Dernière mise à jour le 9 mars 2015
Extraits du parcours d’une djihadiste saoudienne en Syrie. De l’embauche à la débauche, à la rédemption par le djihad al Nikah (djihad du sexe) – Par Samar al Moqren
Texte paru dans le quotidien saoudien Al Jazirah le 19 novembre 2014. Adaptation version française par René Naba.
Jeune et jolie tige de 15 ans, la post adolescente est arrivée à Riyad en provenance d’un village modeste, munie des documents attestant son embauche au sein d’un établissement mixte, employant hommes et femmes d’Arabie saoudite et d’ailleurs, des pays arabes et des pays occidentaux.
Évoluant dans un monde de mixité, qui plus est aussi rigoriste que l’Arabie saoudite, elle songea, à tort, que les interdits religieux qui corsetaient le pays, étaient abolis. Elle prit son aise et son père en perdit la raison. Le pater familias, son autorité bafouée de même que son honneur, voulut sur le champ la ramener manu militari sur le droit chemin.
Futée, la guêpe saisit la justice demandant de changer de confession. Le juge saisi d’émotion devant une jeune fille par définition supposée sans défense, fit droit à sa requête. Il ordonna la fin de la tutelle paternelle se l’appropria, la tutelle et non la fille.
Confondant liberté et libertinage, elle vécut ainsi sur une fausse impression de la liberté et en paya le prix par sa mutation, à titre disciplinaire, à des postes moins valorisant, dans des emplois sans contact direct avec les usagers du service ou même avec le public. Un cloître pour une personne aux mœurs volatiles, un personnage volage, sans la moindre retenue ni éducation de base.
Un homme s’aventura à l’épouser pour la satisfaction de ses pulsions, chose courante dans un pays de grande frustration. Ses désirs assouvis, il la répudia.
La métamorphose sur le chemin de Damas
Quatre ans après ses mésaventures, alors qu’elle était frappée d’une mesure d’isolement bureaucratique, elle se métamorphosa, d’une manière radicale, aux antipodes de sa vie antérieure : Elle apparut un jour sur son lieu de travail, toute de noir vêtue, de pied en cape, suscitant l’étonnement des uns et la joie des autres, tout heureux que leur collègue aient retrouvé le droit chemin.
Tout à trac, elle leur annonça alors qu’elle s’était mariée à un homme bon et pieux, prenant le rang de 4me épouse de ce polygame. Sur son lieu de travail, elle déploya un discret travail de prosélytisme religieux, cherchant à enrôler des collègues au sein d’une organisation terroriste dénommée « Fakoul Al Ani ».
Quelques temps plus tard, elle disparut et envia une lettre de démission spécifiant qu’elle ne pouvait supporter de vivre dans un environnement impie et renégat. Des collègues la reconnaîtront ultérieurement sur des vidéos annonçant son arrivée à « Bilad Al Cham » (Syrie) et son ralliement aux combattants djihadistes, promettant de revenir en Arabie , « à la tête d’un char en vue de libérer le lieu des deux lieux saints de l’islam ».
Bon nombre de témoignages en ma possession sur des cas similaires conduisent à dresser le constat suivant : Quiconque rallie les formations terroristes relève d’un groupement pathologique agressif, animé d’ambitions de pouvoir, vivant dans un monde virtuel, déconnecté de la réalité, s’imaginant disposer d’un état, d’une hiérarchie, d’un commandement, de chefs, en somme des nombrilistes se vivant comme le centre du monde.
Quant aux femmes, elles se sont rendues en Syrie pour compenser une frustration affective, s’enrôlant dans les rangs des Moujahiddine, se vouant et se dévouant au repos du guerrier moudjahid en assouvissant leur besoin du djihad…..par le sexe (Djihad Al Nikah) dans un monde irréel qui ouvre grandes ses portes à tous les fous et déséquilibrés.
La fuite des femmes saoudiennes vers le Yémen
Additif au précédent récit, cet article sur e même thème paru dans le journal trans arabe «Al Hayat» le 12 juillet 2014 signé du correspondant du quotidien à Djeddah, Inad al Oteiby : sous ce lien
Fuite des femmes saoudiennes vers le Yémen : mariage et combat dans la base du dépérissement (Qaidat Al Hallak), un jeu de mot par référence à Al Qaida qui a fait du Yémen une de ses plate formes opérationnelles
….« La vie et la mort sont deux voies inconciliables, sauf pour les saoudiennes qui ont opté pour la fuite vers le Yémen. Certaines d’être elles ont fait le choix de la mort au prétexte du djihad dans la base de dépérissement, Qaidat al Hallak, qui a fait du Yémen sa base de combat.
« Sous prétexte d’un faux sentiment d’amour ont franchi la frontière en compagnie de leurs amants en vue de contracter mariage au delà des frontières.
-Wafa Al Shihri, la pionnière.
La pionnière en la matière a été Wafa Al Shihri, la première et la plus célèbre des femmes à avoir emprunté ce chemin. Dénommée Haygar Al Azédi, elle a mis à profit la fameuse tempête de sable qui plongé, en 2009, Riyad, en plein jour, dans l’obscurité la plus totale, pou s’échapper en compagnie de la grande dame d’Al Qaida Mayla Al Qassir pour rejoindre son époux, Said al Shihri, adjoint au chef d’Al Qaida au Yémen, tué aux combats en 2013.
Elle sera suivie par Wafa Yehya en compagnie de ses enfants, puis par Arwa Baghdadi, en compagnie, elle, de ses enfants, son frère et de sa belle sœur. Un chemin qu’emprunteront par la suite May Al Tolq et Amina Al Rached, en compagnie de six enfants, appâtés pour leur transfert vers le Yémen par la perspective du mariage.
Les opérations d’exfiltration des saoudiennes vers le Yémen se sont faites par l’intermédiaire des non saoudiens, des nationaux arabes. Ainsi en mars 2013, une étudiante saoudienne originaire de la région de Khamis Machit, a été interceptée alors qu’elle s’apprêtait à se rendre au Yémen, suite à l’arrestation de cinq passeurs de diverses nationalités arabes, dont le chauffeur de bus qui la transportait vers l’université.
Le même mois, une saoudienne a tenté de franchir la frontière avec le Yémen en compagnie d’un homme marié qui lui avait promis le mariage, une fois la frontière franchie, en dépit de ses liens conjugaux. En avril 2014, enfin, un yéménite d’âge mûr a tenté de mettre le grappin sur une jeune saoudienne de vingt ans, en vue de la transférer vers le Yémen et l’affecter aux combattants d’Al Qaida.
L’étouffoir saoudien génère des fugueuses de tous acabits, tous azimuts en ce que les voies du Djihad Al Nikah peuvent emprunter divers chemins aussi bien vers le nord, la Syrie, que vers le sud, le Yémen, que vers l’Ouest où la sœur du prince Walid Ben Talal, Sara Bint Talal, une princesse de sang royal a quêté l’asile politique pour mettre à l’abri sa fortune et sa personne.
A propos
Samar al Mogren : Journaliste et romancière de l’Arabie Saoudite, Samar a participé à plusieurs stages de formation aux droits de l’Homme et droits des femmes au Yémen, Bahreïn, les Émirats Arabes Unis (EAU) et l’Égypte. Auteure de deux livres : « Révolution d’un peuple, Révolution d’une confession» (2012) et «Les femmes de l’interdit ». www.salmogren.net
Illustration
(REUTERS/Suhaib Salem)
Je
pri pour la paix dans le monde ,mais la protection de larabi saoudite est un devoir pour tout le monde je felisite le président maki Salm et je l’ encourage très bien