La criminalité transnationale : Nébuleuse de la Mafia et Hit parade des paradis fiscaux 2/2

La criminalité transnationale : Nébuleuse de la Mafia et Hit parade des paradis fiscaux 2/2 938 440 René Naba

Dernière mise à jour le 12 octobre 2016

Le hit parade des paradis fiscaux

En 2016, dans la foulée du scandale des «Panama papers», le classement des paradis fiscaux s’établissait comme suit :

  • 1er-Iles Caïmans avec des dépôts de l’ordre de 1.310 milliards de dollars.
  • 2e-Hong Kong, 1020 milliards de dépôts, majoritairement des capitaux chinois.
  • 11eme rang Panama avec des dépôts de l’ordre de 50 milliards de dollars

Cinq paradis fiscaux sont situés sur le continent européen : Pays Bas (3eme position) pour des dépôts de 946 milliards de dollars, Luxembourg (6eme position) avec 435 milliards de dollars, suivi de l’Irlande,- siège off shore des multinationales américaines Google-Amazon pour l’optimisation fiscale de leurs revenus-, avec des dépôts de 300 milliards de dollars. En fin de liste, les îles britanniques de Jersey (127 milliards de dollars) et Guernesey (98 milliards).

Sur le plan français, trois banques sont montrées du doigt: le Crédit Agricole, la Société Générale et BNP. Par le biais de ses rachats et de ses propres filiales, le Crédit agricole a administré pas moins de 1.129 structures offshore –un stock similaire à celui de la Société générale (1.005 sociétés). La BNP semble moins gourmande (468 sociétés), mais a utilisé des concurrents de Mossack Fonseca pour domicilier d’autres structures, sur lesquelles les «Panama papers» restent muets. A chaque fois, les banques n’ont pas hésité à proposer les services les plus opaques (actions au porteur, prête-noms, fondations) pour aider leurs clients à dissimuler leur identité.

30 pays contaminés par les narco-dollars

Une trentaine de pays paraissent contaminés par les narco-dollars, dont treize en Amérique latine (Argentine, Brésil, Bolivie, Colombie, Équateur, Guatemala, Haïti, Mexique, Panama, Paraguay, Pérou, Salvador, Venezuela), quatre en Asie (Birmanie, Pakistan, Thaïlande, Cambodge), huit dans l’ancien bloc soviétique (Pologne, Bulgarie, Russie et les républiques musulmanes d’Asie Centrale), trois au Moyen-Orient (Turquie, Syrie, Liban) et deux en Afrique (Nigeria et Guinée).
Les pays occidentaux sont également contaminés par l’argent sale, avec en tête naturellement, les États-Unis, quadrillés depuis l’époque de la prohibition, dans les années 20, par de grandes familles mafieuses. En Italie, berceau de la mafia, où une vaste opération de lutte contre la corruption baptisée «Mains propres» a été déclenchée, faisant vaciller les fondements de la république, la commission parlementaire anti-mafia a estimé que les narco-dollars représentaient 15 pour cent des sommes placées en Bourse en Italie, alors qu’en Allemagne, la «pizza connection» aurait permis de blanchir entre deux et cinq milliards de dollars.

En France, un retentissant rapport du Centre d’Analyse et de prévision du ministère des Affaires étrangères met en cause pétroliers et militaires français dans le trafic. «L’Afrique francophone subsaharienne reste un point d’entrée dans le système financier international. Les compagnies pétrolières participent à l’opacité du négoce de l’or et sont parties prenantes au projet de zone franche de São-Tomé dont tout indique qu’elle sera un maillon important dans la criminalisation des échanges commerciaux et financiers. Les forces armées sont compromises dans la consommation ou le trafic de stupéfiants (Tchad, Djibouti) et dans la fraude du diamant (République Centre africaine)», est-il notamment écrit dans ce rapport en date du 29 juin 1995 et dont des extraits ont été publiés dans l’hebdomadaire satirique « Le Canard Enchaîné».

Sur les 57 paradis fiscaux ou pays à NEO aberrants recensés à travers le monde, 38 enclaves présentent cette singulière caractéristique de ne pas disposer, ou de ne pas rendre disponible, de données chiffrées sur leurs dépôts bancaires étrangers. Parmi ces enclaves, citons Aruba, ancienne dépendance néerlandaise des Caraïbes jusqu’en 1996 et l’île malaisienne de Labuan dans le Pacifique qui abrite tout de même 21 banques et onze «trust companies».

En Europe, la principauté du Liechtenstein, havre de 40.000 compagnies offshore, ne détient pas non plus de données en matière de dépôts bancaires étrangers. Elle fait, à ce titre, l’objet d’une attention qualifiée de «priorité élevée» de la part du Bureau des narcotiques du département d’état américain.

Chypre, de son côté, est devenue depuis l’effondrement de l’ancien bloc soviétique un havre du capital russe sans doute en raison des affinités socioculturelles entre ces deux pays orthodoxes.

Dans un dossier spécial consacré aux «Mafias du Monde», l’hebdomadaire français l’Express indique que la Banque Centrale de Nicosie avait autorisé, en 1992, la création de 2.892 sociétés offshore, dont 53,5 pour cent appartenant à des hommes d’affaires d’Europe de l’Est, quintuplant en un an le nombre de ces sociétés à régime fiscal particulier. Près de dix mille russes considèrent déjà la partie grecque de l’île comme leur seconde patrie, aménageant dans la ville portuaire de Limassol des restaurants russes, assurant même l’édition de deux journaux de langue russe.

Un des derniers nés des paradis fiscaux qui se veut d’ailleurs le plus performant sont les Seychelles. Le gouvernement de cette île de l’océan indien a adopté, en novembre 1995, un «Seychelles economic development act» qui accorde l’immunité aux investisseurs étrangers contre toute poursuite criminelle et une protection totale contre toute mesure de saisie de leurs biens, à moins que les actes de violence ou le trafic de drogue aient été commis sur le territoire des Seychelles. Le montant initial de l’investissement permettant de profiter d’une telle protection a été fixé à dix millions de dollars.

Nauru: Cet état de Micronésie (pacifique) de 21 km2 pour dix mille habitants, est la plus petite république du monde. 400 banques et sociétés offshore sont enregistrés auprès d’une seule boite NAC (Nauru Agency Corporation) par où selon la banque centrale de Russie, ont transite en 1999 plus de 😯 milliards de dollars.

La nébuleuse de la MAFIA

«Mafieux de tous les pays, unissez-vous», tel pourrait être le mot d’ordre des organisations criminelles transnationales (OCT) depuis la chute du communisme en 1990 et la mondialisation de l’économie du marché. ce qui a entraîné par contrecoup un essor de la coopération inter-mafieuses des deux côtés du rideau de fer et un branle-bas de combat au sein des grands services occidentaux FBI, Scotland Yard et le BKA (police criminelle fédérale allemande, dont le siège est à Wiesbaden) destiné à combattre ce nouvel «international du crime».

Le premier sommet inter-mafia Est-Ouest s’est tenu d’ailleurs un an à peine après l’effondrement du bloc soviétique, en mars 1991 à Varsovie, entre représentants de Cosa Nostra (mafia italo-américaine) et les chefs des groupes criminels de l’ancienne Union soviétique. Le second en 1992 à Prague.
Entreprise d’envergure planétaire disposant de moyens supérieurs à bien des états du tiers-monde, les mafias sont des sociétés criminelles à recrutement initiatique conçues pour être pratiquement indestructibles. Elles brassent des dizaines de milliards de dollars par an et menacent gravement les flux financiers légitimes. Raymond Kendall, secrétaire général d’Interpol, a admis en avril 1994 que sur le fichier de 250.000 grands malfaiteurs gérés par Interpol, 200.000 étaient liés au narco-trafic.

Huit grandes confédérations mafieuses ou organisations criminelles transnationales (OCT) étalent leur tentacule sur l’ensemble de la planète ne négligeant aucun secteur d’activité.

Depuis le début de la décennie 1990, la mafia internationale soucieuse de diversifier ses activités a massivement investi en Europe de l’EST, rachetant palaces et entreprises privatisées. En contrepartie, la mafia russe s’est lancée à la conquête de l’Ouest, dans une sorte de division internationale du travail criminel. Jetant une tête de pont vers le Japon via l’île de Hokkaido et vers les enclaves de Hong kong et de Macao, solidement implantée en Allemagne, notamment à Hambourg et à Francfort, elle talonne sérieusement désormais la mafia italo-américaine de Brooklyn (USA).

Sur les 200.000 immigrés russes arrivés aux États-Unis depuis les années 70, plus de cinquante mille se sont établis à Brooklyn. Parmi eux, selon les calculs du FBI, près de 2.000 travaillent de façon régulière pour les 29 gangs opérant dans le quartier. Depuis 1995, le FBI enquête d’ailleurs sur 35 «affaires» concernant les russes sur le territoire américain.

1)-Les États-Unis: Émanation de la Cosa Nostra italienne, 25 familles mafieuses se partagent le territoire américain avec de solides point d’ancrage à Chicago, La Nouvelle Angleterre, La Floride et les villes de jeux Las Vegas et Atlantic City. Cinq familles se partagent New York depuis 1931, la plus puissante étant la famille Genovese, suivie par Gambino, Colombo, Lucchese et Bonano. La mafia italo-américaine des États-Unis s’est spécialisée dans le trafic des stupéfiants, le racket des branches industrielles, tel le traitement des ordures de New York, les jeux illégaux, le piratage d’appels d’offres, les prêts à des taux d’usure etc…

2)-Russie: Une centaine de formations permanentes, regroupant près de 200.000 combattants, repartis en 150 régiments encadrés par sept cent chefs et cadres, disposent de connexions internationales sérieuses, notamment en Allemagne et dans les pays de l’ancien bloc soviétique. Le groupe du Caucase -arméniens, Azéris, Daguestanis, Géorgiens et Tchétchènes- est généralement considéré comme l’un des plus efficace notamment dans le marché noir, le pillage des entrepôts d’état, le trafic d’armes (Caucase, ex-Yougoslavie, Algérie ) et le trafic des Stupéfiants.

3)-Le Japon: 60.000 Yakuzas, membres d’une organisation mafieuse sont initiés au sein de 3.500 clans eux-mêmes rassemblés au sein de grandes confédérations criminelles.

Les trois plus importantes sont Yamaguchi Gumi, Inagawa Kai et Sumiyoshi Kai qui regroupent les deux tiers des clans. Solidement implantée en Corée du Sud en Australie et aux Etats-Unis, notamment à Hawaï sur la Côte-Ouest des États-Unis, la mafia japonaise opère dans le domaine du trafic des amphétamines, le racket des entreprises, le piratage des marchés publics, la contrebande d’armes et les jeux illégaux.

4)- Le Mexique: Six grands cartels (Culiacan, Guadalajara, Juarez, Matamoros, Sonora et Tijuana) déclarent une centaine de bandes criminelles qui exploitent les 3.200 ms de frontière avec l’Amérique.
Bien installes dans l’appareil politico-administratif mexicain, les cartels mexicains sont spécialises dans la traite massive d’immigrants chinois clandestins en liaison avec les triades, ainsi que dans le trafic vers les États-Unis de stupéfiants produits localement (Marijuana) ou importés de Colombie (Cocaïne).

5)- La Colombie: Deux grands cartels (Medelin et Cali, articulés selon une organisation pyramidale comprenant un millier de cadres dirigeants et soutenus par 25.000 groupes criminels de base, contrôlent 75 pour cent de la production mondiale de la Cocaïne, avec des ramifications dans chaque branche de la production et à chaque étape de sa commercialisation: groupe spécialisé dans l’agriculture, la chimie, le transport intercontinental, la vente en gros, le cartel assurant au sommet, la coordination, la transmission des informations et la protection générale de l’ensemble.

6)- L’Italie: La mafia italienne compte quatre grandes confédérations mafieuses, disposant globalement de près de cent mille 110.000 adhérents, assurant une présence dans 42 pays. La répartition des zones d’implantation s’établit comme suit: La Cosa Nostra, en Sicile, dispose de 40.000 à 50.000 personnes regroupées autour de 130 familles recrutées selon des critères biologiques, la Camorra, dans la région de Naples, compte 110 familles et près de dix mille adhérents, Ndragheta (Calabre) 150 familles, 5500 cadres et soldats, enfin Sacra Corona Unita (pouilles), 32 familles, 2.500 membres.

7)- La Turquie: Une dizaine de grands clans turco-kurdes (Ayanoglou, Baybasin, Cakili, Heybeti, Karaduman, Ulucan) dirigés par des parrains puissants et bénéficiant de solides appuis politiques, se livrent à un intense trafic d’héroïne entre l’Asie centrale et l’Europe. Se présentant comme des armateurs, en héritage de l’activité de contrebande florissante sous l’Empire Ottoman, la mafia turque est bien implantée en Europe (Allemagne, Espagne, Pays-Bas et Suisse). Son activité de prédilection est la contrebande de matériel électronique et vidéo, la contrefaçon de documents officiels, piratage de marchés publics, la prostitution et le racket.

8)- Les Chinois et leurs fameuses six grandes triades constituent sans nul doute la première organisation criminelle du monde avec plus de cent mille initiés.
Trois triades sont basées à Hong Kong (Sun Yee On, 14 K, Fédération WO), deux à Taïwan (Bambou Uni, Bande des 4 mers) et une en Chine (grand cercle). Fondé en 1919 à Canton, SUN YEE ON est le premier gang du monde. Il compte 60.000 membres. Fondé en 1947 également à Canton pour soutenir le Kuomintang replié en 1949 à HongKong face à l’avance communiste, 14 K compte 24.000 membres.

Fondé en 1908, Fédération WO compte 29.000 membres divisés en 10 clans et règne sur l’Ouest de HongKong. Bambou Uni à Taïwan compte 20.000 membres, répartis en 13 clans. Il a été fondé en 1956 par un groupe de criminels expulsés de Hong Kong, alors que la Bande des 4 Mers ne regroupe que 5.000 membres. Grand cercle a été fondé en Chine par d’anciens gardes-rouges. Ses effectifs ne sont pas connus tout comme la date de sa fondation.
Trafic de stupéfiants et d’armes, trafic d’émigrants clandestins chinois, de véhicules volés, piratage audio et vidéo, jeux illicites, racket, usure, prostitution, pornographie constituent la gamme de leurs activités qui s’étendent à l’ensemble de la zone Asie-Pacifique en plus de l’Australie, avec de solides réseaux en Amérique du Nord et des infiltrations en Europe.

Le Hit Parade des Paradis Fiscaux

En 2016, dans la foulée du scandale des «Panama papers», le classement des paradis fiscaux s’établissait comme suit:

  • 1er-Iles Caïmans avec des dépôts de l’ordre de 1.310 milliards de dollars.
  • 2e-Hong Kong, 1020 milliards dé dépôts, majoritairement des capitaux chinois.
  • 11eme rang Panama avec des dépôts de l’ordre de 50 milliards de dollars

Cinq paradis fiscaux sont situés sur le continent européen : Pays Bas (3eme position) pour des dépôts de 946 milliards de dollars, Luxembourg (6eme position) avec 435 milliards de dollars, suivi de l’Irlande,- siège off shore des multinationales américaines Google-Amazon pour l’optimisation fiscale de leurs revenus-, avec des dépôts de 300 milliards de dollars. En fin de liste, les îles britanniques de Jersey (127 milliards de dollars) et Guernesey (98 milliards).

Sur le plan français, trois banques sont montrées du doigt: le Crédit Agricole avec 1.120 structures off-shore, la Société Générale (1.005 sociétés off shore) et BNP 468 sociétés).

Par le biais de ses rachats et de ses propres filiales, le Crédit agricole a administré pas moins de 1.129 structures offshore –un stock similaire à celui de la Société générale (1.005 sociétés). La BNP semble moins gourmande (468 sociétés), mais a utilisé des concurrents de Mossack Fonseca pour domicilier d’autres structures, sur lesquelles les «Panama papers» restent muets. A chaque fois, les banques n’ont pas hésité à proposer les services les plus opaques (actions au porteur, prête-noms, fondations) pour aider leurs clients à dissimuler leur identité.

Les zones franches et paradis fiscaux constituent de puissants lieux de trafic, de transformation et de redistribution des richesses. Reposant essentiellement sur la «dérogation», un affranchissement des contraintes en vue d’impulser l’économie mondiale, ils constituent par excellence l’Anti-monde, c’est à dire des espaces sinon hors la loi, du moins hors la loi commune, l’envers du système mais partie intégrante du système mondial.
Ces places financières offshore proposent une faible fiscalité, un secret bancaire absolu, la préservation de l’anonymat des propriétaires des sociétés, une coopération fiscale et judiciaire réduite, voire quasi inexistante avec d’autres pays.
Près de cinq mille milliards de dollars, soit la moitié des actifs financiers transfrontaliers, seraient basés dans ces centres offshore, qui constituent de véritables «trous noirs» de la finance internationale et dont le rôle a été important dans l’accélération de la crise asiatique, en 1997, et un an plus tard dans la transmission de la crise russe à l’Amérique latine. Dans le souci d’améliorer la «traçabilité» des flux financiers et d’éviter la contagion des crises le «Forum de stabilité financière», émanation du G-7 regroupant les pays les plus industrialisés en 1999 et domiciliée auprès de la Banque des Règlements Internationaux, à Bâle, a été chargée de faire la police des paradis.

La répartition des paradis fiscaux ne doit rien au hasard. La plupart sont situés sur une grande ceinture qui entoure le Monde, allant de l’Amérique centrale et les Caraïbes en passant par la Méditerranée, le Moyen-Orient, l’Asie du sud et du Sud-est, c’est à dire les voies maritimes majeures des trafics et des stratégies mondiales, au point de jonction des océans et des continents.

Les autres grands ensembles sont situés à proximité des «centres» qui commandent et se disputent ces voies de passage, par exemple, Tanger pour la zone Europe-Méditerranée et le détroit de Gibraltar, Guernesey et l’île de Man pour la Manche et l’Océan atlantique.
L’existence de paradis fiscaux est d’une certaine façon une incitation à l’incivisme, dans la mesure où l’idée même qui a présidé à leur création est le souci de soustraire les détenteurs de capitaux aux contraintes, aux contrôles et aux prélèvements du pays d’origine.
L’un des côtés les plus spectaculaires des paradis fiscaux est sans doute l’enregistrement offshore des navires (pavillon de complaisance) ou des entreprises.
Le Liberia dispose ainsi de la première flotte du monde et la région pacifique- caraïbes offre le spectacle d’un immense parking pour près 90.000 sociétés offshore. Mais la palme toute catégorie revient à Hong kong, l’ancienne enclave britannique, le nouveau poumon économique de la Chine.

Les ILES CAIMANS, territoire sous dépendance britannique des Caraïbes, arrivent en 1ère avec des dépôts de l’ordre de 1.310 milliards de dollars pour 544 banques, 70 fonds financiers et 30.000 compagnies offshore.

HONG KONG, restituée depuis juillet 1997 à la Chine, se place en deuxième position pour l’importance des dépôts bancaires étrangers, majoritairement chinois (1.020 milliards de dollars) collectés par 500 banques étrangères.

3eme position les Pays Bas qui supplante ainsi le Luxembourg pour des dépôts de 946 milliards de dollars,
Le Luxembourg est relégué à la 6eme position avec 435 milliards de dollars, pour 221 banques et 1.800 fonds financiers. Il est suivi de l’Irlande (7eme position), siège off shore des multinationales américaines Google-Amazon pour l’optimisation fiscale de leurs revenus-, avec des dépôts de 300 milliards de dollars.

La SUISSE est sur la défensive depuis l’affaire de l’or nazi et des fonds juifs en déshérence, a fait preuve de souplesse en signant, en 1997, un traité d’entraide judiciaire avec les États-Unis. Elle s’est dotée en outre en 1998 d’une loi sur le blanchiment qui fait obligation aux banques suisses de signaler toute action suspecte et d’une convention de diligence qui commande aux banques de vérifier l’identité de leurs clients. Selon une étude de l’université de Bâle, les banques suisses gèrent environ 35 pour cent des avoirs privés mondiaux, la place financière génère plus de cent mille emplois et assure près de 11% du produit intérieur brut de la confédération. (Le Monde 23 août 2000).

Viennent ensuite SINGAPOUR (Asie), avec 119 succursales de banques internationales et 76 banques d’investissement, les BAHAMAS, 6me position, avec 172 milliards de dollars, 404 banques dont 180 succursales et 16.200 compagnies offshore.

Les lauréats du hit parade (Caïmans, Hong Kong, Luxembourg, Suisse, Singapour) font tous l’objet de la part de la justice américaine d’une «priorité élevée» pour l’attention qu’elle porte à la surveillance de leurs activités, de même que Les Bahamas.
La région des Caraïbes est un havre pour capitaux errants, lesquels, par l’entremise des micro- états se glisse telle une prolifération cancéreuse dans les interstices des grandes puissances.

Trois des micro-possessions anglaises du Pacifique abritent à elles seules 59.200 compagnies offshore, 16 banques et 182 sociétés d’assurances captives: Anguilla (4.200 compagnies offshore), Barbade (16 banques et 182 assurances captives), les îles vierges britanniques (55.000 compagnies offshore).
Quant à la plus petite république du monde, Nauru (état de Micronésie, dans le pacifique, de 21 km2 pour dix mille habitants), 400 banques et sociétés offshore sont enregistrés auprès d’une seule boîte NAC (Nauru Agency Corporation) par où, selon la banque centrale de Russie, ont transité en 1999 plus de 😯 milliards de dollars, le plus fort rendement mondial au mètre carré.

Curieusement elles présentent cette double particularité de figurer à la rubrique des Etats-DND, c’est à dire des états ne disposant pas des indications -ou ne souhaitant pas en fournir- sur le montant des dépôts bancaires d’origine étrangère, et de bénéficier dans le même temps d’une «faible» priorité de la part de l’administration américaine.

La mansuétude américaine pourrait s’expliquer par le fait que ces îles des Caraïbes sont sous la dépendance de leurs alliés anglais. Le même régime s’applique aux possessions insulaires anglaises de la zone Europe-Atlantique, où l’on relève une situation similaire: Guernesey (75 banques offshore et 248 fonds financiers), Bermudes (400 fonds financiers et 1.300 assurances captives) et Jersey (150 trusts et 292 fonds financiers) figurent à la rubrique DND (données non disponibles) et à la rubrique «faible» en matière de priorité américaine.

A l’opposé, le Panama qui détient le record mondial absolu des compagnies offshore (300.000 domiciliés sur son sol, en plus de 106 banques), fait, lui, l’objet d’une attention «prioritaire» de l’administration américaine, sans doute en raison de la présence du Canal de Panama et de sa proximité avec le territoire américain.
En ce début de siècle qui marque le début d’un nouveau cycle historique, la planète ne parait pas aussi paradisiaque que la prolifération des paradis fiscaux ne veut le suggérer et le nouvel ordre mondial fait plutôt désordre sur le plan international.

Selon l’ONG britannique OXFAM, les 50 multinationales les plus prospères aux États-Unis ont placé au moins 1. 400 milliards de dollars dans divers paradis fiscaux. Le gratin du Monde des affaires américain Apple, Alphabet (nouveau nom de Google), Walmart, General Electric ont établi 1.600 filiales dans des paradis fiscaux.

Apple ressort comme le champion incontesté du recours aux paradis fiscaux… en toute légalité. Le roi des smartphones a mis 180 milliards de dollars de côté dans des territoires fiscalement accommodants.

Le conglomérat énergétique General Electric arrive deuxième position avec 119 milliards de dollars repartis entre 117 filiales implantées dans des paradis fiscaux. Le géant de l’informatique Microsoft décroche la médaille de bronze grâce aux 108 milliards de dollars qu’il fait fructifier dans ces pays

1.400 Milliards de dollars ………. A superposer aux 25 mille milliards de dollars de pertes de capitalisation boursière de la crise bancaire de 2008. De quoi régler la quasi totalité des problèmes les plus urgents du Monde, éradiquer pandémies et épidémie, analphabétisme, sous alimentation, exclusion sociale, et réduire quelque peu la tension aux quatre coins de la planète. En un mot aménager un coin de paradis sur terre.

René Naba

Journaliste-écrivain, ancien responsable du Monde arabo musulman au service diplomatique de l'AFP, puis conseiller du directeur général de RMC Moyen-Orient, responsable de l'information, membre du groupe consultatif de l'Institut Scandinave des Droits de l'Homme et de l'Association d'amitié euro-arabe. Auteur de "L'Arabie saoudite, un royaume des ténèbres" (Golias), "Du Bougnoule au sauvageon, voyage dans l'imaginaire français" (Harmattan), "Hariri, de père en fils, hommes d'affaires, premiers ministres (Harmattan), "Les révolutions arabes et la malédiction de Camp David" (Bachari), "Média et Démocratie, la captation de l'imaginaire un enjeu du XXIme siècle (Golias). Depuis 2013, il est membre du groupe consultatif de l'Institut Scandinave des Droits de l'Homme (SIHR), dont le siège est à Genève et de l'Association d'amitié euro-arabe. Depuis 2014, il est consultant à l'Institut International pour la Paix, la Justice et les Droits de l'Homme (IIPJDH) dont le siège est à Genève. Editorialiste Radio Galère 88.4 FM Marseille Emissions Harragas, tous les jeudis 16-16H30, émission briseuse de tabous. Depuis le 1er septembre 2014, il est Directeur du site Madaniya.

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