Dernière mise à jour le 30 décembre 2015
«De défaite en défaite, jusqu’à la victoire finale».
Hommage collectif aux animateurs du réveil des peuples colonisés du tiers monde, grands vainqueurs des supplétifs de la stratégie atlantiste, dont le sacrifice a modifié la configuration stratégique de la planète, à l’occasion du 60 me anniversaire de la conférence de Bandoeng (avril 1955).
En soixante ans de lutte des erreurs ont été commises, et même des fautes. Cela n’est pas pardonnable. Mais il appartient aux compagnons de lutte et à la jeunesse du Monde entraînée dans la ferveur révolutionnaire de le dire, au besoin de juger. Pas les ennemis.
La misère du Monde est antérieure à leur venue au pouvoir et même l’opulente Amérique n’a pas réussi à vaincre cette calamité. Trente millions d’Américains croupissent sous le seuil de la pauvreté, au sein d’une société de surabondance et de gaspillage.
Leur combat contre l’hégémonie occidentale était par trop inégal. Ils ne pouvaient libérer le Monde, alors que pour beaucoup d’entre eux, même des plus ardents, ne pouvaient s’affranchir du joug atlantiste, comme en témoigne le bagne de Guantánamo à Cuba.
Héros mythiques, indissociablement liés dans cette aventure de la Liberté, ils ont peuplé nos rêves de jeunesse. Et, même, si nous aussi, nous n’avons pas réussi dans notre tâche, nous leur savons gré de nous avoir insufflé l’espérance d’un avenir meilleur.
«De défaite en défaite, jusqu’à la victoire finale» est une expression de Victor Serge.
De son vrai nom Viktor Lvovitch Kibaltchitch (Bruxelles, 30 décembre 1890-Mexico 17 novembre 1947), révolutionnaire et écrivain francophone, né en Belgique de parents russes émigrés politiques.
Allons Camarades. L’interpellation de Frantz Fanon aux peuples du Tiers-Monde (Editions François Maspero).
«Allons, camarades, il vaut mieux décider dès maintenant de changer de bord. La grande nuit dans laquelle nous fûmes plongés, il nous faut la secouer et en sortir. Le jour nouveau qui déjà se lève doit nous trouver fermes, avisés et résolus.
Il nous faut quitter nos rêves, abandonner nos vieilles croyances et nos amitiés d’avant la vie. Ne perdons pas de temps en stériles litanies ou en mimétismes nauséabonds. Quittons cette Europe qui n’en finit pas de parler de l’homme tout en le massacrant partout où elle le rencontre, à tous les coins de ses propres rues, à tous les coins du monde.
Voici des siècles que l’Europe a stoppé la progression des autres hommes et les a asservis à ses desseins et à sa gloire ; des siècles qu’au nom d’une prétendue « aventure spirituelle » elle étouffe la quasi-totalité de l’humanité. Regardez-la aujourd’hui basculer entre la désintégration atomique et la désintégration spirituelle. Et pourtant, chez elle, sur le plan des réalisations on peut dire qu’elle a tout réussi.
L’Europe a pris la direction du monde avec ardeur, cynisme et violence. Et voyez combien l’ombre de ses monuments s’étend et se multiplie. Chaque mouvement de l’Europe a fait craquer les limites de l’espace et celles de la pensée.
L’Europe s’est refusée à toute humilité, à toute modestie, mais aussi à toute sollicitude, à toute tendresse. Elle ne s’est montrée parcimonieuse qu’avec l’homme, mesquine, carnassière, homicide qu’avec l’homme. Alors, frères, comment ne pas comprendre que nous avons mieux à faire que de suivre cette Europe-là.
Cette Europe qui jamais ne cessa de parler de l’homme, jamais de proclamer qu’elle n’était inquiète que de l’homme, nous savons aujourd’hui de quelles souffrances l’humanité a payé chacune des victoires de son esprit.
Allons, camarades, le jeu européen est définitivement terminé, il faut trouver autre chose. Nous pouvons tout faire aujourd’hui à condition de ne pas singer l’Europe, à condition de ne pas être obsédés par le désir de rattraper l’Europe.
L’Europe a acquis une telle vitesse, folle et désordonnée, qu’elle échappe aujourd’hui à tout conducteur, à toute raison et qu’elle va dans un vertige effroyable vers des abîmes dont il vaut mieux le plus rapidement s’éloigner
Il est bien vrai cependant qu’il nous faut un modèle, des schèmes, des exemples. Pour beaucoup d’entre nous, le modèle européen est le plus exaltant. Or, on a vu dans les pages précédentes à quelles déconvenues nous conduisait cette imitation. Les réalisations européennes, la technique européenne, le style européen, doivent cesser de nous tenter et de nous déséquilibrer.Quand je cherche l’homme dans la technique et dans le style européens, je vois une succession de négations de l’homme, une avalanche de meurtres.
La condition humaine, les projets de l’homme, la collaboration entre les hommes pour des tâches qui augmentent la totalité de l’homme sont des problèmes neufs qui exigent de véritables inventions.
Décidons de ne pas imiter l’Europe et bandons nos muscles et nos cerveaux dans une direction nouvelle. Tâchons d’inventer l’homme total que l’Europe a été incapable de faire triomphe.Il y a deux siècles, une ancienne colonie européenne s’est mise en tête de rattraper l’Europe. Elle y a tellement réussi que les États-Unis d’Amérique sont devenus un monstre où les tares, les maladies et l’inhumanité de l’Europe ont atteint des dimensions épouvantables.
Camarades, n’avons-nous pas autre chose à faire que de créer une troisième Europe? L’Occident a voulu être une aventure de l’Esprit. C’est au nom de l’Esprit, de l’esprit européen s’entend, que l’Europe a justifié ses crimes et légitimé l’esclavage dans laquelle elle maintenait les quatre cinquièmes de l’humanité. Oui, l’esprit européen a eu de singuliers fondements. Toute la réflexion européenne s’est déroulée dans des lieux de plus en plus désertiques, de plus en plus escarpés. On prit ainsi l’habitude d’y rencontrer de moins en moins l’homme.
Un dialogue permanent avec soi-même, un narcissisme de plus en plus obscène n’ont cessé de faire le lit à un quasi délire où le travail cérébral devient une souffrance, les réalités n’étant point celles de l’homme vivant, travaillant et se fabriquant mais des mots, des assemblages divers de mots, les tensions nées des significations contenues dans les mots. Il s’est cependant trouvé des européens pour convier les travailleurs européens à briser ce narcissisme et à rompre avec cette déréalisation.
Conclusion
D’une manière générale, les travailleurs européens n’ont pas répondu à ces appels. C’est que les travailleurs se sont crus, eux aussi, concernés par l’aventure prodigieuse de l’Esprit européen.
Tous les éléments d’une solution aux grands problèmes de l’humanité ont, à des moments différents, existé dans la pensée de l’Europe. Mais l’action des hommes européens n’a pas réalisé la mission qui lui revenait et qui consistait à peser avec violence sur ces éléments, à modifier leur arrangement, leur être, à les changer, enfin à porter le problème de l’homme à un niveau incomparablement supérieur.
Aujourd’hui, nous assistons à une stase de l’Europe. Fuyons, camarades, ce mouvement immobile où la dialectique, petit à petit, s’est muée en logique de l’équilibre. Reprenons la question de la réalité cérébrale, de la masse cérébrale de toute l’humanité dont il faut multiplier les connexions, diversifier les réseaux et ré humaniser les messages.
Allons frères, nous avons beaucoup trop de travail pour nous amuser des jeux d’arrière-garde. L’Europe a fait ce qu’elle devait faire et somme toute elle l’a bien fait ; cessons de l’accuser mais disons lui fermement qu’elle ne doit plus continuer à faire tant de bruit. Nous n’avons plus à la craindre, cessons donc de l’envier. Le Tiers-Monde est aujourd’hui en face de l’Europe comme une masse colossale dont le projet doit être d’essayer de résoudre les problèmes auxquels cette Europe n’a pas su apporter de solutions.
Mais alors, il importe de ne point parler rendement, de ne point parler intensification, de ne point parier rythmes. Non, il ne s’agit pas de retour à la Nature. Il s’agit très concrètement de ne pas tirer les hommes dans des directions qui les mutilent, de ne pas imposer au cerveau des rythmes qui rapidement l’oblitèrent et le détraquent. Il ne faut pas, sous le prétexte de rattraper, bousculer l’homme, l’arracher de lui-même, de son intimité, le briser, le tuer. Non, nous ne voulons rattraper personne.
Mais nous voulons marcher tout le temps, la nuit et le jour, en compagnie de l’homme, de tous les hommes. Il s’agit de ne pas étirer la caravane, car alors, chaque rang perçoit à peine celui qui le précède et les hommes qui ne se reconnaissent plus, se rencontrent de moins en moins, se parlent de moins en moins.
L’Europe s’est refusée à toute humilité, à toute modestie, mais aussi à toute sollicitude, à toute tendresse. Elle ne s’est montrée parcimonieuse qu’avec l’homme, mesquine, carnassière, homicide qu’avec l’homme. Alors, frères, comment ne pas comprendre que nous avons mieux à faire que de suivre cette Europe-là.
Cette Europe qui jamais ne cessa de parler de l’homme, jamais de proclamer qu’elle n’était inquiète que de l’homme, nous savons aujourd’hui de quelles souffrances l’humanité a payé chacune des victoires de son esprit.
Allons, camarades, le jeu européen est définitivement terminé, il faut trouver autre chose. Nous pouvons tout faire aujourd’hui à condition de ne pas singer l’Europe, à condition de ne pas être obsédés par le désir de rattraper l’Europe.
L’Europe a acquis une telle vitesse, folle et désordonnée, qu’elle échappe aujourd’hui à tout conducteur, à toute raison et qu’elle va dans un vertige effroyable vers des abîmes dont il vaut mieux le plus rapidement s’éloigner
Il est bien vrai cependant qu’il nous faut un modèle, des schèmes, des exemples. Pour beaucoup d’entre nous, le modèle européen est le plus exaltant. Or, on a vu dans les pages précédentes à quelles déconvenues nous conduisait cette imitation. Les réalisations européennes, la technique européenne, le style européen, doivent cesser de nous tenter et de nous déséquilibrer.Quand je cherche l’homme dans la technique et dans le style européens, je vois une succession de négations de l’homme, une avalanche de meurtres.
La condition humaine, les projets de l’homme, la collaboration entre les hommes pour des tâches qui augmentent la totalité de l’homme sont des problèmes neufs qui exigent de véritables inventions. Décidons de ne pas imiter l’Europe et bandons nos muscles et nos cerveaux dans une direction nouvelle. Tâchons d’inventer l’homme total que l’Europe a été incapable de faire triomphe.Il y a deux siècles, une ancienne colonie européenne s’est mise en tête de rattraper l’Europe. Elle y a tellement réussi que les États-Unis d’Amérique sont devenus un monstre où les tares, les maladies et l’inhumanité de l’Europe ont atteint des dimensions épouvantables.
Camarades, n’avons-nous pas autre chose à faire que de créer une troisième Europe? L’Occident a voulu être une aventure de l’Esprit. C’est au nom de l’Esprit, de l’esprit européen s’entend, que l’Europe a justifié ses crimes et légitimé l’esclavage dans laquelle elle maintenait les quatre cinquièmes de l’humanité. Oui, l’esprit européen a eu de singuliers fondements. Toute la réflexion européenne s’est déroulée dans des lieux de plus en plus désertiques, de plus en plus escarpés. On prit ainsi l’habitude d’y rencontrer de moins en moins l’homme.
Un dialogue permanent avec soi-même, un narcissisme de plus en plus obscène n’ont cessé de faire le lit à un quasi délire où le travail cérébral devient une souffrance, les réalités n’étant point celles de l’homme vivant, travaillant et se fabriquant mais des mots, des assemblages divers de mots, les tensions nées des significations contenues dans les mots. Il s’est cependant trouvé des européens pour convier les travailleurs européens à briser ce narcissisme et à rompre avec cette déréalisation. »
Antonio Machado, Caminante no hay camino Extracto de Proverbios y cantares (XXIX)
Caminante, son tus huellas
el camino y nada más;
Caminante, no hay camino,
se hace camino al andar.
Al andar se hace el camino.
Marcheur, ce sont tes traces
ce chemin, et rien de plus;
Marcheur, il n’y a pas de chemin,
Le chemin se construit en marchant.
En marchant se construit le chemin.
Traduction de José Parets-LLorca
Asie
Ho Chi Minh et Nguyen Van Giap (Vietnam), Mao Tsé Toung et Chou En Lai (Chine), Mahatma Ghandi, Jawaharlal Nehru et Kirshna Mennon (Inde), Ahmad Soekarno (Indonésie), Mohamad Mossadegh et Ruhollah Khomeiny (Iran), Soghomon Tehlirian, Archavir Chiragian et Aram Yerganian (Opération Némésis-Arménie).
Amérique Latine
Fidel Castro et Camilio Gorarian Cienfuegos (Cuba), Ernesto Che Guevara de la Serna (Argentine), Jacobo Arbenz Guzmán (Guatemala), Salvador Allende (Chili), Don Helder Camara (Brésil), Raul Sendic (Uruguay), Camilio Torres Restrepo (Colombie), sus commandante Marocs (Mexique), Hugo Chavez (Venezuela), Evo Morales (Bolivie) et Rafael Correa (Équateur)
Monde Arabe
Gamal Abdel Nasser et Abdel Moneim Riyad (Égypte), Houari Boumediene, Ahmad Ben Bella, Larbi Ben M’Hidi et Ali La pointe de son vrai nom Ammar Ali et le petit Omar son camarade de lutte (Algérie). Yasser Arafat, Georges Habbache, Khalil Al Wazir (Abou Djihad), Mgr Hilarion Capucci, (Palestine). Mehdi Ben Barka et Omar Benjelloun (Maroc). Farhat Hached et Mohamad Bouazizi (Tunisie). Abdel Khaled Mahjoub et Hachem Al Atta (Soudan), Abdel Kawi Makkaoui, Abdel Fattah Ismail, Ali Nasser Mohamad Salem Robaye Ali (Yémen du sud). Sayyed Hassan Nasrallah, Samir Kintar, Georges Ibrahim Abdallah et Farjallah Helou (Liban).
Afrique
Nelson Mandela, Stephen Bantou Bio- Steve Biko (Afrique du Sud), Patrice Lumumba (Congo Kinshasa), Félix Moumié et Ruben Um Nyobé (Cameroun), Modibo Keita (Mali), Samora Machel (Mozambique), Amilcar Cabral (Guinée Bissau), Holden Roberto et Augustino Neto (Angola) Thomas Sankara (Burkina Faso) et Jerry Rawlings (Ghana).
Océanie
Jean Marie Tjibaou et Yeiwéné Yeiwéné (Kanak-Nouvelle Calédonie)
États Unis
Martin Luther King, Rosa Parks, Stokely Carmichael (Kwame Ture), Malcolm X, Tom Hayden et Scott Camil (anti war veterans-Vietnam).
France
Francis Jeanson, Henri Alleg, le Général Paris de la Bollardière, François Maspéro, Aimé Césaire et Frantz Fanon
Djamila Bouhired et Zohra Drif (Algérie), Leila Khaled et Dalal Al Moghrabi (Palestine), Soha Béchara (Liban), Myriam Makeba, «Mama Africa», la grande dame de la chanson sud-africaine anti-apartheid.
Que leur mémoire dans la conscience politique des peuples en lutte pour leur liberté vive éternellement
Hasta la victoria siempre – Ernesto Che Guevara de la Sierna
Références
- Le procès de la colonisation française et autres textes de jeunesse choisis et présentés par Alain Ruscio- Le temps des cerises
- « Discours sur le colonialisme, suivi du discours sur la négritude » Aimé Césaire – Présence Africaine
- « Une modeste passion » Antonio Skarneta – Point-virgule.
- « Les Damnés de la Terre » Frantz Fanon. Ed. François Maspero. Paris. 1961.
- Le Rapport Brazza. Mission d’enquête du Congo : rapport et documents (1905-1907)», préface de Catherine Coquery-Vidrovitch, Le Passager clandestin, Neuvy en-Champagne, 2014, 305 pages.
- http://www.renenaba.com/hispaniland-un-role-galvanisateur-dans-la-dynamique-contestataire-de-lordre-mondial/
- http://www.renenaba.com/liban-diaspora-12/
- L’Afrique et l’Amérique latine, base arrière de la guerre souterraine planétaire entre Israël et le Hezbollah
http://www.renenaba.com/liban-diaspora-2/2/
Grand merci, mon cher René. Tout ce qui passe par “ta plume”, ou par tes “choix”, sont de qualité exceptionnelle.
Tu mérites largement tous les titres honorifiques qui te sont décernés.