Dernière mise à jour le 13 décembre 2016
Le cas de Rockefeller est le plus éloquent en la matière et dispense de tout commentaire : La restauration du château de Versailles et du Jardin des plantes, endommagées lors des deux guerres mondiales du XX e siècle, ont grandement contribué à bonifier l’image de la famille.
Il en est de même des fondations philanthropiques américaines et les naufragés de la vie. Ainsi la mobilisation de Bill Gates et de 20 milliardaires face à 30 pour cent de la population américaine au-dessous du seuil de la pauvreté a quelque peu atténué la dureté du capitalisme financier américain avec son cortège de délocalisation, de déréglementation, générateur de l’implosion du tissu social, du développement du chômage structurel et de l’extension du domaine de l’exclusion sociale.
Au début de la démocratie américaine, des obligations civiques étaient rattachées à la richesse. Les riches familles, établies depuis plusieurs générations dans leur communauté, se reconnaissaient le devoir de libéralité envers elle, la gratifiant d’hôpitaux, d’écoles, de bibliothèques, de monuments et de parcs.
Carnegie, Rockefeller, Ford, ou Soros, ont développé une philanthropie d’influence libérale, soucieuse de gommer –c’est contradictoire- les excès du capitalisme. Cette tradition de générosité peu à peu disparue qui semble donc retrouver une certaine vigueur
L’initiative de quelques milliardaires suffira-t-elle a endigué l’avarice «des ploutocrates américains motivés par leur obsession de figurer dans la liste des 400 américains les plus riches fabriquée par la revue Forbes» ?
La philanthropie pour contourner l’impôt
En France à ce jour, aucun riche homme d’affaires n’a signé «la promesse de don». La tradition philanthropique française n’a jamais été très vivace, au contraire de sa tradition dynastique: les «ils de» héritent des entreprises familiales, contribuant à créer une «caste des riches» comme l’ont montré les travaux des sociologues Michel et Monique Pinçon.
Un avis que ne partage pas le président d’honneur de la Fondation de France. Dans une tribune des Echos, Yves Sabouret, vient contredire tout le dossier de Libé estimant que «la France dispose aujourd’hui -peu de personnes en sont conscientes- du dispositif le plus favorable d’Europe dans ce domaine». Et de citer une nouvelle catégorie de jeunes fondateurs, dans le secteur de la finance et des nouvelles technologies, plus proches de la culture anglo-saxonne qui créent leurs fondations et font montre d’une générosité inédite jusque-là.
Faut-il s’en féliciter ? Derrière la «générosité» des philanthropes, c’est tout le gratin des élites occidentales qui ouvre ses carnets de chèque dans une vaste opération d’aide humanitaire internationale. Ce seront toujours les plus fortunés qui décideront ce qu’ils feront de leur argent. Un modèle de charité généralisé qui procède de choix personnels quand la solidarité est censée se mettre au service des intérêts du plus grand nombre.
Une privatisation de la solidarité dans le droit fil du droit de l’hommisme sélectif qui fit fureur à partir des années 80.
«C’est un moyen de contourner l’impôt» indique Gilles Gagné, professeur de sociologie à l’Université Laval, invité à commenter le système de financement canadien des universités: «les entreprises ou les individus fortunés peuvent contourner le gouvernement, qui se retrouve alors appauvri et perd sa capacité à financer les universités sans restrictions. Et de l’autre côté, ils vont redonner cet argent là où il serait allé, dans une institution publique, mais en ayant l’avantage de dicter ce à quoi il servira».
Sans pointer du doigt les milliardaires qui sont autant de généreux donateurs, leur seule capacité à donner la moitié de leur fortune sans renoncer à leur train de vie de nantis devrait au moins amener à s’interroger sur un modèle de société où un don personnel de 40 milliards de dollars est, non seulement possible, mais ne représente en rien un quelconque sacrifice pour le donateur et ses descendants.
Les motivations les plus altruistes peuvent servir de cheval de Troie idéologique à des alibis à des équipées impérialistes -Cf: Who Paid the Piper ? CIA and the Cultural Cold War by Frances Stonor Saunders – The New press 2000. La version française “Qui mène la danse? La CIA et la guerre froide culturelle, Paris, Denoël, 2003.
Cette remise en cause du principe de souveraineté a rencontré l’opposition des pays les plus pauvres. Réunis lors du sommet de la Havane en 2000, les chefs d’État du G-77 ont rejeté le «droit d’intervention humanitaire» incompatible selon eux avec la Charte des Nations unies.
En Occident également, ses détracteurs émettent des réserves sur les domaines d’application du droit d’ingérence qui au-delà des ingérences humanitaires pourraient couvrir des ingérences démocratiques, écologiques ou judiciaires par exemple.
Enfin, la dernière critique concerne le risque de n’intervenir que sur des terrains bénéficiant à la fois d’une large couverture médiatique et d’une commisération de l’opinion publique tout en occultant les catastrophes humanitaires, parfois chroniques, situées dans l’angle mort des médias.
Etat des lieux
Chaque jour, 10.000 enfants meurent de malnutrition.
En 2010, 925 millions d’individus souffraient de la faim, en baisse pour la première fois depuis quinze ans, selon l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), qui juge néanmoins ce chiffre « inadmissible ».
La barre symbolique du milliard de personnes avait été dépassée en 2009, avec 1.023millions d’affamés, ce chiffre a reculé de 9,6 % cette année. La région Asie Pacifique est la plus massivement touchée, avec 578 millions de personnes affamées, mais c’est aussi celle où la faim a le plus reculé, avec une baisse de 12% par rapport à 2009.
« La proportion d’affamés reste la plus forte en Afrique sub-saharienne, avec 30% de la population qui souffre de la faim », précise la FAO.
Les deux tiers des 925 millions de personnes sous-alimentées se retrouvent dans seulement sept pays : le Bangladesh, la Chine, la République démocratique du Congo, l’Ethiopie, l’Inde, l’Indonésie et le Pakistan. Pour l’organisation humanitaire Oxfam, la baisse du nombre d’affamés n’est due qu’à « la chance ». «
Cela fait dix ans que les leaders mondiaux se sont engagés à réduire de moitié la faim dans le monde d’ici à 2015, mais nous sommes encore bien loin du but. Nous savons pourtant que c’est possible. La volonté politique est le seul élément manquant ».
En Afrique, 30% des récoltes sont perdus faute de capacité de stockage et de transport. Pourtant 5% seulement des investissements consacrés à l’agriculture sont destinés à ce secteur.
La déforestation fait partie du problème, pas de la solution. Virgilio Mauricio Viana, responsable au Brésil d’une fondation qui lutte contre la déforestation de l’Amazonie a démontré été que l’agriculture dépendait de la pluie et dans la mesure où la pluie dépendant des forêts, la déforestation nuit à l’agriculture. Si l’on ne veut pas accroître les espaces cultivés, il faut augmenter la productivité des terres.
- 190 Etats : Près de 120 millions d’enfants de moins de 15 ans n’ont pas accès à l’école.
- 10 millions d’enfants décèdent chaque année avant l‘âge de 5 ans
- En Afrique subsaharienne près de 40 pour cent des 670 millions d’habitants vivent sous le seuil de la pauvreté.
- D’ici 2020, soit moins de dix ans, le nombre d’enfant souffrant de malnutrition en Afrique dépassera les 40 millions.
- Le rapport PNUD 2007 : Une dépense annuelle de 80 milliards de dollars sur dix ans, nécessaire pour garantir accès à l’éducation et aux soins de base, eau potable et nourriture adéquate, soit 800 milliards de dollars.
Ingérence humanitaire sur le plan international et défaillance interne
A l’exemple des Restos du Cœur, des compagnons d’Emmaüs, de l’Armée du salut ou d’une Chorba pour tous.
En France (Reuters 06 janvier 2011): 250.000 sans domicile en France et 2,9 millions de mal logés
La France comptait 250.000 personnes sans domicile ou en hébergement précaire et 2,9 millions habitant des logements sans confort à la fin des années 2000, selon une étude de l’Insee publiée jeudi. Ces chiffres confirment l’impact persistant et largement diffusé de la crise du logement dans le pays, dénoncé régulièrement par des organisations non gouvernementales, au premier rang desquelles la Fondation Abbé Pierre qui recensait, en 2010, 3,5 millions de « mal-logés », en se fondant sur des critères différents de ceux retenus par l’Insee. Tout en soulignant que les situations de grande difficulté – de l’absence de logement à la privation de confort – ne peuvent être qu’approchées du point du vue statistique, l’institut évalue à 33.000 le nombre de personnes sans abri ou hébergées en centres d’urgence en France métropolitaine.
Cette population, fortement masculine, est pour près de la moitié localisée en Ile-de-France, précise-t-il.
S’y ajoutent 66.000 personnes (dont 30% de mineurs et 40% de femmes) hébergées pour des durées plus longues par des établissements sociaux, comme les centres de réinsertion sociale ou les établissements d’accueil mère enfant, et 34.000 vivant dans des logements relevant de l’aide au logement temporaire
A côté de ces 133.000 personnes sans domicile, l’Insee en dénombre 38.000 autre vivant à l’hôtel à leurs frais et 79.000 hébergées par un parent ou un ami faute de moyens financiers suffisants pour disposer d’un logement indépendant.
L’étude précise que ces situations « touchent plus particulièrement des hommes, des Franciliens et des jeunes » et qu’elles concernent à 43% des personnes qui ont un travail, le plus souvent des ouvriers et employés. A ce « noyau dur », l’Insee ajoute 282.000 jeunes adultes (chiffre 2002) contraints d’habiter chez leurs parents ou grands-parents.
« Pour ces personnes, plus encore que pour les hébergés du ‘noyau dur’, être hébergé et occuper un emploi, y compris de niveau cadre, peuvent aller de pair », note l’étude.
1,1 Million de ménages mal logé
Deuxième grande catégorie identifiée par l’Insee : les victimes de mauvaises conditions de logements, qu’elles habitent dans des logements insalubres, peu ou mal chauffés, privés de sanitaires ou surpeuplés. Leur nombre est estimé à 2,9 millions (1,1 million de ménages).
Cette population regroupe les personnes vivant dans des habitations « de fortune » (constructions provisoires ou caravanes pour l’essentiel), estimées à 85.000 en 2006, celles occupant des logements considérés comme « privés de confort » au regard des critères de la loi de 2007 sur le droit au logement opposable (Dalo), qui seraient 2,1 millions, et les occupants de logements surpeuplés, estimés à 800.000 personnes.
L’étude de l’Insee, qui se fonde sur des données recueillies pour la plupart entre 2002 et 2008 précise qu’un million de ménages à faibles ressources déclaraient en 2006 avoir des difficultés à payer leurs dépenses de logement ou être en situation d’impayés.
Selon une enquête de l’IFOP pour Seloger.com publiée en décembre 2010, plus d’un Français sur cinq se sent menacé par le mal -logement et 7% d’entre eux se considèrent mal logés.
L’humanitaire est le meilleur des alibis. Une véritable industrie (Charity Business)
Un bon spectacle pour faire oublier les maux profonds dont souffrent près de 850 millions de personnes à travers le monde.
L’humanitaire permet aux dirigeants du monde d’assurer un gardiennage des populations, un conditionnement à l’aide des populations les plus démunies, et donne une bonne conscience à l’opinion publique des pays donateurs.
L’humanitaire un excellent instrument d’ouverture du marché (Haïti scientologie) dans la mesure où les assistés sont contraints à acheter les produits manufacturés des pays donateurs. C Q F D
Illustration
Paris, mars 2012. REUTERS/John Schults