’encontre de la tribu « Al Ghofrane », dont la signification en arabe est, paradoxalement, le pardon, membre de la confédération tribale d’« Al Mari ».

La déchéance de nationalité du Qatar a entraîné ipso facto une déchéance humaine de la tribu en ce qu’elle s’est assortie d’une perte d’emploi et d’une perte du logement, avec privation de salaires et interdiction d’accès aux soins et à l’éducation, et, cerise sur le gâteau, interdiction de contracter mariage faute de pièces d’identité.

La condition des travailleurs étrangers : le Qatar, état négrier ?

Amnesty International a publié en 2014 un rapport sur les conditions de travail effroyables des nombreux étrangers de l’émirat, notamment sur les conditions de vie des ouvriers du chantier de la Coupe du monde football, en 2022, où près d’un millier de travailleurs y ont péri. L’organisation  népalaise « Proissy » assure, de son côté, que « plus  de quatre cents ouvriers du bâtiments sont morts sur les chantiers de la coupe du monde du Qatar », qui devrait abriter la Coupe du Monde 2022.

Le rapport publié le 17 Février 2014 sur le site en ligne « Ar Rai Al Yom », le nouveau site de l’ancien directeur d’Al Qods al Arabi, Abdel Bari Atwane, précise que les népalais représentent vingt pour cent des travailleurs immigrés opérant sur les chantiers du Qatar. http://www.raialyoum.com/?p=53211

Sénilité précoce ? Gangrène morale exacerbée ? La vénérable institution chargée de veiller aux respect des Droits humains n’a pas jugé bon à redire…. ni sur ce mercenariat diplomatique d’un genre nouveau, ni sur la déchéance arbitraire de nationalité de plus de cinq mille qataris, ni non plus sur la condition des travailleurs immigrés au Qatar.

Pas plus que la France, la « Patrie des Droits de l’homme », ni les Etats Unis, le fer de lance des « grandes démocraties occidentales ».

Ainsi périssent les grandes démocraties….. de leurs propres infractions à leurs grands principes.

René Naba

Journaliste-écrivain, ancien responsable du Monde arabo musulman au service diplomatique de l'AFP, puis conseiller du directeur général de RMC Moyen-Orient, responsable de l'information, membre du groupe consultatif de l'Institut Scandinave des Droits de l'Homme et de l'Association d'amitié euro-arabe. Auteur de "L'Arabie saoudite, un royaume des ténèbres" (Golias), "Du Bougnoule au sauvageon, voyage dans l'imaginaire français" (Harmattan), "Hariri, de père en fils, hommes d'affaires, premiers ministres (Harmattan), "Les révolutions arabes et la malédiction de Camp David" (Bachari), "Média et Démocratie, la captation de l'imaginaire un enjeu du XXIme siècle (Golias). Depuis 2013, il est membre du groupe consultatif de l'Institut Scandinave des Droits de l'Homme (SIHR), dont le siège est à Genève et de l'Association d'amitié euro-arabe. Depuis 2014, il est consultant à l'Institut International pour la Paix, la Justice et les Droits de l'Homme (IIPJDH) dont le siège est à Genève. Editorialiste Radio Galère 88.4 FM Marseille Emissions Harragas, tous les jeudis 16-16H30, émission briseuse de tabous. Depuis le 1er septembre 2014, il est Directeur du site Madaniya.

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8 commentaires
  • Version espagnole du texte « Qatar: Extension du domaine du mercenariat au champ diplomatique
    à l’attention du lectorat hispanophone de http://www.madaniya.info
    http://www.elcorreo.eu.org/Quatar-Ampliacion-del-terreno-del-mercenariato-al-campo-diplomatico
    Quatar: Ampliación del terreno del mercenariato al campo diplomático
    René Naba – Traducción Susana Merino
    Reservado hasta ahora al territorio deportivo, Qatar ha hecho extensivo el mercenariato al campo diplomático, gangrenando una de las más ilustres instituciones internacionales: el Consejo de los Derechos del Hombre, según informaciones recogidas por http://www.madaniya.info en Ginebra, en oportunidad de un coloquio sobre “Medios y Terrorismo” organizado por el Global Network Research and Development (GNRD) una organización no gubernamental noruega.
    Qatar ha sido sede de esa institución durante dos mandatos aunque de modo discontínuo y el último finalizó en el 2014. Y puesto que parece haberle tomado el gusto a la función diplomática el nuevo Emir de Qatar el príncipe Tamim, tan elogiado por la prensa internacional por su modernismo cuando asumió sus funciones en junio de 2013, ha querido prolongar su placer.
    Igual que con Paris Saint Germain (PSGFC, club parisino de fútbol) y sobre todo como con la copa de fútbol del 2022, como con su equipo nacional de Handbol, el creso de Qatar ha hurgado en la caja…y la fortuna le ha ofrecido un estado africano sin plata …pero sobre una bandeja de plata. No se cambian las costumbres que han dado buen resultado.
    El Consejo de los Derechos del Hombre es un órgano intergubernamental del sistema de Naciones Unidas, integrado por 47 estados que tienen la responsabilidad de fortalecer la promoción y la protección de los derechos humanos en todo el planeta. “Todas las víctimas de las violaciones de los derechos humanos deberían tener la posibilidad de dirigirse al Consejo de los derechos humanos como a un foro o un trampolín para la accion” (Ban Ki-moon, Secretario de las Naciones Unidas, 12 de marzo de 2007, en la apertura de la 4ª sesión del Consejo de los Derechos Humanos).
    El reglamento interno de esta importante instancia prohibe a todo estado que haya cumplido dos mandatos sucesivos de tres años – es decir un total de seis años- postularse para un tercer mandato. Qatar ha querido realizar una innovación jurídica creando una situación de miembro permanente en una instancia internacional dependiente de la ONU… y por extensión del territorio del mercenariato y correlativamente al territorio de la corrupción.
    A menos que los dirigentes de esta augusta instancia no hayan querido premiar a un país que se distinguió por su trato humanitario a los trabajadores inmigrados de la obra del Mundial, o recompensarle por haber secuestrado a un equipo de encuestadores nepaleses, que habían llegado a Qatar para investigar la suerte corrida por sus compatriotas, o mejor aún concederle un premio al valor por su papel desintegrador de los países árabes ( Libia, Siria), en oportunidad de la llamada “primavera árabe” (2011-2014) o por su papel desestabilizador en el terreno francés de Mali, a través de Ansar Eddine o tal vez por haber ordenado la cancelación arbitraria de la nacionalidad de 5250 ciudadanos qataris, sin aparentes motivos para esa decisión: una decisión que pareció ser una medida de castigo colectivo a la tribu “Al Ghofrane”, cuyo nombre en árabe paradojalmente significa perdón, miembro de la confederación tribal “Al Mari”. La inhabilitación de la nacionalidad Qatar ha provocado ipso facto una inhabilitación humana de la tribu lo que le ha significado la pérdida de empleos, la de viviendas, la privación de salarios y la prohibición de acceder al cuidado de la salud y a la educación y como frutilla del postre la prohibición de contraer matrimonio por carecer de documentos de identidad.
    La condición de los trabajadores extranjeros: ¿es negrero Qatar?
    Amnesty International publicó en 2014 un informe sobre las espantosas condiciones de trabajo en que se desempeñan muchos extranjeros en el emirato, especialmente por las condiciones de vida de los obreros de las construcciones de la Copa del Mundo de fútbol de 2022, en las que ya han muerto unos mil trabajadores. La organización nepalesa “Proissy” asegura por su parte que “más de cuatrocientos obreros de la construcción han muerto en las obras de la copa del mundo en Qatar” que debería realizarse en 2022.
    El informe publicado el 17 de febrero de 2014 sobre el sitio Internet “Al Rai Al Yom”, el nuevo sitio del viejo director de Al Qods al Arabi, Abdel Bari Atwane, expresa que los nepaleses representan el 20% de los trabajadores inmigrantes que trabajan en las obras de Qatar (Leer en árabe: http://www.raialyoum.com/?p=53211)
    ¿Senilidad precoz? ¿Gangrena moral exhacerbada? La venerable institución responsable de velar sobre los Derechos Humanos no ha juzgado oportuno opinar…ni sobre este mercenarismo diplomático de una nueva especie, ni sobre la arbitraria caducidad de la nacionalidad de más de cinco mil qataris, ni sobre la condiciones de los trabajadores inmigrantes en Qatar. Tampoco Francia “la patria de los Derechos Humanos”, ni los EEUU, la punta de lanza de las “grande democracias occidentales”
    Así mueren las grandes democracias … por las propias infracciones a sus grandes principios