Les grossières erreurs du PC Irakien: Le malentendu avec Abdel Karim Kassem.
Fondé en 1934. Le PC irakien a joué un rôle fondamental dans l’histoire politique de l’Irak, de sa fondation à la décennie 1970., notamment en coalisant les principales forces politiques hostiles à la monarchie.
Impliqué dans les plus importantes manifestations et insurrections des décennies 1940 et 1950, il a tenu un rôle dans le renversement en 1958 du Royaume d’Irak, qui a porté au gouvernement le général Abdel Karim Kassem. Il a beaucoup souffert, à partir de 1978, de la répression sous la dictature de Saddam Hussein.
Restant un élément important de l’opposition irakienne, il s’est opposé aux sanctions des Nations Unies la guerre du Koweït en 1991, puis s’est opposé à l’invasion américaine de l’Irak en 2003.
En mars 2018, il s’allie au mouvement de Moqtada al-Sadr, au sein de la coalition électorale Sa’iroun («En marche») pour les élections législatives et provinciales de mai 2018. Les deux forces politiques s’étaient rapprochées à partir de 2015 dans le cadre d’un mouvement de protestation réclamant des réformes, la lutte contre la corruption et l’amélioration des services publics. La coalition obtient 54 députés, sur un total de 329 sièges.
Le malentendu avec le général Abdel Karim Kassem
Le malentendu entre les communistes irakiens et le général Abdel Karim Kassem s’est noué autour de deux questions: la participation des communistes au gouvernement et le Kurdistan.
Premier chef du gouvernement de l’Irak post monarchique, le général Abdel Karim Kassem, artisan du coup d’état, était un nationaliste proche des communistes. Ds sa nomination, le parti communiste a organisé de manifestations monstres réunissant plusieurs centaines de milliers de million de personnes pour exiger une pleine participation des communistes au pouvoir.
Les alliés du général Kassem au sein de la coalition gouvernementale y vont une marque de duplicité du premier ministre en vue de les forcer à faire une place plus importante aux communistes au sein du gouvernement.
Circonstance aggravante, le mot d’ordre du PC irakien «Paix au Kurdistan» lancé sans la moindre campagne d’explication pédagogique, plaçait leur allié en porte à faux tant vis à vis des autres composantes du pouvoir que vis à vis de l’opinion publique irakienne. Celle-ci était majoritairement hostile à un arrangement avec le Mollah Moustapha Barzani, en ce qu’elle considérait le chef kurde comme un instrument de déstabilisation manipulé par le Chah d’Iran et que ses menées «séparatistes» visaient à terme à amputer l’Irak de ses riches provinces pétrolières du Nord du pays.
Un autre point noir dans le registre du PC irakien, le fait d’avoir trainé ses opposants, morts ou vivants, dans les rues de Bagdad, en vue de livrer ses adversaires à la vindicte publique.
L’antagonisme avait atteint un point tel que le Général Kassem entreprit de s’opposer par la force à ses anciens compagnons.
Le Parti Communiste Libanais et le Kominterm
Fondé en 1924 par l’historien libanais Youssef Ibrahim Yazbeck et Fouad Chemaly, le PC Libanais est le plus ancien parti politique libanais. Dissous en 1948, il sera interdit jusqu’en 1971. Nonbstant cet interdit, le PC Libanais comptait, en 1967, 75000 d’adhérents, soit 3 % de la population, ce qui faisait de lui le plus grand parti libanais de l’époque.
Durant la guerre civile libanaise (1975-1990), il sera une des composantes essentielles de la coalition palestino progressiste. Dans la foulée du retrait de l’OLP de Beyrouth, en 1982, le PC libanais sera l’initiateur de la guérilla anti israélienne dans la capitale libanaise.
Allié du Hezbollah Libanais, il participera au sein de la «résistance nationale libanaise» à la guérilla anti israélienne au sud Liban, jusqu’au dégagement final des Israéliens de la région frontalière, sans négociations, ni traité de paix.
Fouad Chémali, co-fondateur du Parti, avait baptisé sa formation, à son lancement en 1924, de «Parti du Peuple», considérant que le terme «communiste» était inapproprié et posait problème dans les sociétés traditionalistes arabes. Intransigeant, le Kominterm avait posé comme condition à l’admission de la formation libanaise au sein de l’Internationale Communiste, qu’elle porte le nom de «Parti Communiste Libanais», dans un souci d’uniformisation. Ce qui fut fait. Ah les ravages de l’européo-centrisme.
Le Parti communiste libanais et l’intervention militaire syrienne au Liban.
En 1976, Le PC Libanais était hostile à l’intervention militaire syrienne au LIban, d’autant plus vivement que la demande provenait de trois dirigeants maronites, tous trois à la tête de milices, le président Soleymane Frangieh, qui disposait des forces gouvernementales (armée, gendarmerie, police, services de sécurité), en sus de sa milice privée Al Marada, l’ancien président Camille Chamoun, chef de la milice des «Tigres», enfin Pierre Gemayel, chef du parti phalangiste et chef des milices portant le nom de son parti.
En difficulté sur le plan militaire, au terme de 18 mois de combat, les trois chefs de guerre maronites, réclamaient en fait au président syrien Hafez Al Assad de brider et de réprimer le Mouvement National Libanais et ses alliés de la résistance palestinienne, alliés au sein de la coalition palestino-progressiste.
Hafez Al Assad avait obtenu le feu vert de tous les protagonistes du conflit libanais, y compris d’Israël, tous soucieux de mettre en échec la coalition formée par la gauche libanaise et la guérilla palestinienne.
Lors de la brève phase de la Pérestroika syrienne, la séquence dite du «Printemps de Damas» (2001-2002), un dirigeant communiste, Yassine Al Hafez, fondateur du parti marxiste-léniniste arabe «Arab Revolutionary Workers Party» avait sérieusement mis en garde contre toute tentative d’instrumentaliser le facteur confessionnel dans le combat politique. Une attitude conforme à celle adoptée par l’écrivain Saadallah Wannous et l’éditeur Hussein Aloudat.
De même sur le plan palestinien, en osmose avec l’organisation marxiste Le «Front Populaire pour la Libération de la Palestine» dirigée à l’époque par le mythique chef palestinien Georges Habbache, les communistes libanais se sont distingués, particulièrement lors de la phase de l’invasion israélienne du Liban et du siège de Beyrouth, en juin 1982.
Une communiste libanaise Jacqueline Esber, alias camarade Rima, s’est ainsi livrée à des assassinats extra judiciaires en Europe contre l’attaché militaire américain en France, Charles E. Ray et l’attaché militaire israélien à Paris, Yaacov Barsimentov ; Deux agents de services de renseignements de leurs pays respectifs, l’américain pour la CIA, l’israélien pour le Mossad, opérant en France sous couverture diplomatique.
Et un autre communiste libanais Georges Abdallah, doyen des prisonniers politiques en Europe, de par sa résistance opiniâtre à l’arbitraire répressif du pouvoir français, a glané le titre de figure mythique du combat palestinien au même titre que Marwane Barghouti, le chef du mouvement palestinien Fatah qui croupit arbitrairement dans les geôles israéliennes.
Pour aller plus loin sur l’affaire Georges Abdallah, cf ce lien:
La Russie et l’intervention militaire syrienne au Liban
Par une curieuse coïncidence, Alexei Kossyguine, premier ministre soviétique, se trouvait en visite à Damas, à la veille de l’entrée des troupes syriennes au Liban, en juin 1976. Hafez Al Assad, prudent ou méfiant, surtout soucieux de prévenir un véto soviétique, n’a pas pris soin d’informer son hôte de sa décision d’intervenir militairement au Liban.
Mais en dépit de cette mauvaise manière faite à un partenaire stratégique de la Syrie, l’Union soviétique ne prendra pas ombrage de l’attitude cavalière de Damas à son égard. Le Kremlin donnera finalement son accord à l’entrée des troupes syriennes au Liban.
Le PC Libanais, membre de plein droit de la coalition palestino-progressiste, s’était prononcé en faveur de la lutte armée.
Alerté, le chargé d’affaires soviétique à Beyrouth pris alors contact avec Karim Mroueh pour s’enquérir de la situation et surtout faire part de son étonnement que les «communistes libanais combattent l’armée syrienne».
Il s’en suit le dialogue suivant :
Karim Mroueh: Vous avez combattu le nazisme.
Diplomate soviétique: Je ne vous permets pas de faire des comparaisons pareilles.
Karim Mroueh: En tant que Libanais, et non en tant que communiste, je n’accepte pas que des troupes étrangères soient présentes sur le territoire national de mon pays.
D’autant plus que cette présence militaire étrangère est dirigée contre la coalition palestino-progressiste, supposée être les alliés de la Syrie. L’entretien, tendu, fut bref.
Sur ces entrefaites, Karim Morueh se rend alors à Paris pour solliciter l’aide du Vietnam. Là aussi, l’entretien fut bref et tendu. L’ambassadeur refusa de recevoir personnellement le dirigeant communiste libanais, encore moins de lui organiser une visite à Hô Chi Minh Ville, et le 3eme conseiller de l’ambassade vietnamienne à Paris fut expéditif. Sa réponse d’une grande brutalité: «Vous combattez l’armée syrienne» ?
Le discours de Saint Petersbourg de Vladimir Poutine de Juin 2019 et la «déconsolidation démocratique» de l’Occident.
L’invasion américaine de l’Irak, en 2003, a conduit le Parti Communiste Irakien, exsangue, persécuté tant sous le gouvernement d’Abdel Karim Kassem, en 1961, que sous Saddam Hussein, 1970-2003, à assurer un service minimum faute d’être balayé. Un service minimum sans la moindre caution à l’ocupation américaine de son pays. Pour sa survie, il s’alliera, lui, le parti qui professait une idéologie laique, avec Moqtada Sadr, un farouche opposant à la présence américaine en Irak, certes, mais néanmoins un grand dignitaire religieux chiite.
La séquence dite du printemps arabe (2011-2019) a propulsé des figures éminentes du Parti Communiste Syrien, telles Ryad Trurk, abusivement qualifié de «Mandela syrien» et Michel Kilo, voire même Bourhane Ghalioune, le supplétif de l’administration française contre son pays d’origine, dans le giron de l’opposition off shore pétromonarchique, dans une démarche qui a signé à la fois et leur reddition et leur trahison.
A l’inverse des pontes du régime baasiste, tel Abdel Halim Khaddam, vice président de la république syrienne, ou du libanais Walid Joumblatt, chef de l’unique parti arabe se réclamant du socialisme, ou encore la cohorte des mercenaires syriens de l’opposition off shore, le Parti Communiste Libanais, fidèle à son histoire, s’est retrouvé, lui, dans la même tranchée que le Hezbollah libanais dans la guérilla anti israélienne qui a abouti, en 2000, à un retrait sans condition, ni négociations, ni traité de paix avec Israël; Un fait sans précédent dans les annales du conflit israélo-arabe.
Toutefois, vers la fin de sa vie, Karim Mroueh tout comme Elias Attalah le 4eme mousquetaire de la «gauche démocratique», rejoindront la cohorte constituée par la «gauche mutante» renonçant à leur idéologie communiste pour rallier l’idéologie du pétrodollar.
L’implosion de l’Union soviétique a entraîné dans sa chute l’éclipse des partis communistes arabes. En propulsant un monde unipolaire sur le plan international, elle a placé l’ordre domestique arabe sous l’hégémonie saoudienne, le supplétif émérite des Américains, déblayant la voie à l’invasion américaine de l’Irak.
La guerre de Syrie marquera, elle, le retour de la Russie par la grande porte au Moyen Orient, douze ans après en 2015. Nullement le fait du hasard, le déploiement russe en Syrie, matérialisé par l’aménagement d’une base aérienne, la première en Mer Méditerranée depuis la fin de la guerre froide soviéto-américaine (1990), se voulait un message à double destination: Aux partenaires et aux adversaires de la Russie pour leur démontrer que la loyauté est payante en politique.
L’empressement de Moscou à voler au secours du président Bachar Al Assad s’explique par la fidélité de la Syrie à son alliance avec Moscou, (l’URSS, puis la Russie), en dépit des déboires de la Russie. La Syrie est en effet le seul pays arabe avec l’Algérie à avoir maintenu un partenariat stratégique avec le Kremlin, contre vents et marées, contrairement à l’Egypte d’Anouar El Sadate, à l’Erythrée de Isyass Oufourky, de l’Ethiopie de Mengistu Hailé Mariam de la Somalie de Mohamad Ziad Barré, ou encore du libyen Mouammar Kadhafi, qui a révélé aux Occidentaux tout un pan de la coopération nucléaire arabe pour sa survie politique. Un suris de 7 ans de 2003 à 2011.
Depuis la tribune principale du Forum Économique International de Saint-Pétersbourg, Vladimir Poutine a annoncé, le vendredi 7 juin 2019, la doctrine de la confrontation globale avec les États-Unis.
Dans un discours qui présentait de par sa tonalité prophétique des analogies avec le Discours de Fulton de Winston Chrchill, sur «le Rideau de fer», Vladimir Poutine a annoncé pour la première fois au monde que la Russie ne reconnaît plus le système établi de domination mondiale des États-Unis.
En lançant un défi total à ce système, la Russie a annoncé son alliance avec la Chine et les pays déterminés à échapper au joug américain dans cette confrontation, dont l’objectif ultime est l’aménagement d’un monde multipolaire et la fin corrélative de six siècles de domination absolue de l’Occident sur le reste de la planète.
Curieux que ce discours n’ait pas retenu l’attention des éditocrates occidentaux, pourtant annonciateur d’un basculement géostratégique planétaire, alors que la forteresse Occident apparaît comme un îlot de richesse assiégé par une immense ceinture de misère.
Selon le dernier rapport de l’ONU sur la faim, publié en Juillet 2019, huit cent vingt millions (820) de personnes souffrent de la faim dans le Monde.
La faim a augmenté de près de 20% en Afrique, un continent qui connaît également la prévalence la plus élevée de sous-alimentation. Et en Asie, la sous-alimentation touche 11% de la population. De surcroît la surcharge pondérale augmente dans toutes les régions, en particulier chez les enfants d’âge scolaire et les adultes.
En toile de fonds de la déconfiture de l’alliance atlantique dans la gestion de la pandémie du Coronavirus, l’Occident parait être en en phase de «dé-consolidation démocratique» avec la montée en puissance aux États Unis, la plus ancienne démocratie du Monde, d’un président ouvertement xénophobe et machiste, artisan du «Muslim Ban».
Le Royaume Uni, plate-forme de la reconquête de l’Europe occidentale face au nazisme durant la II me Guerre mondiale, paraît être saisi d’une fièvre de repli et de rejet des étrangers, illustrée par le Brexit., alors qu’au sein même de l’Union Européenne, d’autocrates populistes voire même fascisants (Italie, Autriche, Hongrie etc..), préfigurent la fin d’une exception historique: l’alliance du capital et de la démocratie : la dé-consolidation démocratique, tant il est vrai qu’un capitalisme sans limites anémie et érode la démocratie en engendrant la pulsion populiste.