Dernière mise à jour le 27 mai 2015
Paris- En ces temps troubles, sortis de la boite de Pandore de l’invasion américaine de l’Irak, en 2003… et de ce que certains persistent à qualifier de « printemps arabes », l’horreur manifestement appelle l’horreur et l’assassinat appelle l’horreur, l’assassinat et la…. vengeance d’État, pour répondre à une action terroriste et sanguinaire.
Le 3 février 2015, l’organisation terroriste Daech a brûlé vif un pilote jordanien. Le lendemain la Jordanie exécute deux citoyens irakiens détenus dans les prisons du royaume pour avoir été condamnés pour terrorisme il y a… dix ans.
Les Faits
L’organisation terroriste Daech, qui usurpe la dénomination « État Islamique », publie le 3 février 2015, une vidéo qui met en spectacle à la façon d’un film Hollywood, les images insupportables du supplice d’un homme, le pilote jordanien, Moaz Al Kassabi, brûlé vif, dans un déchaînement de feu. Les images insoutenables de la vidéo, présentent le pilote Moaz Al Assassine, en combinaison orange, à l’image de celle des prisonniers de Guantánamo, enfermé dans une grande cage en métal. Un homme masqué et armé se présente comme « l’émir de la région bombardée par la coalition des croisés ». Il qualifie le jordanien de « pilote croisé », saisit une torche et met le feu à un produit enflammant. Le feu se propage en ligne direct jusqu’à la cage, manifestement également imbibée d’essence. Les flammes envahissent la cage et transforme le pilote prisonnier en une immense boule de feu.
Une horreur en live commise par des sanguinaires terroristes au nom de l’Islam contre l’un de leurs coreligionnaires. Les tortionnaires ont, cependant, pris la précaution, malsaine, d’enfermer le pilote dans cette cage métallique, pour ne pas lui laisser aucun espoir de s’échapper, aucune chance d’essayer de s’enfuir.
Comble de la lâcheté, les tortionnaires dissimulent leur visage derrière des cagoules, alors qu’ils prétendent avoir la morale, la justice et la vérité religieuse de leur côté. En réalité, ils craignent pour leur propre vie et sacrifie sans aucune justification la vie des autres. Quelques heures à peine après la publication de la vidéo macabre, l’armée jordanienne promet, aux jordaniens de venger l’assassinat de son pilote. « Le sang du martyr ne coulera pas en vain et la vengeance sera proportionnelle à cette catastrophe qui a frappé l’ensemble des Jordaniens », déclare le porte-parole de l’armée jordanienne, le général Mamdouh Al-Amiri, dans un communiqué rapporté par la télévision officielle.
Dès le lendemain, 4 février, le porte parole du gouvernement jordanien, Mohamed Momani, annonce que la Jordanie a exécuté, par pendaison deux citoyens irakiens : Sajida Al Rishawi et Ziad Karbouli, détenus dans les prisons du royaume, depuis une dizaine d’années pour des faits terroristes. Ces exécutions capitales répondent officiellement au macabre assassinat du pilote jordanien.
Peine de mort terroriste contre peine de mort d’état
Mais quel lien direct y a t il entre l’assassinat abjecte du pilote jordanien et l’application de la peine de mort au nom de l’état jordanien à l’endroit de deux personnes qui ne sont pas directement et personnellement responsable ou même complice de l’assassinat du pilote jordanien.
À titre personnel, je suis contre la peine de mort. En pratique, cette peine capitale n’a prouvé nulle part son efficacité sociale et politique ni démontré la perspicacité des arguments de ses supporters que sont l’exemplarité de la peine et le recul dans leurs projets et action de ceux qui risquent de la subir, en conséquence de son utilisation. Cette exécution matinale est donc un acte de vengeance primaire commise par l’État jordanien et non un acte de justice, de ce pays, en application d’une décision de justice prononcée par ses tribunaux, il y a dix… ans.
Pourtant, la Jordanie avait publiquement annoncé des 2006, la mise en place d’un moratoire sur la peine de mort, soit en pleine déroulement des procès de l’affaire des attentats terroristes qui ont endeuillés sa capitale Amman,en Novembre 2005.
Pour la peine de mort
Le débat sur la peine de mort reste, aujourd’hui, ouvert dans le monde arabe et inexistant dans beaucoup de pays qui prétendent fonder leur système judiciaire sur les prescriptions islamiques adoptées et appliquées à la lettre. Le combat pour pour son abolition remonte à loin. Victor Hugo écrivait déjà : « La peine de mort est le signe spécial et éternel de la barbarie ».
Robert Badinter, l’homme de l’abolition de la peine de mort en France, qualifiait, le 31 décembre 2006, l’exécution de Saddam Hussein de « faute politique majeure », Les partisans de la peine capitale brandissent l’argument de la nécessité que « la justice doit se faire », bien sur au nom des victimes et pour faire expier le coupable, au nom de la morale et de la religion. La peine de mort servirait à la fois pour « venger la victime » et pour remplir une fonction de régulation de l’ordre social perturbé par le crime.
Ainsi le fait de procéder à des exécutions publiques comme en Arabie Saoudite, semi publique comme aux états unis d’Amérique (présence de la famille de la victime, des avocats des représentants des pouvoirs publics) ou leur annonce par dizaine, comme en chine ou en Iran, est inévitablement présenté comme un châtiment qui « met hors d’état de nuire le coupable », et « retire l’être nuisible » de la société, réaffirme les normes du lieu et du moment, dissuade la commission de nouveaux crimes, dans le pays concerné et agit comme un ralentisseur de la criminalité sanglante.
Contre la peine de mort
Les abolitionnistes rejettent l’ensemble de ces arguments. Pour eux la peine de mort est un châtiment définitif alors que la justice ne devrait pas se confondre avec la vengeance dite populaire, à un moment de l’histoire ou son application n’apporte pas pas la preuve revendiqué de sa fonction dissuasive, ni du lien de corrélation entre son utilisation et une baisse quelconque de la criminalité. Ainsi, la peine de mort revêt essentiellement un caractère politique de premier ordre et décrit l’état d’esprit de la classe politique du pays concerné. L’État fait, ainsi, le choix de signifier à tous qu’il est tout puissant et au dessus de tout et de tous et qu’il continue à imposer sa volonté aux individus, leur signifie qu’il dispose de la vie et de la mort de ses citoyens. Le fait que certains pays démocratiques continuent à appliquer la peine de mort ne change rien à cette logique abolitionniste.
Moaz Al Kassabi et Sajida Al Rishawi : des destins croisés et parallèles
Rien ne prédestinait à une rencontre entre le pilote jordanien Moaz Al Kassabi et la citoyenne irakienne Sajida Al Rishawi. Ils ne se sont d’ailleurs jamais rencontrés de leur vie. Peut être que chacun a eu connaître le drame de l’autre par médias interposés. Peut être que le nom de Sajida a été porté à la connaissance de Moaz par les tortionnaires de DAECH qui ont pu mettre en avant le nom de l’irakienne et signifié leur demande de sa libération pour justifier l’exécution de leur crime déjà programmé, dans une opération de chantage qui constitue leur marque de fabrique.
Peut-être que le nom de Moaz a été porté à la connaissance de Sida par les bourreaux jordaniens avant de lui passer la corde au cou, un décennie après sa condamnation judiciaire, dans un mouvement d’humeur et de signification de la vengeance d’État. Peut être même que dans un ultime geste de justification, les bourreaux jordaniens se sont ils sentis obligé d’expliquer à l’irakienne que si son frère était un collaborateur de Zarkaoui responsable d’Al Qaida, Abou Bakr Al Baghdadi était lui aussi un des lieutenants de Zarkaoui et « l’état islamique » émanation et une ex-croissance d’Al Qaida en Irak.
Qui était Sajida Al Rishawi, L’irakienne exécutée par pendaison par la Jordanie ?
Sajida Al Rishawi est une femme irakienne de 44 ans. Son histoire personnelle est tout simplement tragique. Elle s’inscrit dans la droite file de l’invasion de l’Irak, en 2003 alors dirigée par le Président Saddam Hussein, par l’armée américaine. Cette invasion a été justifié, en son temps par un motif « fumant ».
La prétendue détention par ce pays d’armes de destruction massives (ADM). Un scénario de communication de haut vol a été échafaudé, à cet effet, pour emporter la conviction des membres du cénacle que constitue le conseil de sécurité des nations unies, avec comme clou du spectacle, le ministre des affaires américain, Colin Powell, qui brandit une simple fiole comme « preuves » de la culpabilité irakienne et sa détention des ADM, preuves qui se révèlent mensongères.
Le refus du peuple irakien de l’occupation américaine et sa révolte et résistance légitime contre l’envahisseur va se transformer très vite, en une spirale terroriste, par l’émergence d’Al Qaida en Irak qui détourne un combat national unificateur du peuple irakien en une guerre religieuse anti-américaine et intra irakienne.
Cet imbroglio irakien va déborder en Syrie, dans le moyen orient et tout le monde arabe, avant de toucher l’occident (Espagne, Angleterre, Australie, USA et France), qui se croyait pourtant à l’abri de la mèche allumée , fait sortir Sajida et sa famille de l’anonymat. La guerre américaine en Irak et l’opposition armée à laquelle elle donne naissance font émerger un certain Abou Moussab Al Zarkaoui, jordanien de son état civil. Ce dernier crée Al Qaida en Irak, la cellule mère du terrorisme né moyen oriental avant de devenir « islamique » et mondial.
Le frère de Sajida, le dénommé Samer Moubarak (ou encore Thameur Mubarak Atrous) devient un proche collaborateur du dit Zarqaoui. Il est tué, ainsi qu’un autre de ses frères et l’un de ses beaux frères, par l’armée américaine dans la bataille de Falloujah (2004) entre insurgés sunnites et soldats américains. Zarkaoui le sera deux ans plus tard, en 2006.
Depuis, Sajida Al Rishawi considère que l’armée américaine est responsable de la dislocation de sa famille. Entrée dans une colère primaire, mue par un réflexe de solidarité familiale et tribale de vengeance personnelle et endoctrinée par la vision sanguinaire d’Al Qaida décide de rendre coup pour coup aux américains et à tous ceux qu’elle considère comme ses complices. Elle fait le choix de s’engager dans la mouvance terroriste. Ses pas et son destin l’amènent à Amman, la capitale jordanienne, pour « se faire exploser ». Son projet terroriste échoue. Arrêtée en 2005 en Jordanie, elle est condamnée à mort, en septembre 2006, pour avoir participé à des attentats terroristes perpétrés, le 9 novembre 2005, dans trois hôtels à Amman, fréquentés par des diplomates, des expatriés et des touristes.
L’opération était mené par le couple Al Rishawi. Le mari Ali Hussein Al CChammari et l’épouse Sajida née Al Rishawi. La ceinture explosive du mari fonctionne. Ce dernier s’est fait explosé dans l’opération. La ceinture explosive de l’épouse ne fonctionne pas, alors qu’elle était au milieu d’un mariage. Elle a pu, alors, se mêler à la foule et quitter les lieux saine et sauve, laissant derrière elle une soixantaine de morts et près de trois cents blessés. Cet attentat est revendiqué par Al Qaida en Irak. Quatre jours plus tard, Sajida Al Rishawi est arrêtée par les services de sécurité jordanien. La police jordanienne la fait confesser à la télévision publique sa participation à l’opération terroriste. Les téléspectateurs jordaniens (puis arabes) vont découvrir le visage de cette femme.
Par la suite, elle va disparaître des radars de l’information pendant une décennie, avant que le mal nommé « État Islamique » ne revendique sa libération et parle de « sa sœur emprisonnée », comme prix de la libération de l’otage japonais Kenji GOTO. Ce chantage terroriste n’a sauvé la vie ni à l’otage japonais ni à la prisonnière irakienne. La terroriste ne paiera pas le prix de son action ratée de 2005, mais celui de l’action de l’organisation criminelle.
Qui était Moez Al Kassabi, le pilote Jordanien burlé vif dans une cage par Daech ?
Moaz Al Kassabi, est un jeune homme jordanien, de 26 ans. Il était dans la vie un pilote (sous – lieutenant) de l’armée de l’air jordanienne. Son métier l’a amené à faire partie des pilotes jordaniens embrigadés, par le suivisme de leur pays et son alignement systématique sur la politique américaine, d’où son implications dans la fameuse « coalition internationale » pour combattre DAECH. Son avion, un F16, a subi un crash, le 24 décembre 2014, dans le ciel syrien alors qu’il menait un raid sur des positions de « l’État islamique ».
Le 29 décembre, le groupe terroriste publie, dans son magazine en anglais, « Dabiq » un pseudo « entretien » avec le pilote jordanien, dans lequel il annonce sa capture. Le pilote dit s’attendre à être tué par ses ravisseurs. La mort de Moaz Al Kassabi remonte officiellement au 3 février. Plusieurs sources prétendent pourtant qu’il aurait été assassinés dés le 3 janvier, que l’état jordanien était informé de cette exécution et aurait mis le mois à parfaire sa réaction et sa vengeance par l’exécution de Sajida. Cette exécution vient pour créer de la solidarité inter jordanienne et couper court à tout débat politique sur la question : que vient faire l’armée jordanienne dans cette guerre américaine comme elle l’a fait contre l’Irak de Saddam, la Syrie de Bachar alors qu’elle s’abstient de toute action pour venir au secours des palestiniens et aux libanais lorsqu’ils sont agressés militairement par les israéliens.
Daech et l’instumentalisation des femmes
L’assassinat du pilote jordanien était programmée dés sa capture. La demande de la libération de Sajida, la « sœur emprisonnée », formulée par Daech est un leurre pour le faire apparaître comme un défenseur des femmes musulmanes et attirer plus de femmes pour en faire des esclaves sexuelles, avec leur théorie de « jihad anikah » ou des djihadistes kamikazes comme Sajida. En effet il n’est pas à son premier coup dans ce registre.
Il avait déjà agit pareil avec la pakistanaise Dr Aafia Siddiqui, une scientifique de 42 ans (aujourd’hui) surnommée « Lady Al Qaida ». Après des études Massachusetts Institute of Technology (MIT) et à la Brandeis University en neurosciences cognitives, la lady était obsédé par un projet scientifique pour se venger des américains : mettre au point des armes chimiques qui épargne la vie des enfants.Après des études Massachusetts Instituts Of Technology (MIT) et à la Brandeis University en neurosciences cognitives, la lady était obsédé par un projet scientifique pour se venger des américains : mettre au point des armes chimiques qui épargne la vie des enfants.
Dénoncée par Khalid Sheikh Mohamed, surnommé le cerveau des attentats des du 11 septembre 2001, elle a été condamnée aux états unis en 2010 à peine incompressible 86 ans de prison pour avoir prémédité des attentats en vue de tuer des policiers et des militaires américains.
Daech a réclamé la libération de cette « sœur emprisonnée », en échange de l’otage américain James Foley. Finalement l’organisation terroriste assassine l’américain et ne fait pas de véritable effort pour obtenir la libération de la pakistanaise. La pakistanaise comme l’irakienne ont tout simplement servi d’instrument de propagande et pour envoyer un message aux djihadistes effectifs et potentiels : Daech n’abandonne pas les siens et leurs comparses et fait mieux qu’Al Qaida d’Ayman Al-Jamahiriya qui n’a pas cette préoccupation.
À ce titre, l’organisation terroriste Daech a déjà largement gagné en Jordanie, du fait de l’application de la peine de mort comme un instrument de vengeance politique en réaction à un assassinat terroriste. La pratique terroriste de Daech contamine fortement la politique des pays du Moyen Orient, mais également ceux du Maghreb. Elle déteint sur les législations de beaucoup de pays, dits démocratiques, qui se précipitent pour adopter des lois d’exception et limitent certaines libertés publique au prétexte du renforcement de la sécurité de leur peuple.