Dernière mise à jour le 22 janvier 2024
Par Seymour Myron Hersh.
«De militaires à militaires» ou Comment la hiérarchie militaire américaine a contourné le Président Barack Obama pour fuiter, via des pays tiers, des informations sur l’opposition djihadiste à destination de l’armée syrienne.
From Military to Military Seymour Myron Hersh London Review of Book Volume 38, N°1- Janvier 2016
http://www.lrb.co.uk/v38/n01/seymour-m-hersh/military-to-military
Adaptation en version française https://www.madaniya.info
1- Barack Obama à propos de la guerre de Syrie: une grille de lecture héritée de la guerre froide
La hiérarchie militaire américaine a témoigné de plus en vivement de son irritation face aux crispations du président Barack Obama à l’égard du dossier syrien, résultant de sa vision passéiste découlant de la grille de la guerre froide soviéto-américaine (1945-1989).
L’insistance de Barack Obama à répéter que le président syrien Bachar Al Assad doit quitter le pouvoir et qu’il existe des groupes de djihadistes modérés capables de le vaincre a provoqué ces dernières années une dissidence, voire même une franche opposition au sein de l’État Major inter-armes au Pentagone, écrit notamment Seymour Myron Hersh, dans la dernière livraison de la prestigieuse «London Review of Book», en date de janvier 2016.
Prix Pullitzer du reportage international, pour sa couverture du massacre de My Lai pendant la guerre du Vietnam ou encore celle du scandale de la prison d’Abou Ghraib en Irak, Seymour Myron Hersh est un journaliste d’investigation américain, spécialisé dans les affaires militaires américaines et les services secrets. Il écrit notamment pour The New Yorker et The New York Times, Auteur notamment du livre «La face cachée du Clan Kennedy» ainsi que d’une étude sur les manipulations politiques à propos de l’usage des armes chimiques en Syrie:
https://www.madaniya.info/2014/12/15/seymour-hersh-the-red-line-and-the-rat-line/
Ci joint les principaux passages des confidences du renseignement américain à Seymour Hersh sur la guerre de Syrie.
Le Haut Commandement américain déplorait notamment la «fixation» de Barack Obama à l’égard de l’allié russe de Bachar Al Assad, Vladimir Poutine, jugeant le président américain était «captif» du schéma passéiste de la guerre froide, tant en ce qui concerne la Russie que la Chine et n’a pas pour autant ajusté sa position quand bien même ces deux partageaient les mêmes inquiétudes que Washington concernant la progression du terrorisme en Syrie et la nécessité d’imposer un coup d’arrêt à l’Etat Islamique.
La résistance des militaires remonte à l’été 2013 avec la publication d’une note d’évaluation hautement confidentielle (Highly Classified) collectée par la DIA (Defense Intelligence Agency), le service des renseignements du départements de la défense, et l’État-major inter-armes, dirigé à l’époque par le Général Martin Dempsey, avertissant que «la chute du régime Assad entraînerait le chaos et que, potentiellement, la prise du pouvoir par les djihadistes en Syrie produira une situation analogue à celle de la Libye».
Se référant à un ancien conseiller auprès de l’État Major inter-armes, Seymour Hersh souligne toutefois que «le document constituait une esquisse d’évaluation établies sur la base des indices recueillies de sources humaines et des signaux par satellites» et «désapprouvait l’insistance de l’administration américaine à continuer à financer et à armer les prétendus groupes modérés».
Sauf qu’entre-temps, la CIA conspirait depuis plus d’un an avec le Royaume Uni, l’Arabie saoudite et le Qatar, pour convoyer depuis les arsenaux de Libye à la Syrie, via la Turquie, du matériel et des armes destinés à renverser Assad.
Les renseignements citaient «la Turquie comme obstacle à la politique syrienne d’Obama».(…) «Ce qui constituait au départ un programme américain clandestin pour armer et soutenir les rebelles modérés combattant Assad a été entériné par la Turquie pour se transformer en un programme technique et logistique trans-frontières, y compris pour l’État Islamique et Jabhat an Nosra». Or, les prétendus modérés se sont évaporés et l’Armée Syrienne Libre (ASL) était un groupe croupion confiné dans une base aérienne en Turquie», poursuit le journaliste américain se fondant sur les informations de son confident.
…«Le constat est sans ambiguïté: «Il n’existe pas d’opposition dite modérée et les États Unis étaient entrain d’armer des extrémistes». Le Lieutenant Général Michael Flynn, Directeur de la DIA (2012-2014) a confirmé que son agence avait envoyé un flot constant d’avertissements aux responsables civils à propos des conséquences désastreuses du renversement d’Assad.
…«Les djihadistes, insistait-il, contrôlent l’opposition syrienne et la Turquie ne faisait pas assez d’efforts en ce qui concerne le passage des combattants étrangers et des armes, via sa frontière….«Les citoyens américains piqueraient une crise s’ils étaient informés de la quantité d’informations que nous produisions quotidiennement, a confié à Seymour Hersh, le lieutenant général Michael Flynn….«Nous avions compris la stratégie à long terme d’ISIS (Etat Islamique), mais nous avions relevé aussi le fait que la Turquie regardait ailleurs quand il s’agissait (dans nos discussions) de la question de l’expansion de l’État Islamique en Syrie.
Le mémorandum de la DIA a été accueilli avec un profond rejet par l’administration Obama: «J’ai eu le sentiment qu’elle refusait d’entendre la vérité», a dit l’officier selon ses confidences à Seymour Hersh. «Notre politique d’armer l’opposition avait échoué et avait un impact négatif. L’État-major inter-armes estimait qu’Assad ne devait pas être remplacé par des fondamentalistes.
La politique de l’administration Obama était contradictoire. D’un côté, elle voulait le départ d’Assad, d’un autre côté l’opposition était dominée par les extrémistes. Alors, par qui le remplacer? C’est bien de dire qu’Assad doit partir, mais si vous poursuivez le raisonnement jusqu’au bout, nous aboutissons à la conclusion que n’importe qui d’autre serait mieux.
……«Le n’importe qui d’autre» constituait le fond du problème de l’état Major avec la politique de Barack Obama. Dans le même temps, la hiérarchie avait conscience qu’un défi à la politique d’Obama avait zéro chance de succès. Donc à partir de l’automne 2013, la hiérarchie militaire a décidé de prendre des mesures contre les extrémistes sans passer par les canaux politiques, en fuitant des informations de nature militaire, aux autres pays, sachant pertinemment que ces fuites parviendrait à l’armée syrienne et serait, par voie de conséquence, utilisée contre l’ennemi commun, l’État Islamique et Jabhat An Nosra.
2- L’Allemagne, la Russie et Israël, transitaire des fuites américaines à destination de la Syrie
L’Allemagne, la Russie et Israël étaient en contact avec l’armée syrienne, en mesure d’exercer une influence sur les décisions d’Assad. C’est par leur biais, que les renseignements en possession des services américains ont pu transiter. Chacun avait ses raisons de coopérer avec Assad. L’Allemagne redoutait les conséquences que pourrait avoir l’expansion de l’État Islamique sur les 6 millions millions de musulmans vivant sur son territoire; La Russie liée par une veille alliance avec la Syrie, se préoccupait du sort de son unique base militaire en Méditerranée, à Tartous. «Nous n’avions pas l’intention de dévier de la politique décide par Obama, mais l’échange de nos analyses avec d’autres pays, via des relations de militaires militaires (From military to military), pouvait s’avérer productif», a poursuivi ce conseiller.
Il était clair qu’Assad avait besoin des meilleurs renseignements tactiques et des conseils stratégiques. L’État Major interarmes en a déduit que si ces ses besoins étaient satisfaits, la bataille globale contre l’état Islamique en serait améliorée.
3- Obama, pas au courant du contournement
Obama n’a pas su que l’État-major interarmes avait procédé à son contournement. Mais Obama ne sait pas toujours ce que fait le Joint Chief of Staff (JCS) et ceci est vrai pour tous les présidents. À leur réception du flux de renseignements américains, l’Allemagne, la Russie et Israël transmettaient à l’armée syrienne des informations sur les localisations des groupes radiaux et sur leurs intentions. En retour, la Syrie fournissait des informations sur ses propres capacités et intentions.
Au lieu d’établir de contacts directs entre militaires américains et syriens, nous avons laissé aux pays bénéficiaires de disposer librement des informations et analyses collectées par les services américains à l’intention des écoles de guerre du pays.
«Nous disions aux Allemands et aux autres: «Voici quelques informations intéressantes et nos intérêts sont mutuels. Fin de la conversation». Le Joint Staff pouvait espérer ainsi que quelque chose de bénéfique pouvait en résulter de cette transmission, mais, pour lui, c’était une affaire de militaires à militaires et non un sordide complot visant à court-circuiter Obama pour soutenir Assad. C’était plus ingénieux que cela. Si Assad restait au pouvoir, cela ne résultait pas de notre fait, mais parce qu’il a été suffisamment intelligent pour entendre le conseils tactiques que nous fournissions aux autres».
4- Historique des relations entre les États Unis et la Syrie
…«Durant des décennies, les relations entre les États-Unis et la Syrie étaient empreintes d’hostilité. Assad a certes condamné les attentats du 11 septembre 2001, mais s’est opposé à la guerre d’Irak (2003). George Bush jr, tout au long de sa double mandature (2000-2008) a constamment inclus la Syrie dans «l’axe du mal» englobant l’Irak, l’Iran et la Corée du Nord.
….«Les documents du Département d’état, divulgué par Wikileaks, ont révélé que l’administration Bush jr a tenté de déstabiliser la Syrie et ses efforts se sont poursuivis sous la mandature Obama. En décembre 2006, William Roebuck, alors en charge de l’ambassade américaine à Damas, établissait un rapport sur «les vulnérabilités» du gouvernement Assad, répertoriant «les méthodes pouvant améliorer la probabilité des opportunités de déstabilisation» du régime baasiste. Le diplomate recommandait à Washington de collaborer avec l’Arabe saoudite et l’Égypte (à l’époque présidée par Hosni Moubarak) en vue d’exacerber les tensions sectaires et de donner une plus grande visibilité aux efforts syriens (la répression) contre les groupes extrémistes, opposants kurdes et fractions radicales sunnites».
5- Abdel Halim Khaddam, ancien vice président syrien, candidat de l’administration américaine en remplacement d’Assad, sur fond de financement des campagnes électorales de l’opposition
Le rapport suggérait en fait une campagne visant à démontrer «l’instabilité du régime, son affaiblissement, voie même son essoufflement, en vue de favoriser l’isolement de la Syrie, en soutenant le «Front de Salut National», dirigé par Abdel Halim Khaddam, ancien vice-président de la république syrienne, dont le gouvernement en exil était parrainé par le Royaume saoudien et la Confrérie des «Frères Musulmans». Cf en fin de texte note www.madaniya.info sur Abdel Halim Khadam.
Un autre document de 2006 révèle que l’Ambassade américaine à Damas avait financé les dissidents qui se présentaient comme candidats indépendants aux élections à l’Assemblée du peuple à hauteur de cinq millions de dollars. Le financement s’est poursuivi même quand il était devenu clair que les renseignements syriens étaient au courant de ce qui se tramait. Une note de l’ambassade américaine à Damas en date de de 2010 avertissait l’administration Obama que le lancement d’une chaîne de télévision basée à Londres et gérée par un groupe d’opposants syriens serait perçu par le gouvernement syrien comme un acte indirect d’hostilité au régime.
6- Coopération clandestine entre les États-Unis et la Syrie: Damas a déjoué une attaque d’Al Qaida contre le QG de la 5me flotte américaine à Bahreïn
Mais au delà de l’hostilité affichée de Washington à l’égard de Damas, il existait durant cette même période une histoire parallèle de coopération clandestine entre la Syrie et les États Unis.
Les deux pays ont ainsi collaboré contre Al Qaida, leur ennemi commun. Un conseiller de longue date du département opérationnel de l’État-major interarmes a affirmé que Bachar Al Assad, après le raid du 11 septembre 2001 contre les symboles de l’hyper-puissance américaine, a été «extrêmement utile, alors que nous, nous avons été grossier et maladroit avec la mine d’or qu’il nous a offerte».
La «coopération tranquille» syro-américaine s’est poursuivie entre un nombre restreint de personnes même après la décision de l’administration Bush Jr de diaboliser» le président syrien:
- En 2002, Assad autorisa les renseignements syriens à transmettre des centaines de dossiers de ses services sur les activités des Frères musulmans en Syrie et en Allemagne. Plus tard, toujours en 2002, les services de renseignements syriens ont déjoué une attaque d’Al Qaida contre le quartier général de la 5eme flotte américaine basée à Bahreïn, la flotte de l’Océan Indien-Golfe arabo-persique).
- Assad a également accepté de donner le nom d’un informateur d’Al Qaida. En violation de l’accord syro-américain, la CIA a contacté directement l’informateur qui refusa l’approche et rompu ses contacts avec ses traitants syriens.
- Assad a en outre livré secrètement des proches de Saddam Hussein, l’ancien président irakien, réfugiés en Syrie, et à l’instar des alliés des États Unis (Jordanie, Égypte, Thaïlande et autres), Assad a pratiqué la rendition, la sous traitance des prisonniers américains sur le territoire syrien.
Cette ancienne coopération tranquille a conduit la hiérarchie militaire à déduire, en 2013, que la Syrie serait d’accord pour partager à nouveau des renseignements avec les États Unis.
Le Joint Staff Committee a présenté en retour 4 requêtes:
- Assad doit empêcher le Hezbollah d’attaquer Israël.
- Reprendre les négociations avec Israël pour régler le contentieux sur le plateau du Golan.
- Accepter des conseillers russes ou à tout le moins étranger, venant de l’extérieur du pays.
- S’engager à organiser des élections livres à la fin des hostilités en y incluant une large fraction des protagonistes du conflit.
«Nous avons eu un retour positif de la part des Israéliens. D’accord pour envisager l’idée sous réserve de connaître, au préalable, les réactions de l’Iran et de la Syrie (…). Les Syriens nous ont fait savoir qu’Assad ne prendra aucune décision unilatérale, devant au préalable s’assurer du soutien de ses soldats et de ses alliés alaouites. (..). «Assad craignait qu’Israël ne se rétracte après avoir répondu positivement.
7- Les confidences d’un Conseiller du Kremlin
Un important conseiller du Kremlin pour les affaires du Moyen-orient a confié à Seymour Hersh qu’ «Assad a approché Israël, fin 2012, via un contact à Moscou, à la suite de ses revers militaires et la défection des soldats de l’armée gouvernementale, proposant la reprise des pourparlers sur le Golan, mais qu’Israël avait rejeté cette offre, faisant valoir qu’ «Assad est fini. Il est prêt de la fin». «Les Turcs ont fourni la même réponse», a ajouté le conseiller russe.
«Toutefois, en 2013, les Syriens pensaient que le pire était derrière eux et veillaient à obtenir des garanties sur le sérieux de l’offre des Américains et des autres.
8- Les débuts des négociations avec Assad: «Apportez la tête de Bandar»
700 millions de dollars, le montant des fonds saoudiens pour l’opposition syrienne pour 2015
Au début, il a fallu définir les besoins d’Assad comme preuve de notre bonne volonté. La réponse nous est parvenue par l’intermédiaire d’un de ses amis: «Apportez lui la tête de Bandar», le prince Bandar Ben Sultan, l’ancien chef des services de renseignements saoudiens et le principal animateur du djihadisme anti Assad. Le Joint Chief of Staff ne s’est pas senti concerné par cette demande et n’y a pas donné suite …(«did not oblige»).
Ambassadeur d’Arabie saoudite pendant près de Vingt ans, Bandar était désigné du sobriquet de «Bandar Bush» en raison de ses liens étroits avec l’administration républicaine particulièrement le clan Bush. Il était le plus ferme partisan d’un renversement du régime Assad par tout moyen possible.
Il a été relevé de ses fonctions à la suite des revers militaires successifs des djihadistes en Syrie, mais l’Arabie saoudite continue d’être le principal bailleur de fonds de l’opposition syrienne. Les renseignements américains estiment à 700 millions de dollars, la contribution de l’Arabie saoudite en 2015 au financement des djihadistes en Syrie.
9- Le détournement du trafic d’armes vers la Syrie de la Libye à la Turquie, avec à la clé des armes obsolètes turques aux djihadistes de Syrie
……«En juillet 2013, L’État-major interarmes trouve un moyen plus direct de prouver à Assad sa volonté de l’aider: Le ravitaillement en armes de l’opposition syrienne depuis la Libye, via la Turquie et supervisé par la CIA avec l’accord du Département d’État à partir de Benghazi depuis la mort de Kadhafi le 20 octobre 2011. Or le 11 septembre 2012, l’ambassadeur américain en Libye, Christopher Stevens était tué lors d’une manifestation américaine ayant entraîné l’incendie du consulat des États Unis à Benghazi.
Des journalistes du Washington Post ont déniché des pages de l’emploi de l’ambassadeur dans les ruines de l’immeuble. Christopher Stevens avait rencontré la veille, le 10 septembre, le chefs des opérations de l’antenne de la CIA et le lendemain, soit peu de temps avant mort, le représentant de la compagnie maritime «Al MARFA», société basée à Tripoli connue de la hiérarchie militaire américaine pour «gérer les expéditions d’armes».
Fin 2013, la note d’ évaluation de la DIA était diffusée, mais bon nombre des membres de la communauté du renseignement était déjà parfaitement au courant du fait que l’opposition syrienne était dominée par les extrémistes. Les armes convoyés sous parrainage de la CIA continuaient de parvenir à l’opposition et continuer dans le même temps à créer des problèmes à Assad. Le stock de Kadhafi s’est transformé en vrai bazar, malgré les prix élevés pratiqués.
….«Impossible d’interrompre les expéditions d’armes autorisées par le Président. La solution consistait à solliciter le portefeuille de la CIA. L’État-major contacte alors l’agence pour lui suggérer que les prix des armes étaient plus abordables dans l’arsenal turc et que leur acheminement serait plus économique et en réduirait le coût du fait que le transport se ferait par la route et non par la mer.
…«La CIA n’était pas l’unique bénéficiaire de ce trafic. Nous avons travaillé aussi avec les Turcs, qui étaient nos amis et qui n’étaient pas tous des partisans d’Erdogan. Les Turcs ont fait parvenir aux djihadistes de Syrie des armes obsolètes de leur arsenal dont des carabines M1, jamais utilisées depuis la guerre de Corée dans la décennie 1950 et une quantité d’armes soviétiques.
…«Un clair message qu’Assad pouvait comprendre qui se résumait en ces termes: Nous sommes en mesure de brider l’élan de la politique présidentielle». Les renseignements fournis par les Américains à l’armée syrienne et la mauvaise qualité des armes livrées aux rebelles intervenaient à un moment critique.
10- Après la perte de Raqqa, fin 2013, le pouvoir contrôlait toujours 80 % de la population syrienne
..«L’armée syrienne avait essuyé de lourdes pertes au printemps 2013 dans leur guerre contre Jabhat an Nosra et les autres groupements extrémistes. Il n’avait pas réussi à l’époque à conserver la capitale régionale de Raqqa. Les raids de l’aviation syrienne se sont poursuivis, de manière sporadique, dans cette zone faiblement peuplée et difficile d’accès du Nord et de l’Ouest de la Syrie, jusqu’au moment où l’armé syrienne a décidé de consolider l’emprise du pouvoir sur Damas et les zones peuplées reliant la capitale à Lattaquieh, dans le nord-est du pays.
…«Mais pendant que l’armée syrienne reprenait des forces, aidée en cela par l’État-major américain, l’Arabie saoudite, le Qatar et la Turquie augmentaient leur aide, en fonds et en armes à Jabhat An Nosra et à l’État Islamique, lequel avait enregistré, fin 2013, d’importants succès des deux cotés de la frontière syro irakienne.
…«Les rebelles non fondamentalistes, à tout le moins le reliquat de ce qui en restait, perdaient bataille sur bataille contre leurs rivaux extrémistes.
…«En janvier 2014, l’État Islamique reprenait à Jabhat An Nosra le contrôle de Raqqa et des zones tribales de la zone pour y établir une de ses principales bases dans cette ville. Assad avait perdu de vastes superficies de son territoire mais contrôlait encore 80 pour cent de la population syrienne.
11- Des camps d’entraînement de la CIA en Jordanie pour les supplétifs syriens
…«Les efforts de la CIA pour former des forces rebelles avaient complètement échoué. Les camps d’entraînement de la CIA en Jordanie pour la formation des forces rebelles étaient gardés par une tribu syrienne. Le soupçon s’est porté sur la présence infiltrée de soldats de l’armée régulière syrienne, sans uniforme, parmi les rebelles pour espionner le camp, a indiqué le conseiller militaire américain en avançant le précédent de l’Irak.
«Au plus fort de la guerre d’Irak, des centaines de miliciens chiites se présentaient dans les camps d’entraînement pour acquérir armes et uniformes et disparaissaient dans le désert après quelques jours d’entraînement», a-il poursuivi.
…«Un autre programme d’entraînement initié conjointement par la Turquie et le Pentagone n’a pas connu un meilleur succès. Le Pentagone a d’ailleurs admis en septembre 2014 que seuls 4 à 5 recrues continuaient de combattre l’État Islamique.
«Quelques jours plus tard 70 recrues faisaient défection rejoignant Jabhat An Nosra dès leur entrée en Syrie.
En Janvier 2014, désespéré par l’absence de progrès, John Brennan, Directeur de la CIA, convoqua les chefs des renseignements américains et arabes et sunnites à travers le Moyen orient pour une conférence secrète à Washington en vue de persuader l’Arabie saoudite d’accentuer leur soutien aux combattants extrémistes en Syrie. «Les Saoudiens ont exprimé leur satisfaction de tels propos».
Le conseiller américain confident de Seymour Hersh lâcha alors désabusé: «Ainsi ils se sont réunis à Washington pour entendre Brennan les inviter à s’allier avec les prétendus modérés». Son message pouvait se résumer comme suit: Si le soutien à Jabhat An Nosra et l’État Islamique cessait, leurs armes et munitions allaient tarir et les modérés en sortiraient gagnant».
Le message de Brennan a été ignoré par les Saoudiens lesquels aussitôt de retour chez eux, ont pris l’exact contre-pied de ses conseils, «ont accentué leur aide aux extrémistes, nous sollicitant pour un soutien technique accru. Naturellement, nous avons souscrit à leur demande».
12- L’ambition cachée d’Erdogan: le soutien de la Turquie à Jabhat an Nosra pour turbuler le Moyen-Orient et restaurer l’Empire ottoman
Le soutien aux djihadistes ne constituait pas le seul problème. Les renseignements américains avaient accumulé des messages et des informations de sources humaines attestant du soutien du gouvernement néo-islamiste depuis des années à Jabhat An Nosra et depuis peu à l’État islamique.
«Nous pouvons gérer les soutiens. Nous pouvons gérer les Frères Musulmans. Vous pouvez prétendre que l’équilibre de la zone repose sur une forme d’assurance de destruction mutuelle mutuelle entre Israël et le reste du Moyen-orient et que la Turquie peut dérégler cet équilibre. Ceci est le rêve d’Erdogan.
Nous lui avons intimé de fermer les corridors par où transitaient les djihadistes qui affluaient en Turquie. Mais il a de grand rêves: restaurer l’Empire ottoman. Il n’a pas réalisé à quel point il disposait de pouvoirs pour faire aboutir ce projet.
13- Les relations de «Militaires à Militaires»: une constante des relations russo-américaines. Des informations russes sur les cachettes de Ben Laden
Une des constantes des relations russo américaines depuis l’effondrement de l’Union soviétique, en 1989-1990, a été la relation «De militaires à Militaires». Depuis 1991, les États Unis ont dépensé ainsi des milliards de dollars pour aider la Russie à sécuriser son complexe d’armement nucléaire, se livrant à des opérations secrètes conjointes pour délocaliser des armes nucléaires stockées dans des dépôts non sécurisés au Kazakhstan. Des programmes conjoints pour la surveillance de la sécurité de l’armement se sont poursuivis pendant deux décennies.
En Afghanistan, en 2001, lors de la guerre conte le terrorisme lancée par George Bush jr contre les Taliban, «la Russie a autorisé le survol de son espace aérien par des avions-cargos américains, ravitaillant la machine de guerre américaine en armes, munitions et nourriture».
«De même, les Russes ont fourni des informations sur les cachettes d’Oussama Ben Laden, le fondateur d’Al Qaida et ont soutenu les États Unis apporté dans leur négociations visant à obtenir une base militaire dans le Kirghizistan.
«L’État-major interarmes a été en contact constant avec ses homologues russes tout au long de la guerre syrienne, au plus haut niveau.
«En Août, quelques semaines avant son départ à la retraite, le chef d’État Major interarmes, le Général Martin Dempsey a fait une visite d’adieu au quartier général des forces de défense irlandaises à Dublin. Devant son auditoire, il a déclaré qu’il s’était efforcé durant son mandat de garder le contact avec son homologue russe, le Général Valery Gerrasimov, ironisant sur l’évolution sur la nature de leurs relations par une boutade: «Nous ne terminons pas nos carrières respectives comme nous les avions commencé, l’un sur un char de commandement en Allemagne de l’Ouest, l’autre à l’EST».
14 -Coordination russo-américaine contre l’État Islamique
…«Quand il s’est agi de s’attaquer à l’état Islamique, les Russes et les Américains avaient beaucoup à s’offrir les uns les autres. Nombre de combattants de l’état Islamique ont combattu dans les deux guerres de Tchétchénie, commencée en 1994 et le gouvernement de Vladimir Poutine est lourdement engagé dans la lutte contre le terrorisme islamiste.
La Russie connaît les dirigeants de l’état islamique, de même que leurs techniques opérationnelles et dispose donc de beaucoup d’informations à partager. En contrepartie, Nous disposons d’excellents instructeurs avec une longue expérience dans l’entraînement des combattants étrangers, expérience que les Russes n’ont pas, poursuit le conseiller militaire américain dans son récit à Seymour Hersh.
Le conseiller s’abstient toutefois de mentionner le fait que les services de renseignements disposait de la possibilité de soudoyer des rebelles pour d’obtenir des données sur les cibles djihadistes.
Note www.madaniya.info à propos d’Abdel Halim Khaddam
Caution sunnite inamovible du pouvoir alaouite pendant 30 ans, Abdel Halim Khaddam, ministre des Affaires étrangères, une personnalité de premier plan présumée socialiste du régime baasiste, cédera finalement aux sirènes des pétrodollars saoudiens, avant de se désintégrer, cédant aux sirènes des pétrodollars saoudiens et son prolongement l’affairisme Haririen et l’intégrisme religieux des «Frères Musulmans», avant de se carboniser. Détail piquant, l’homme en charge du dossier libanais en Syrie pendant 30 ans, celui-la même qui était craint par les diverses factions libanaises et redouté par les chancelleries arabes et occidentales qui tonnait la foudre et ordonnait les accalmies, à ce titre responsable au premier chef des dérives syriennes au Liban, le vice-président de la République Abdel Halim Khaddam, sera promu comme sauveur suprême de la Syrie et du Liban. Il se retrouvera relégué aux oubliettes de l’histoire lâché par tous, y compris par ses nouveaux alliés, l’organisation des « Frères musulmans », celle là même qui s’était lancée à l’assaut du pouvoir, en février 1982, en vue de faire trébucher le régime baasiste dont il était un des piliers, à quatre mois de l’invasion israélienne du Liban. Le bien nommé Khaddam, dont le patronyme en arabe signifie littéralement «le serviteur», reniera singulièrement son militantisme après avoir abusivement ponctionné le Liban, opérant par cupidité la plus retentissante reconversion de l’histoire politique récente, finissant sa vie en factotum de son coreligionnaire sunnite libanais Rafic Hariri. Amplement gratifié de sa forfaiture d’un somptueux cadeau, -la résidence du nabab pétrolier grec, Aristote Onassis, sur la plus célèbre artère de la capitale française, l’Avenue Foch. Judas a trahi son Seigneur pour trente deniers. D’autres trahisons valent certes leur pesant d’or mais accablent le renégat d’un discrédit pour l’éternité».
Sur la responsabilité des islamophilistes français dans le désastre de Syrie
François Burgat et Ignace Leverrier
Nabil Ennasri, Romain Caillet
IRAK. « vol » de matériaux radioactifs. Par qui et Pourquoi ?
La peur suscitée par le vol par Daech/ISIS de matière radioactive pouvant servir à fabriquer une bombe sale vise un but bien précis et inquiétant : la préparation psychologique des populations à l’utilisation par la Triade (Arabie, Israël, Turquie) de bombes nucléaires tactiques contre la Syrie.
Si vous avez lu mon article intitulé SYRIE. Plans « d’attaque nucléaire » par les perdants, vous savez
– qu’il y a plus de 80 armes nucléaires tactiques (nukes [2]) américaines entreposées à la base aérienne d’Incirlik dans le sud de la Turquie;
– que les préparatifs ont été faits pour « voler » et déployer ces armes nucléaires par la triade turco-saoudo-israélienne,
– que de gentils Israéliens ont modifié spécialement les F16 pour pouvoir transporter et larguer ces bombes, dont ils ont fait la démonstration au Yémen [3].
– et que les mêmes Israéliens ont formé les pilotes saoudiens et turcs pour cette mission humanitaire et conforme à l’enseignement talmudique [4] .
http://numidia-liberum.blogspot.com/2016/02/irak-vol-dun-materiau-radioactif-par.html