Bilan Média de l'offensive « Bordure protectrice » à Gaza

Bilan Média de l'offensive « Bordure protectrice » à Gaza 938 400 René Naba

Dernière mise à jour le 22 janvier 2024

Paris – Quinze journalistes journalistes et opérateurs médias ont été tués durant l’opération israélienne « Bordure protectrice » contre Gaza (Juillet-Août 2014), et 8 médias détruits, selon une recension faite par le PEC (Press Emblem Campaign), une organisation non gouvernementale basée à Genève et dotée d’un statut consultatif spécial auprès des Nations Unies.

En outre, de nombreux journalistes ont été blessés par les attaques israéliennes. Les maisons de 16 d’entre eux ont été détruites (souvent délibérément ciblées), et huit médias ont été bombardés. L’armée israélienne a également interrompu la diffusion de chaînes de télévision et de radio ainsi que des sites de médias, ajoute cette organisatipn fondée en 2004 par des journalistes de divers pays, dont la mission est la protetion des journalistes en zone de conflit.

Parallèlement, toujours selon le PEC, 2 journalistes et 3 opérateurs média ont été tués au Pakistan, en Août 2014 et 7 journalistes en Irak, en 2014, portant à 49, le nombre des journalistes disparus depuis 2009 dans ce pays.

Le manque de protection accordée aux travailleurs des médias dans le conflit le plus longue est très préoccupant ; il représente une escalade sans précédent des violations contre les journalistes par les forces israéliennes d’occupation (FIO) en Cisjordanie observées au cours des dernières années. Les violations israéliennes contre les journalistes palestiniens sont les plus dangereux, mettant fréquemment leu vie en danger, poursuit le communiqué.

La Presse Emblème Campagne (PEC) dénonce le harcèlement contre les journalistes et les professionnels des médias ainsi que la campagne de dénigrement de la diplomatie israélienne contre des journalistes étrangers faussement accusés de travailler pour le Hamas qui mène à une forme sournoise de l’auto-censure.

La PEC déplore également les méthodes employées par les autorités du Hamas et de leurs représentants contre les visites de journalistes internationaux dans la bande de Gaza au cours du mois passé. Les journalistes étrangers qui travaillent dans la bande de Gaza ont été harcelés, menacés ou mis en suspicion sur des histoires ou des informations qu’ils ont rapportés.

Selon PEC, l’armée israélienne a détruit 8 médias dans la bande de Gaza. 5 d’entre eux ont été délibérément visés, à savoir : le siège 3 d’Al-Aqsa TV et Canal Satellite, le bureau de l’Agence Alwataniya pour les médias, et les locaux de la télévision Al-Jazeera. 2 médias ont été touchés indirectement, le premier par le bombardement d’un immeuble voisin, le second par le bombardement du bâtiment à l’intérieur duquel la sortie a été localisé.

Trois sièges d’Al-Aqsa TV et Canal Satellite (où 325 journalistes, professionnels des médias, les programmeurs et les employés travaillent) ont été bombardés, ainsi que l’Agence Al Wataniya pour les médias (où 35 journalistes et employés étaient présents). Le bureau de la télévision Al-Jazira a été bombardé un jour après que le ministre israélien des Affaires étrangères Avigdor Lieberman a menacé de fermer le bureau d’Al-Jazira. La destruction de la station de radio Forsan Al-Hourriya résulte de la bombardements d’une maison voisine. Le bombardement d’un bâtiment où se trouvait la radio Sawt Al-Watan a causé des dommages matériels et les employés blessés.

En plus de bombardements et la destruction des médias, l’armée d’occupation israélienne a délibérément perturbé la diffusion de 7 stations de radio et de télévision et des sites Web, et a utilisé ces stations de diffuser incitation messages contre la résistance palestinienne, comme ils le faisaient dans leurs attaques précédentes sur la bande de Gaza . Les stations et les sites de radio suivants ont été ciblés : Al-Aqsa radio, radio Sawt Al-Quds, Al-Sawat Sha’eb, Filistin Il-Yom télévision et un site web, site Al-Ra’ei.

Le grand nombre de cibles et la manière dont les médias et les journalistes ont été attaqués par l’armée israélienne suggèrent qu’une stratégie a été finalisée au plus haut niveau de l’Etat d’Israël. Cibler les non-combattants est elle-même un crime de guerre qui, en tant que telle, ne doit pas bénéficier de l’impunité, conclut le communiqué.

La Presse Emblème Campagne

La PEC est née en 2003 en réaction aux violations du droit de la presse survenues durant la guerre en Irak. L’assassinat et l’enlèvement de nombreux journalistes dans ce pays a été l’un des éléments déclencheurs, de même que, de manière plus générale, le nombre de plus en plus élevé de journalistes tués, agressés, harcelés, empêchés de faire leur métier dans le monde. Des facteurs structurels ont aussi motivé sa création : la prolifération des acteurs sur le terrain, qui rend les procédures d’identification plus complexes, le non-respect généralisé de la protection dont devraient bénéficier les civils en toutes circonstances et le non-respect des règles du droit humanitaire, la multiplication des nouveaux médias, et donc du nombre des journalistes, avec des problèmes de crédibilité et de neutralité, et, conséquence de ces facteurs, les difficultés croissantes des journalistes à se déplacer librement, donc à témoigner et à enquêter dans différents contextes. La profession se heurte à des problèmes d’accès à l’information dans de nombreux pays, problèmes qui l’empêchent de remplir sa mission d’information.

Organisation non gouvernementale, à but non lucratif, totalement indépendante, elle a été fondée par un groupe de journalistes professionnels. Son but est exclusivement humanitaire : la défense des opérateurs médias – tous métiers confondus – et, partant, renforcer le droit du public à l’information, qui repose sur la liberté de mouvement et d’enquête des journalistes.

Bien que basée à Genève, capitale du droit humanitaire, elle n’est pas une organisation exclusivement suisse : les membres de son conseil appartiennent à plusieurs nationalités, de pays du Nord comme du Sud. La PEC est complètement neutre sur les plans politique et religieux.

La PEC et Reporters sans frontières, la Fédération internationale des journalistes, les associations nationales, le CICR ?

La PEC est un réseau d’associations de journalistes et une organisation à but exclusivement humanitaire, pas un syndicat ou une association de défense professionnelle, comme les associations nationales ou la FIJ. La PEC ne s’occupe pas de négocier les conditions de salaires des journalistes avec les employeurs. Elle ne s’occupe pas du dialogue avec les éditeurs, des conditions de travail dans les rédactions. À la différence de Reporters sans frontières et d’autres organisations défendant la liberté d’expression, la PEC est un réseau de journalistes dont le but spécifique est d’élaborer un traité juridiquement contraignant pour protéger les journalistes en zone de conflit.

Pour aller plus loin sur ce sujet

http://www.liberation.fr/monde/2014/09/12/nous-reservistes-de-l-unite-8200-refusons-de-participer-aux-actions-d-israel-contre-les-palestiniens_1098358

Illustration

Journalistes observant les bombardement sur Gaza d’une colline près de Sderot. « Opération bordures protectrices » 2014.

René Naba

Journaliste-écrivain, ancien responsable du Monde arabo musulman au service diplomatique de l'AFP, puis conseiller du directeur général de RMC Moyen-Orient, responsable de l'information, membre du groupe consultatif de l'Institut Scandinave des Droits de l'Homme et de l'Association d'amitié euro-arabe. Auteur de "L'Arabie saoudite, un royaume des ténèbres" (Golias), "Du Bougnoule au sauvageon, voyage dans l'imaginaire français" (Harmattan), "Hariri, de père en fils, hommes d'affaires, premiers ministres (Harmattan), "Les révolutions arabes et la malédiction de Camp David" (Bachari), "Média et Démocratie, la captation de l'imaginaire un enjeu du XXIme siècle (Golias). Depuis 2013, il est membre du groupe consultatif de l'Institut Scandinave des Droits de l'Homme (SIHR), dont le siège est à Genève et de l'Association d'amitié euro-arabe. Depuis 2014, il est consultant à l'Institut International pour la Paix, la Justice et les Droits de l'Homme (IIPJDH) dont le siège est à Genève. Editorialiste Radio Galère 88.4 FM Marseille Emissions Harragas, tous les jeudis 16-16H30, émission briseuse de tabous. Depuis le 1er septembre 2014, il est Directeur du site Madaniya.

Tous les articles de René Naba