France / Syrie : Le bal des hypocrites

France / Syrie : Le bal des hypocrites 938 400 René Naba

Dernière mise à jour le 25 septembre 2019

Les sanctions de Jean Christophe Cambadélis contre Gérard Bapt….. du Pipeau

Paris 26.02.15 – Le tollé suscité en France par la visite d’une délégation parlementaire française en Syrie, dont trois membres ont rencontré le président Bachar Al Assad, a constitué, -quoi que l’on dise, quoi que l’on fasse-,  un camouflet majeur à la diplomatie française, jusque là maître d’œuvre de la conduite de la politique de la France à l’égard de Damas.

Les quatre parlementaires en déplacement en Syrie sont, outre Jacques Myard, Gérard Bapt, député PS de Haute-Garonne et président du groupe d’amitié France-Syrie à l’Assemblée nationale, Jean-Pierre Vial, sénateur UMP de Haute-Savoie, président du groupe d’amitié France-Syrie au Sénat, et François Zocchetto, sénateur UDI de la Mayenne, président du groupe UDI-UC, membre du groupe France-Syrie au Sénat.

La visite parlementaire française marque, en effet, la rupture du Front commun opposé jusque là par la classe politique française au président syrien. Et les menaces de sanction brandies par le premier secrétaire du parti socialiste Jean Christophe Cambadélis relève de la gesticulation destinée à masquer le revers cuisant de la diplomatie socialiste.

Le précédent de Michel Vauzelle

Le député de Toulouse n’a fait qu’accentuer le mouvement amorcé auparavant par une 0utre hiérarque socialiste, Michel Vauzelle, qui a rencontré à la mi février 2015, soit il y a moins de deux semaines, le Président de l’assemblée nationale syrienne, M. Jihad Lahham, dans le cadre de la conférence des parlements des pays méditerranéens.

Le fait que la rencontre Vauzelle-Lahham se soit déroulée à Monaco à l’abri des gros projecteurs de l’actualité et l’emballement médiatique qui s’empare de ce genre d’événements, n’enlève rien à sa réalité.

Difficile d’imaginer que la rencontre Vauzelle-Lahham se soit déroulée « à l’insu du plein gré » du Président socialiste du Conseil régional de la Région Provence Alpes Côte D’Azur (PACA) .

Gageons que l’ancien porte-parole du Président François Mitterrand ne se serait pas livré à une telle démarche sans l’aval de son ancien collègue de l’Élysée, à l’époque chargé de mission au palais présidentiel.    

Comment sinon expliquer cette fermeté à l’égard du député socialiste Gérard Bapt et la mansuétude observée par Solferino à l’égard de cet autre hiérarque socialiste, Michel Vauzelle ? Pourquoi donc une dualité de comportement à l’égard des responsables socialistes selon que l’on soit dans l’œil des objectifs ou pas ?

Dans la guerre de Syrie et les revers retentissants qu’elle a subies depuis quatre ans, la déconfiture des fantoches qu’elle a promus porte parole de la révolution syrienne, la France est à la dérive.

Des diplomates syriens en Juin 2014 à un colloque sur le patrimoine syrien à l’Unesco

Contrainte sous l’effet des dévastations infligées par ses alliés au patrimoine archéologique et architectural syrien, rompant avec un sommeil dogmatique de près de quatre ans, la France, puissance de siège, a toléré la tenue d’un colloque sur le patrimoine syrien à l’Unesco, en Mai 2014, à Paris, avec, fait inhabituel, la présence de deux officiels syriens, le directeur des antiquités et des musées, M. Maamoun Abdelkarim et M. Talal Maalla, conseiller au ministère syrien de la culture.

Ce colloque s’est tenu du Lundi 26 mai au mercredi 29 Mai à l’UNESCO, dans la plus grande discrétion, un comportement qui tranche avec l’habituelle tonitruance de la diplomatie française pour tout ce qui a trait à la Syrie, selon des informations concordantes recueillies auprès des milieux syriens de Paris.

Intrigant non ? Le colloque avait été annoncé par simple inscription au programme mensuel de l’organisation internationale, sans la moindre publicité, et les invitations lancées oralement, en tout cas pour les officiels syriens encore en poste à Paris.

S’agissait-il de banaliser un tel événement, alors que le patrimoine de la Syrie est l’objet de la plus vive préoccupation depuis le pillage du souk d’Alep et l’assaut de la bourgade chrétienne de Maaloula ? Ou d’une fausse pudeur inhabituelle de Paris pour masquer ce que nombre de ses affidés pourraient considérer comme un honteux rétropédalage ?

Intrigant non ? L’événement était pourtant de taille, qui pourrait constituer un timide dégel de la France à l’égard de Bachar Al-Assad, dont elle prédisait la chute tous les quinze jours et reconduit à la tête de son pays pour un nouveau mandat de sept ans… soit au-delà du mandat de François Hollande, après avoir enterré Nicolas Sarkozy. Un cauchemar absolu.

Les aberrations de Laurent Fabius : La schizophrénie comme mode de gouvernement

La France a la gueule de Bois. Propulsé au rang peu envieux de pays le plus xénophobe d’Europe à l’occasion des élections européennes du 25 mai 2014, la diplomatie hollando fabiusienne et sa cohorte d’islamophilistes de pacotille essuie revers sur revers, dont le plus retentissant est sa dernière pantalonnade au Conseil de sécurité.

Il se dit pourtant que le Quai d’Orsay avait encouragé en sous-main les archéologues français à contribuer massivement au succès du colloque sur le patrimoine syrien. Pourquoi alors tant de discrétions ?

Comble de paradoxe : Le colloque s’est tenu au moment où Laurent Fabius interdisait aux Syriens vivant en France de voter à distance pour la présidentielle programmée dans une semaine. C’est à ne rien comprendre. Laurent Fabius, décidément, est soit complexe, soit retors. Soit paumé.

Vivement un nouveau ministre des Affaires étrangères qui se substitue au « somnolent des forums internationaux » qui mette en terme  à cette politique chaotique si désastreuse pour sa diplomatie, de surcroît alliée des grandes démocraties régionales, (Arabie Saoudite, Turquie, Qatar).

Sans ambages, bon débarras Laurent Fabius et le plus tôt serait le mieux. Le plus capé des hiérarques de gauche aura été la plus grosse déception diplomatique française de ce début du XXI me siècle.

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Des parlementaires français en « mission personnelle » en Syrie à Damas avec Bachar al Assad. Photo prise le 25 février 2015/REUTERS/Sana

René Naba

Journaliste-écrivain, ancien responsable du Monde arabo musulman au service diplomatique de l'AFP, puis conseiller du directeur général de RMC Moyen-Orient, responsable de l'information, membre du groupe consultatif de l'Institut Scandinave des Droits de l'Homme et de l'Association d'amitié euro-arabe. Auteur de "L'Arabie saoudite, un royaume des ténèbres" (Golias), "Du Bougnoule au sauvageon, voyage dans l'imaginaire français" (Harmattan), "Hariri, de père en fils, hommes d'affaires, premiers ministres (Harmattan), "Les révolutions arabes et la malédiction de Camp David" (Bachari), "Média et Démocratie, la captation de l'imaginaire un enjeu du XXIme siècle (Golias). Depuis 2013, il est membre du groupe consultatif de l'Institut Scandinave des Droits de l'Homme (SIHR), dont le siège est à Genève et de l'Association d'amitié euro-arabe. Depuis 2014, il est consultant à l'Institut International pour la Paix, la Justice et les Droits de l'Homme (IIPJDH) dont le siège est à Genève. Editorialiste Radio Galère 88.4 FM Marseille Emissions Harragas, tous les jeudis 16-16H30, émission briseuse de tabous. Depuis le 1er septembre 2014, il est Directeur du site Madaniya.

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10 commentaires
  • Parfait, René
    Ces mecs sont incroyables: passer un député, qui n’a violé aucune loi, en conseil de discipline…

  • En politique, comme en diplomatie, il ne faut jurer de rien… À mon sens, cette rencontre de parlementaires français avec le président Bachar Al Assad, a été « manigancée » en haut lieu. C’est en somme une espèce de partage de rôles… En tout cas, il n’est pas loin, le jour, où la France de ces minables Sarkozy & Hollande, perdra la face sur la question syrienne, comme sur celle de la Libye!
    Merci René de maintenir le cap sur la vérité, face à l’imposture de la politique française…

    • A lire certains commentaires, on a l’impression que, pour se faire le plaisir d’un propos virulent contre Fabius, ou méprisant contre Hollande, certains ne craindraient pas de voir la paix reculer sine die en Syrie, en Libye ou ailleurs. Par ailleurs, ce journaliste surprend un peu: il annonce comme un scoop une pratique aussi vieille que la diplomatie: celle du secret, ou du moins de la discrétion. Je n’ai pas tout à fait compris à quoi tendait sa critique, car elle me semble partir dans bien des directions.

      • Bonjour Diane
        Soyez explicite et ne procédez pas par allusion. Un enchaînement de phrases incohérentes.
        « Certains ne craindraient pas de voir reculer la paix sine die en Syrie ou Libye »?
        Parce que, selon vous, la Libye, libérée par BHL et Sarkozy, baigne dans la paix ? ou n’est- elle pas devenue un incubateur de dictateurs, le point de gangrène de la zone sahelo saharienne c’est à dire de la plus importante zone de déploiement des intérêts français au sud de la Méditerranée ?
        La Syrie en paix? La France est l’alliée des dictatures les plus répressives de la zone (Turquie, Arabie saoudite et Qatar). Dans vingt ans quand tout ceci se sera tassé, je vous souhaite de constater les dégâts de la politique française et la regression de la position de la France du fait de sa politique. comme à l’accoutumée, les français diront « si j’avais su j’aurai pas venu ».

  • Pour aller plus loin sur le jeu des pays occidentaux en Syrie, CF: « Tempête sur le Grand Moyen-Orient de l »ambassadeur de France Michel Raimbaud
    http://www.editions-ellipses.fr/product_info.php?products_id=10119
    Extensible au gré des pulsions américaines, le Grand Moyen-Orient s’étend désormais de l’Atlantique à l’Indonésie, sur plus de 50 degrés de latitude. En raison de sa position stratégique aux confins de l’Eurasie autant que par sa richesse en gaz et pétrole, cette immense «ceinture verte» islamique détient un potentiel de puissance considérable et constitue un enjeu majeur.
    De son devenir, mis en question par la tempête actuelle, dépend en bonne partie la physionomie de notre monde de demain : sera-t-il unipolaire, aux ordres de l’Occident comme il l’a été depuis la fin de la guerre froide, ou multipolaire comme le préconisent les émergents ? Telle est la question posée.
    Cet ouvrage est destiné à tous ceux qui s’intéressent aux peuples arabes et/ou musulmans, à leur histoire et leur avenir. Il vise également un public plus large, celui des personnes désireuses de comprendre les événements actuels et de démystifier ce vieux monde où l’on sème si facilement la mort et la destruction au nom du Bien, si ce n’est au nom de Dieu

    • Bonjour, plusieurs mois qui suivent, je trouve ce site en cherchant des nouvelles qui ne possède pas le point de vue tordu au colonialisme / l’impérialisme, et d’avoir un peu plus réel que ce qui se passe dans la lecture du monde. Malheureusement, je ne parle pas français, donc je l’ai lu le biais du traducteur, juste à écrire.
      Regarde un commentaire, voulaient savoir si elles avaient des informations sur ce livre, si elle est en espagnol ou en anglais, et que me intéresse beaucoup, mais je trouve qu’il est très difficile à lire en français.
      Salutations.
      Continuez votre excellent travail.
      Julien

  • tes articles sont une bouffée d’oxygène dans cet enfumage de la politique médiocre française à l’égard de la Syrie. Depuis « les révolutions arabe » la France fait preuve de mépris à l’égard de ces derniers , elle met à nue sont vrai visage de prédateur colonial. elle pense se positionner sur un empire comme dans le passé , mais les indigènes de la république d’hier ne sont pas les mêmes aujourd’hui car l’islam est fort et les a éduqué: pas de soumission si ce n’est qu’à Allah donc leur impérialisme, leur consumérisme, leur finance, ne sont rien face au coran et c’est tant mieux tant qu’il reste dans l’intelligence de cette foi dévoyée et salie par leurs créature qui leur ressemble tant c.a.d daech.

  • La Rédaction 3 mars 2015 à 13h18

    Une tribune de l’association d’amitié France-Syrie
    PLAIDOYER POUR LE RETABLISSEMENT DU DIALOGUE EN SYRIE
    Le déplacement de quatre parlementaires français en Syrie soulève dans la presse des vagues de commentaires, et a provoqué de la part de nos hauts dirigeants des réactions indignées.
    Directement concernée par les tragiques événements qui se poursuivent dans ce pays, l’Association d’Amitié France-Syrie (AFS) ne peut rester insensible à ce «buzz».
    Tout d’abord, il lui semble légitime que les élus du peuple décident de vérifier par eux-mêmes sur place le bien fondé de la politique menée par leur gouvernement et des besoins humanitaires.
    La délégation parlementaire était constituée à part égale de députés et de sénateurs de la majorité et de l’opposition, ce qui marque excellemment que la démarche n’est pas partisane.
    Mais celle-ci procède surtout d’un autre concept : Il est évident, et ce n’est pas seulement le représentant du secrétaire général de l’ONU qui le reconnait, que le gouvernement syrien est et restera un élément incontournable de la solution à ce grave conflit.
    Continuer à jeter l’anathème sur une des parties qui, indiscutablement s’assiéra à la table de négociation pour obtenir l’apaisement voire la paix n’est ni logique ni fécond.
    Si la France, ancienne puissance mandataire veut (et c’est ce que nous appelons de nos vœux) rejouer un rôle utile et majeur dans cette région qu’elle connait bien, il lui faut être assez forte pour courageusement reconnaitre des erreurs passées, et des jugements précipités.
    Les conflits coloniaux vécus par notre pays nous ont amenés à comprendre qu’un jour, on doit discuter avec ses opposants, y compris ceux que l’on avait qualifiés de terroristes.
    L’AFS rassemble des français, des syriens et des franco-syriens de tout bord, unis avant tout par l’amour porté à ce pays qui souffre.
    Depuis 4 ans, elle s’est efforcée de maintenir une certaine cohésion en ouvrant le dialogue et en diffusant un esprit de médiation.
    Elle milite de tout son cœur pour alléger les souffrances de cette population qu’elle connait et qu’elle aime.
    Elle sait que la solution militaire étant impossible, seule la négociation pourra mettre fin à ce conflit.
    Or, on ne cherche de compromis acceptable qu’entre toutes les parties en présence.
    Nous considérons positif le voyage de ces parlementaires que nous remercions et félicitons pour leur courage.
    Nous espérons que ce premier pas sera suivi d’autres qui nous mèneront rapidement à la table de négociation et que la France pourra se féliciter du rôle qu’elle a joué pour le rétablissement de la paix dans cette région en concentrant ses forces sur l’unique menace pour tout le Moyen-Orient et l’Occident que constitue l’intégrisme djihadiste.
    Il est temps de se montrer pragmatique, de préparer cet avenir démocratique inévitable que doit revivre ce pays, démontrer que face aux lacunes de la gouvernance de l’opposition armée ou pacifique qui n’a pas de structure et n’a pas de projet pour la Syrie, à l’instar de la situation en Irak, le peuple a besoin de l’expérience du gouvernement actuel, de ses fonctionnaires et de son armée pour assurer sa stabilité et sa sécurité face à la menace islamiste, d’autant qu’il faut déjà penser à la reconstruction du pays et au ralentissement de l’exode actuel.
    L’influence future de la France dans cette région repose sur notre pragmatisme et notre rejet d’une vision idéologique qui ne peuvent qu’oblitérer l’avenir.
    Didier DESTREMAU, Ancien Ambassadeur, Chargé des relations extérieures
    Patrice MOUCHON, Président

  • Le grand tort d’al Assad, c’est de ne pas avoir conclu d’accord de paix avec Israël et de ne pas vouloir abandonner le plateau du Golan. Voilà la raison de toutes ces invectives subies par un parlementaire qui, au moins, connaît le dossier et favorise la paix.
    Quand le Bahreïn réprime, la France ne dit rien ; le régime peu démocratique (dépourvu de constitution) de l’Arabie séoudite ne gène pas nos diplos le moins du monde, et le président français se rend sans état d’âme aux funérailles d’un monarque autocrate. Pourquoi la France ne réclame-t-elle pas la destitution du pouvoir séoudien, ou l’arrêt de l’occupation israélienne en Palestine ? Pourquoi découvre-t-on seulement maintenant que les « brigades internationales » que l’on aide à renverser al Assad sont un ramassis de terroristes, et non des opposants syriens pacifiques ?
    C’est à n’y rien comprendre, si l’on ne prend en compte le gaz et le pétrole.

  • La Rédaction 12 mars 2015 à 10h19

    Le Figaro: la preuve par le texte : http://www.lefigaro.fr/international/2015/03/09/01003-20150309ARTFIG00404-un-emissaire-francais-au-contact-des-services-syriens.php
    Durant la récente visite des quatre élus français à Damas, Patrick Barraquand a rencontré le général Ali Mamlouk.
    C’était le voyage dans le voyage. Mais ultra secret celui-là, consacré à la lutte antiterroriste et discrètement approuvé par les services de renseignement français.
    En marge de la visite tumultueuse des quatre parlementaires à Damas il y a deux semaines, Patrick Barraquand, contrôleur général à Bercy et ancien officier de réserve, a rencontré le général Ali Mamlouk, tout-puissant patron de la galaxie sécuritaire syrienne. L’information nous a été confirmée par l’entourage de Patrick Barraquand et une source informée à Damas.
    Patrick Barraquand et deux autres intermédaires, Stéphane Ravion et Jérôme Toussaint, accompagnaient les parlementaires durant leur visite à Bachar el-Assad le 25 février. Mais les élus ignoraient cette autre rencontre destinée à voir dans quelle mesure les deux pays pouvaient reprendre un certain niveau de coopération sécuritaire, malgré la rupture des relations diplomatiques décidée en février 2012 par Paris, pour protester contre la sanglante répression de ses opposants par le régime syrien.
    La visite que trois des élus ont effectuée auprès du président Assad avait suscité la colère de François Hollande et de Manuel Valls qui avait dénoncé une «faute morale». Avant de rencontrer le général Mamlouk, l’entourage de Patrick Barraquand avait prévenu la DGSI (renseignement intérieur) et un responsable de la DGSE (extérieur). Aucun veto ne lui avait été opposé. «Nous souhaitons faire du technique», souligne un agent du renseignement, «les politiques ont leur agenda, pour nous ce qui importe, c’est de réduire la menace qui pèse sur notre pays avec le départ de centaines de jeunes djihadistes en Syrie».
    À son retour à Paris, Patrick Barraquand a rendu compte à la DGSI et à la DGSE. Il a également adressé «un rapport circonstancié» à un conseiller de François Hollande. Selon l’un de ses proches, «la discussion d’une heure avec Mamlouk a porté sur les djihadistes français en Syrie, ceux qui sont emprisonnés dans les geôles du régime, les passeports que Damas a récupérés, mais aussi sur la réalité opérationnelle des combats, car si un jour nous frappons Daech, il faudra bien que nous ayons du renseignement au sol». Aucun des deux camps n’a souhaité en dire plus, mais contrairement aux précédentes tentatives, celle-ci n’aurait pas été totalement infructueuse. «Nous avons voulu ouvrir des portes», soutient un intermédiaire, «après, ce sera aux services de prendre ou pas le relais».
    «Pour nous, ce qui importe, c’est de réduire la menace qui pèse sur notre pays avec le départ de centaines de jeunes djihadistes en Syrie»
    Un agent du renseignement
    Jusqu’à la révolte de 2011, les services syriens coopéraient activement avec la DGSI, la CIA et le MI6 britannique, sans compter les polices secrètes des monarchies du Golfe auxquelles les agents du général Mamlouk remettaient de nombreux djihadistes en transit par la Syrie après être allés combattre les soldats américains en Irak. Depuis la fermeture de l’ambassade de France, cette diplomatie sécuritaire a été interrompue. «Il ne peut pas y avoir de reprise de la coopération sécuritaire avec Paris sans une reprise du dialogue politique», affirmait au Figaro Bachar el-Assad en septembre 2013. En juin 2014, le général Mamlouk maintenait le cap, tout en avertissant contre le danger djihadiste qui menaçait la France. Entre ces deux dates, l’Élysée avait envoyé auprès de lui deux délégations séparées – l’une de la DGSI, l’autre de la DGSE – avec toujours le même objectif: renouer un minimum de coopération pour réduire la menace terroriste. Voyages infructueux: la Syrie exigeait une réouverture de l’ambassade de France. Une option catégoriquement rejetée par Paris.
    Bien avant les Français, les services allemand, italien et espagnol ont refait le chemin de Damas. «Cette rencontre avec Mamlouk montre bien l’hypocrisie du pouvoir français qui a condamné notre visite», s’emporte l’un des parlementaires du voyage à Damas informé après coup. Selon plusieurs sources, les Syriens n’auraient pas été aussi fermes cette fois-ci. Comme si Damas cherchait à accompagner la position de ceux qui, en France, prônent une reprise de la diplomatie sécuritaire avec un régime, fût-il justement décrié.