Dernière mise à jour le 21 octobre 2015
Marine Le Pen, Chef du Front National, a été désignée par Time Magazine parmi les cent personnalités les plus influentes en 2015, sur fond de conflit parricide entre le fondateur du parti d’extrême droite, Jean Marie Le Pen, et sa fille, et de poursuites judiciaires des membres du clan.
Marine Le Pen devrait ainsi comparaître en correctionnelle le 20 octobre 2015 pour ses déclarations sur les «prières de rue» des musulmans qu’elle avait comparées à l’Occupation, alors que le trésorier du Front National, Wallerand de Saint-Just, était mis en examen lundi 21 septembre 2015 pour recel d’abus de biens sociaux dans l’affaire du financement du parti. Tête de liste du FN aux régionales en Ile-de-France, il a également été placé sous le statut de témoin assisté pour le délit de complicité d’escroquerie au préjudice de l’Etat lors des législatives de 2012. Dans ce volet initial de l’affaire, les juges d’instruction soupçonnent le FN, qui a été mis en examen le 9 septembre, de même que le micro-parti Jeanne, géré par des proches de Marine Le Pen, et le principal imprimeur du mouvement, Riwal, d’avoir mis en place un système d’enrichissement frauduleux avec de l’argent public.
Ce télescopage pose le problème de la précipitation dans la distinction des lauréats en ce que l’emballement médiatique est préjudiciable à une réflexion de fond.
Retour sur cette distinction et sa signification au niveau français
Le Time Magazine, fondé en 1923, fait partie de la presse institutionnelle aux États-Unis. Il organise régulièrement des événements « people » qui mettent en vitrine certaines personnalités. Dans les années précédant la deuxième guerre mondiale, les responsables du magazine avaient créé « The man of the year » (l’homme de l’année) et ils ont ainsi réservé cet honneur à des individus tels que Joseph Staline ou Adolf Hitler…
Depuis 1998, le Time a mis en place le « Time 100 » qui célèbre les « cent personnalités les plus influentes de l’année ». Marine Le Pen fait partie de la liste 2015. Elle y côtoie notamment le Coréen Kim Jong-Un, le Français Thomas Piketty, le Pape François, Vladimir Poutine, Barack Obama, Angela Merkel, Alexis Tsipras et quelques dizaines d’autres dont de nombreux artistes et animateurs de médias…
Évidemment on ne peut que se demander pourquoi un tel honneur à la chef d’un parti d’opposition arrivé troisième dans une élection qui a mobilisé moins de la moitié des inscrits dans un pays comme la France où elle n’assume aucun poste de responsabilité. C’est accorder une importance plus que démesurée à ce personnage. Comme les responsables du Time ne sont pas complètement idiots, on ne peut lire dans cette invitation qu’une petite opération politicienne dirigée contre les gouvernants français. C’est aussi une nouvelle manœuvre visant à la banalisation d’un parti fasciste dont les racines et les thèses sont une insulte pour la démocratie.
Pourtant, c’est sans hésitation que la chef du parti d’extrême droite, anti-américaine, antisystème, toujours prête à dénoncer la peopolisation, habillée comme une star d’Hollywood, s’est précipitée sur le tapis rouge avec le sourire béat de circonstance, pour assister au gala qui s’est déroulé à New York le 21 avril…
Marine Le Pen, qui n’a visiblement pas peur du ridicule, pour justifier sa présence, a déclaré : « nous allons arriver au pouvoir et par conséquent il faut obligatoirement croiser, rencontrer, discuter avec les gens puissants dans leur pays respectif ».
Quand on sait que la plupart des puissants de cette liste n’ont pas fait le voyage, et pour cause, la Marine a ainsi pu discuter tranquillement avec des gens aussi importants que Kanye West, Kim Kardashian, Julianna Moore ou tel ou tel rappeur, certes artistes reconnus, mais comme, selon son propre aveu, elle ne parle pas un mot d’anglais, il n’est pas sûr que l’échange ait pu avoir réellement lieu, ce qui est dommage pour sa propre éducation musicale et cinématographique.
En fait, par ce déplacement, elle veut montrer à son électorat qu’elle est reconnue internationalement et que sa potentialité de femme de pouvoir, est acquise à l’étranger.
Pour remercier, ses hôtes elle n’a pas hésité à affirmer « La France des oubliées n’est pas oubliée ». L’héritière Le Pen, dont le père doit sa richesse au détournement de l’immense héritage de la famille Lambert, dirigeante d’un Front national qui tire ses racines politiques dans l’ignoble collaboration avec les nazis et dans les nauséabondes actions terroristes de l’OAS (organisation de l’armée secrète), se prend pour la « France des oubliées » !
Pour tout dire, cette France de la collaboration, de l’OAS, du Front National et de la famille Le Pen, on aimerait bien l’oublier.
Illustration :
Le logo du Front national et l’ombre de Marine Le Pen, lors d’un discours de la présidente du FN au 15e Congrès du parti frontiste, le 29 novembre 2014. (AFP PHOTO / JEFF PACHOUD)