Dernière mise à jour le 14 novembre 2016
Une conférence de réconciliation inter-syrienne sous parrainage exclusif de la Russie
Une spectaculaire recomposition politique est en passe de s’opérer en Syrie dans la perspective de l’assaut final sur Alep (Nord de la Syrie) et de l’élection de Donald Trump à la présidence des États Unis.
Le maître d’œuvre de cette redistribution des cartes en gestation est la Russie, qui a déployé une importante armada aux larges des côtes syriennes, établissant une zone d’exclusion tacite allant d’Iskenderoun (ex Alexandrette) en Turquie à l’extrémité Nord Liban, selon des informations concordantes recueillies tant auprès des milieux progressistes arabes de Beyrouth qu’au sein de l’opposition démocratique syrienne en Europe.
L’assaut final d’Alep, imminent, devrait se conclure par une intervention télévisée du président en exercice Bachar Al Assad depuis Alep même, dans un geste symbolique destiné à saluer la réintégration de la capitale économique du pays sous l’autorité du pouvoir central, au terme de cinq ans de sédition djihadiste multicolore, selon ces mêmes informations.
En prévision de cet assaut, destiné à créer une nouvelle réalité sur le terrain en prévision de la prise de fonction du successeur du Président Barack Obama, la Russie a doublé sa concentration militaire par une manœuvre diplomatique destinée à tenir, sous son parrainage exclusif, une conférence élargie groupant des représentants du pouvoir et de l’opposition dans ses diverses composantes.
La conférence se tiendrait à l’intérieur du territoire syrien et non hors du territoire national. Le projet initial prévoit sa tenue dans le périmètre de l’aéroport international de Damas, ou à défaut au Caire, qui a opéré un sensible rapprochement avec la Syrie, selon ces mêmes informations.
Les principales figures de l’opposition sollicitées.
Des contacts en ce sens ont été entrepris faits auprès des principales composantes de l’opposition syrienne, notamment :
- Ahmad Al Jarba, ancien Président chef de la branche syrienne de la puissante confédération tribale Al Chammar, qui s’étend sur 4 pays (Syrie, Irak, Jordanie, Arabie saoudite);
- Le comité de coordination (Hai’at al tansiq);
- Qadri Jamil, ancien vice premier ministre démis de ses fonctions et proche de Moscou,
- Haytham Manna, président du QAMH;
- Moaz Al Khatib, Islamiste modéré et Premier Président de la Coalition Syrienne (CNFOR);
- Saleh Muslem, coprésident du PYD (Parti de l’Union démocratique), principal parti kurde de Syrie, des officiers nationalistes dissidents ainsi que des hommes d’affaires de l’opposition et des opposants proches du Caire, de Moscou et Riyad.
Le comité de coordination des forces œuvrant pour le changement démocratique (hai’at al tansiq) a confirmé explicitement les informations dans un communiqué parvenu au site www.madaniya.info.
«Le bureau exécutif suit avec intérêt les contacts, dispositions prises, de même que les consultations se déroulant au sein des forces progressistes attachées à un règlement politique et à un changement démocratique radical et complet» en Syrie, indique le communiqué signé du bureau de presse du comité.
«Ces démarches visent à édifier un état civique, démocratique, pluraliste, bénéficiant du régime juridique de la décentralisation administrative, précise le communiqué. Le comité apporte sa contribution à la tenue à Damas d’une conférence nationale de l’opposition en vue de constituer un rassemblement des forces démocratiques et de sauver la Syrie», conclut le communiqué.
Dans le journal al Watan (Damas 14 Novembre 2016), Fateh Jamous, de la coalition Qadri Jamil, insiste sur l’importance des conférences préparatoires tenues au niveau des gouvernorats avant de passer à la deuxième étape.
Haytham Manna, l’opposant historique au régime baasiste
Coordinateur général adjoint de la Coordination Nationale (2011-2015), qui a rompu avec son ancienne formation pour fonder son propre mouvement QAMH (Valeurs, Citoyenneté, Droits), Haytham Manna subordonnerait sa participation à la préparation d’une conférence nationale à la libération de quatre opposants, détenus dans les geôles syriennes :
Abdel Aziz Al Khaier, dirigeant communiste, Iyas Ayash, Responsable des socialistes arabes, Maher Tahhan, Représentant de la jeunesse du mouvement pacifique, tous trois arrêtés le 20 septembre 2012, ainsi que Raja al Nasser, secrétaire général du Parti de l’Union socialiste) arrêté en Novembre 2013.
Selon le quotidien en ligne « Rai al Yom», la conférence pouvoir-opposition devrait dégager les grandes lignes d’un accord sur une nouvelle constitution, la formation d’un gouvernement d’unité nationale ainsi que la tenue d’élections législatives.
Le groupe al Ghad, d’Ahmad al Jarba n’a pas démenti « Rai al Yom» qui attribue à son chef un rôle primordial dans la préparation de la conférence.
Un médiateur palestinien et l’exhortation de Mahmoud Abbas aux arabes
Pour garantir le succès de son entreprise, la Russie a eu recours à un procédé inédit, déléguant ses bons offices pour l’organisation de la conférence internationale, au Docteur Anwar Abdel Hadi, Ambassadeur de Palestine à Damas, dans une démarche destinée à valoriser le rôle des Palestiniens dans le jeu diplomatique régional alors que la Palestine semble être «la grande oubliée du printemps arabe», et à inciter le Arabes et les Syriens à puiser en eux les solutions à leur problème.
M. Abdel Hadi a effectué récemment une tournée en Europe au sein de l’opposition syrienne de la diaspora en vue de la sonder et de l’inciter à participer à cette conférence de réconciliation nationale.
Le choix d’un intercesseur palestinien justifie a posteriori les propos de Mahmoud Abbas, chef de l’autorité palestinienne, qui conseillait aux arabes de se tourner vers Moscou – et non vers l’Occident- pour récupérer leurs droits.
L’intervention massive russe en Syrie pour sauver un allié de longue date avait incité Mahmoud Abbas, dépité par le comportement des occidentaux, notamment les Américains, à exhorter les Arabes en ce termes: «Ne faites jamais confiance aux Américains. Si vous voulez récupérer vos droits, adressez-vous aux Russes», avait lancé le dirigeant palestinien exacerbé par les nouvelles requêtes américaines concernant de nouvelles concessions palestiniennes en faveur d’Israël.
La relégation diplomatique de la France
Cette éventuelle conférence se tiendrait sous le parrainage exclusif de la Russie, signant par la même la relégation définitive de la France, un des plus fébriles membres de l’Otan dans la guerre de Syrie.
Au début de la guerre, en sa qualité d’ancienne puissance mandataire, la France se positionnait en chef de file du «Groupe des pays ami de la Syrie», qui regroupait 105 pays, plaçant de surcroît à la tête de l’opposition offshore syrienne, deux bi nationaux franco syriens: Bourhan Ghalioun (Président) et Basma Kodmani (porte-parole). Près de six ans après, elle doit se contenter du statut d’«affinitaire», c’est dire la régression diplomatique française.
Bravo. Ce n’est certes pas le premier scoop de ta vie ! Mais ce texte est remarquablement fluide et clair ! Bises
Leslie