Clap de fin pour Serge Pautot, qui abandonne la Boxe, mais pas le ring. Un combat qu’il poursuivra dans les prétoires de justice. Retour sur 50 ans de dévouement à la cause de la réhabilitation sociale, via le sport.
Avis aux lecteurs : Mes Serge et Michel Pautot sont les avocats conseils de René Naba, directeur du site www.madaniya.info et contributeurs réguliers du site. https://www.madaniya.info/
Il va sans dire que cette proximité professionnelle sera sans incidence sur le contenu de ce texte, encore moins n’affectera l’objectivité du directeur du site, tant les faits s’imposent dans leur simplicité, tant la compétence des deux avocats est manifeste et leur engagement indiscutable, de même que la rigueur déontologique inflexible du directeur du site
La liste de leurs contributions sur ce lien https://www.madaniya.info/author/serge-michel-pautot/
Pour aller plus loin sur leur parcours, cf ces liens
- Serge Pautot https://www.madaniya.info/2021/05/01/serge-et-michel-pautot-de-grands-pourfendeurs-de-la-discrimination/
- Michel Pautot https://www.madaniya.info/2022/02/21/le-sport-et-leurope-les-regles-du-jeu/
Témoignage
Du sokol de gymnaste aux défis boxe dans les quartiers Nord de Marseille.
Par Maître Serge PAUTOT, Président du Comité Régional de Boxe de décembre 1999 à septembre 2024, Président du Comité départemental de décembre 1994 à juin 2024, Vice-Président de la Fédération Française de Boxe,
Docteur en droit, avocat au barreau de Marseille[1]
Je suis né à Besançon en 1942. J’ai grandi entre la Grand-Rue où nous habitions, l’artère la plus ancienne et la plus importante de la ville, la place Saint-Pierre et la paroisse du même nom où nous allions avec mon frère Jean au patronage. Mon camarade de jeu Jean-Marie m’emmena à la Française, un club de gymnastique et d’haltérophilie, où son père était moniteur. Je n’étais pas très doué pour la pratique qui exigeait beaucoup de qualités physiques, dont la souplesse et l’agilité, mais aussi de la force. Las ! Malgré mes efforts, la musculature me faisait bien défaut. Toutefois, j’aimais ces séances, deux soirs par semaine. Après l’échauffement collectif, il y avait le travail au sol, toujours agréable sur les tapis. Quand on passait aux agrès, au cheval d’arçons, les barres parallèles, la barre fixe et les anneaux, je n’étais pas le meilleur. Petit et maigrichon, je ne réussirais jamais, je m’en rendais compte.
Au printemps, nous partions dans les communes avoisinantes pour disputer des rencontres contre d’autres équipes. J’aimais beaucoup ces déplacements, ces démonstrations qui étaient des agréments, ne participant pas aux compétitions. Nous portions nos sokols et nos chaussons, nous étions comme des petites vedettes. Je ressens encore aujourd’hui ces plaisirs tout comme le bénéfice retiré de la pratique de la gymnastique. Je ne renâclais pas devant les efforts et cette pratique créait en moi, un déclic positif. J’allais d’ailleurs le ressentir avec un « savoir-être » redoublé dans un autre engagement de jeunesse.
De la grande échelle des pompiers au parachute
A 16 ans, toujours avec mon ami Jean-Marie, nous nous engageons comme pompiers volontaires, et là, j’ai davantage développé mon habileté gestuelle lors des divers exercices d’apprentissage. Pas d’exercice ou de préparation à la compétition, mais des exercices d’entraînement, de coordination avec équipements, l’épreuve de la fameuse grande échelle.
Il ne fallait pas avoir peur pour gravir les marches de cette grande échelle jusqu’au sommet, à plus de 20 mètres, pour ceux qui le pouvaient. « Ne regardez ni en haut, ni en bas, regardez devant vous et tenez bien l’échelle de chaque côté et si ça ne va pas, descendez tranquillement ». C’était à mon niveau, j’y arrivais et j’aimais. Les entraînements proposés me convenaient parfaitement. Je m’épanouissais dans l’ambiance de camaraderie des pompiers volontaires.
Nos aînés, pompiers professionnels, nous inculquaient la valeureuse mission des pompiers, toujours au service des autres avec cette belle devise « Sauver ou périr ». Vraiment, j’ai aimé la pratique de ces exercices physiques et, soixante ans après, comme pour la gymnastique, j’en ressens encore les bienfaits.
Il y avait aussi le vélo. Je n’avais qu’un vélo demi-course comme on les appelait à cette époque. Je l’avais acheté avec quelques économies et l’aide de ma mère, chez « Le Vicomte », alias Jean de Gribaldy, ancien coureur cycliste et entraineur de talent de grands champions tels que Jourden, Agostino et aussi Sean Kelly. Un vélo de course, c’était hélas trop cher pour moi. On se contentait alors du demi-course, très répandu à l’époque, c’était presque un vélo de course. Il était plus lourd, comportait des garde-boue et d’autres accessoires qu’on ne trouvait pas sur le vélo de course mais on ne pouvait pas participer aux compétitions avec ces vélos. Bien des années après, avocat à Marseille, arrivant à Besançon au volant de ma voiture, accompagné de mon frère Jean, nous rencontrions Le Vicomte devant son commerce de cycles et d’électroménager. Il me lance « Alors, tu as de l’argent maintenant pour rouler en Mercedes ». Oui, ainsi va la vie. La roue de la chance, de la bonne fortune m’avait souri !
La pratique sportive m’avait apporté un grand besoin de changement et aussi de bouger, de m’exprimer. A l’heure su service militaire, J’ai donc demandé à servir dans un régiment de parachutistes avec une affectation en Afrique car depuis ma prime jeunesse, je rêvais d’Afrique et de missions lointaines. Mon fidèle camarade de la gymnastique et des pompiers, Jean-Marie, a choisi logiquement les Pompiers de Paris, corps d’élite également, dans lequel il poursuivra une belle carrière.
Me voilà au 1er RPIMA de Bayonne puis au 7e à Dakar. Sauter en parachute était mon désir le plus fou, mais il fallait passer l’épreuve de la « Tour ». Le saut de la tour, c’est la montée en puissance de la préparation au saut de l’avion. La tour, c’est montrer clairement sa détermination en sautant de 30 mètres avec un système de freinage à l’arrivée puisque nous sommes équipés d’un harnais aux épaules pour nous retenir à l’arrivée. Il fallait cependant se lancer dans le vide. Il ne fallait pas avoir peur non plus pour gravir les marches de l’échelle pour arriver au sommet. Les recalés quittaient le régiment, souvent mutés dans l’infanterie. Adieu pour eux le prestige du para et toute la fierté de porter l’insigne du brevet parachutiste. Pour ma part, mon expérience de la grande échelle des pompiers m’a bien servi et tout s’est bien passé.
Après la tour, bien évidemment c’était l’avion, le fameux Nord Atlas mais aussi le légendaire Dakota. On était impatient. Sauter d’un avion, « passer la portière », se trouver propulsé dans le ciel est certes un exploit mais la descente, la verticalité impressionne beaucoup. On chute entre ciel et terre. On savoure le calme, le silence, le plaisir, on est bien. On aimerait que ça dure encore plus longtemps. On admire. Vient très vite le moment où le sol se rapproche, vite, très vite. On serre les jambes, les chevilles et on est aussitôt sur la terre ferme.
On n’a qu’une idée en tête, recommencer… Je recommencerai trente-six fois avec toujours la même envie, le même plaisir, et les mêmes frissons. Et puis aussi, cet esprit « para », au-delà d’un mythe, de l’unité d’élite, ce sont la cohésion, l’esprit de corps particulièrement fort et entretenu par de solides traditions, la Saint Michel, fête des paras chaque 29 septembre, les chants et défilés avec le fameux béret rouge, la fierté d’appartenir à une troupe d’élite… Le sport m’apportait toutes ces joies, ces plaisirs. Je puis dire qu’il m’a apporté un beau parcours et aussi l’assise structurante du développement de ma personnalité.
Instituteur à Bab-El-Oued et à la Casbah d’Alger
Le temps du service militaire se termine. Mon envie de rester en Afrique me tient toujours. Des amis me proposent d’aller enseigner dans une école primaire à Alger. Je ne connaissais rien de ce pays, si ce n’est sa lutte armée pour l’Indépendance et toute l’actualité militaire liée à cette guerre de libération en particulier, celle des paras dont je venais. Aller en Algérie alors qu’elle vient d’acquérir durement son Indépendance, est-ce bien opportun pour un Français, ancien parachutiste ? Oui, parce que j’étais attaché aux valeurs citoyennes, source de fraternité, de courage et d’engagement.
Je partis donc pour l’Algérie. C’est le temps de la réconciliation. La mise en place d’une politique de coopération avec la France, comme prévue par les Accords d’Evian de mars 1962, était la bienvenue pour compenser le flux des rapatriés et militaires qui avaient regagné massivement la France. Nous étions des jeunes Français qui traversaient en sens inverse la Méditerranée, porteurs d’un espoir de réconciliation, de reconstruction, d’éducation et de développement partagé. Nous étions appelés les pieds-rouges. Beaucoup sont des jeunes enseignants militants communistes, socialistes mais aussi des jeunes chrétiens engagés, désireux de vivre la coopération. Mon destin individuel se fondait dans cette aventure humaine et me plaisait beaucoup. Alger devient en quelques années un des centres actifs de l’anti-impérialisme, du non-alignement, du panafricanisme, du tiers-mondisme… Le président Ben Bella accueille en grande pompe les leaders de ce nouveau monde. Nasser, Fiel Castro, Che Guevara et bien d’autres y sont célébrés. On trouve toute une littérature sur les pays en voie de développement, les guerres de libération, le marxisme, le maoïsme, la Tricontinentale… Ça me plaisait beaucoup et j’étais en état d’ébriété idéologique…
Là, je mis en parenthèse pendant quatre années toute activité physique à part quelques exercices avec les enfants de l’école primaire de Bab-El-Oued où j’enseignais ou encore la baignade. Sur les plages d’Alger et ses environs.
Pour le sport, je me contentais d’assister aux matches de football des équipes algériennes… et des derbys entre la Mouloudia Club d’Alger (MCA) et l’Union Sportive Médina d’Alger (USMA) et encore de la Jeunesse Sportive de Kabylie (JSK à Tizi Ouzou). Des matches qui enflammaient la presse.
On y retrouvait les exploits des joueurs qui avaient quitté la France en 1958 pour créer l’équipe du Front de Libération Nationale, le « Onze de l’indépendance ». Certains étaient restés en Algérie après l’Indépendance de 1962.
Après deux années comme instituteur à Bab-El-Oued, c’est donc à l’Université d’Alger, à 24 ans, que j’ai commencé mes études de droit. Je m’installais à la Casbah, dans une école catholique, y donnant des cours d’alphabétisation le soir et la journée j’allais à la faculté de droit, rue Didouche Mourad (ancien boulevard Michelet). Nous étions quelques coopérants portant avec la jeunesse algérienne cet espoir de réconciliation, de reconstruction et de développement. Alger, à cette époque, était la Mecque des luttes révolutionnaires, la capitale du Tiers-Monde. Nous vivions dans cette ambiance de lutte anti-impérialiste à laquelle le coup d’Etat du colonel Houari Boumediene en juin 1965 a progressivement mis fin tout en proclamant le « redressement révolutionnaire ».
Après avoir obtenu mes premiers diplômes à la Faculté de droit d’Alger, j’ai terminé mes études à la Faculté de droit de Paris, où j’ai préparé et réussi un diplôme de droit et d’économie des pays d’Afrique. Ne pouvant satisfaire ma vocation africaniste, je me suis installé à Marseille, avec mon épouse louisette, rencontrée en coopération à Alger, pour travailler dans une fédération professionnelle, celle des Travaux Public, et après avoir passé le doctorat en droit, je m’inscris au barreau de Marseille. Me voilà avocat !
Ma passion du sport est vite revenue à Marseille
Oui, en choisissant cette profession, il s’agissait aussi, au-delà de l’aspect professionnel, d’un engagement personnel. Depuis ma jeunesse, j’étais révolté par l’injustice notamment celle qui résulte de l’organisation de la société, les pauvres et les riches. C’est le fonctionnement des sociétés humaines, pour lesquelles on peut militer pour améliorer la situation de nos semblables et puis aussi celle contre laquelle on ne peut rien faire, celle qui tient à la nature, à la maladie et aussi celles des sportifs très doués et ceux qui ne le sont pas. J’étais dans cette catégorie. Bien sûr, en devenant avocat, c’est un engagement humaniste, citoyen, sachant cependant très bien que je ne pourrais pas changer grand-chose, cependant me tourner, ici et là, vers les personnes qui auraient besoin d’aide.
Mais le sport m ’agitait toujours et le hasard a voulu qu’un de mes premiers clients soit entraineur de boxe.
Retrouvant les salles de sport, je deviens bénévole au Boxing Club du Gardian, le plus important club de boxe de la ville dont la salle était sous les gradins du Stade Vélodrome de Marseille.
Sport olympique, sport de combat, la boxe laisse rarement indifférent. J’ai toujours aimé la boxe, mais il n’est pas donné à tous de la pratiquer.
Je me suis toujours posé la question : « Pourquoi boxer ? ». Sans doute pour le dépassement de soi, comme dans tous les sports, avec l’envie de canaliser une agressivité dans le respect des règles du Noble Art. Pour d’autres, côté « mauvais garçon », c’est l’envie de se bagarrer, d’en découdre en comptant sur ses qualités physiques pour gagner et devenir un champion. Se battre aussi pour réussir, se battre également pour gagner un procès, se battre encore pour lutter contre les injustices. Tout le monde au cours de sa vie a envie de se battre.
Marseille, port de la Méditerranée, ville cosmopolite depuis l’Antiquité, a vu s’y fondre la plupart des populations européennes et africaines, et ces dernières années, avec la politique de l’Etat instaurant le regroupement familial, toute une jeunesse est apparue dans ce qu’il est convenu d’appeler « les quartiers nord de Marseille ». Il fallait loger « le peuple », en particulier celui venu de la méditerranée dans le cadre de ces politiques. Le type d’habitat HLM a été très largement favorisé avec les conséquences néfastes que l’on sait.
Vite connu dans le milieu de la boxe, des clubs, « un avocat est là pour nous défendre » et peu de temps après mon entrée dans la boxe, un jeune boxeur marseillais est décédé en arrivant aux vestiaires après son combat. Procès en responsabilité …. Je devins vite connu et au fil des années, les responsables des clubs de Bouches du Rhône m’élisent Président du Comité départemental des Bouches du Rhône e ensuite, Président du Comité Régional, couvrant toute la région.
Mon engagement citoyen allait commencer. Une manière toute personnelle, pour moi, d’être au service de la jeunesse. C’est comme répondre à un appel à vivre le présent avec une jeunesse qui ne demande qu’à en découdre. Avec mon épouse Louisette, nous nous enrichissons de tous ces samedis et dimanches passés dans les gymnases où se déroulaient nos compétitions fédérales. Nous partageons ces moments avec ces entraîneurs passionnés et leurs boxeurs.
Oui, vraiment, ce mandat à la tête du comité régional, c’est une mission qui me plaît beaucoup. Encourager une jeunesse à qui nous devons apporter l’espoir de la réussite. Une jeunesse en grande partie issue de l’immigration, venue du Maroc, de la Tunisie et de l’Algérie qui m’avait tant apporté dans ma construction de citoyen. Nous avons mené une opération de politique de la ville originale, il y a quelques années, avec la Protection judiciaire de la Jeunesse (PJJ) la Direction départementale de la jeunesse et des sports, consistant à sélectionner une quinzaine de jeunes boxeurs de Marseille pour les amener au brevet d’Etat sportif pour qu’ils puissent devenir éducateurs dans leurs quartiers, leurs clubs.
Une belle opération couronnée de succès dont nous sommes fiers. A chaque rencontre avec l’un d’eux, j’éprouve une grande satisfaction. Ils sont tous entraîneurs dans un club qu’ils ont créé à Marseille et fiers de cette réussite à laquelle nous avons contribué.
Ré-enchanter par la boxe dans les cités
On parle beaucoup du sport dans les cités, une clé pour la réussite ! Régulièrement, les gouvernements présentent des actions en direction des banlieues. Depuis 1973, je recense une dizaine de « Plans banlieues » pour lutter contre l’exclusion. Le premier de ces plans était intitulé « ni tours ni barre ». Nous sommes à la fin des années 2010 et, à Marseille, des fusillades éclatent régulièrement dans les quartiers nord, symbole de l’échec de ces diverses politiques pensées et menées. Depuis bien des années, nous avons laissé les cités à l’abandon. Là-bas, dans les banlieues, c’est du « chacun pour soi » et même du « démerde-toi » et tant pis pour ceux qui n’y arrivent pas. Alors c’est le cycle infernal : exclusion, puis la délinquance et enfin la prison.
En février 2015, notre Premier Ministre était à Marseille, éclaboussé par des tirs de kalachnikov, en pleine cité de la Castellane. M. Manuel Valls était entouré de deux ministres, Najat Belkacem et Myriam El Khomri. Ces ministres venaient relancer leur politique de Zone de Sécurité Prioritaire (ZSP). Très bien, mais comment peut-on changer la vie de jeunes défavorisés si on ne leur offre pas des perspectives, des solutions. Nous avons entendu beaucoup d’élus de cette ville dire « il faut l’armée », « il faut plus de CRS ». Au risque de choquer, nous disions Stop, ce n’est pas avec des CRS qu’on va trouver des solutions.
Nous, nous pensons que l’implantation d’un tissu associatif au cœur des cités peut être l’amorce d’une nouvelle méthode de travail associant élus, car sans eux, pas de structures d’accueil possible, et pour nous la création et le développement de clubs sportifs, de boxe, dans la cité peut constituer un projet de ville auprès de la jeunesse qui attend tant de nous.
Notre actuel président de la République, qui ne cesse de venir à Marseille pour annoncer un énième plan de rénovation…avait écrit un ouvrage lors de sa première campagne électorale, un ouvrage intitulé « Révolution » « c’est notre combat pour la France » ? La promesse de cette révolution, nous l’attendons toujours. Plus fort encore, son prédécesseur, François Hollande avait publié un ouvrage : « Changer de destin ». Les Français les plus défavorisés attendent toujours ce changement de destin.
Alors… Pourquoi la boxe ?
Pour tout faire exploser ? Non, justement l’inverse. Je ne vais pas faire un grand discours sur le sport, formidable moteur d’intégration sociale. Simplement, nous voulons être concrets.
Nous voulons être les acteurs du sport de nos quartiers les plus populaires et déshérités.
La boxe, dans un contexte économique morose et social difficile, permet de rompre l’isolement des jeunes en les intégrant dans une structure.
Cette structure peut être le club de boxe dans lequel, outre l’aspect physique, le jeune va apprendre le Respect, la Rigueur, l’Honnêteté et le Courage. Pas de triche mais une discipline de grande qualité.
Nous voulons implanter des clubs dans le 13e et 14e, d’autres dans le 15e et le 16e dont la Castellane. Déjà présents, je lançai un appel aux politiques : « aidez-nous à amplifier ce grand mouvement social et sportif que nous voulons mettre en place au cœur des cités ». Oui,
Nous voulons apporter un esprit jeune avec l’audace, l’enthousiasme, l’émerveillement de gagner. Chacun d’eux est source de valeurs. Gardons toujours en mémoire que les jeunes sont non seulement l’avenir du monde, mais aussi ils sont son présent.
Le quotidien La Provence a bien résumé notre démarche dans un article de Denis Trossero. Titre : « Par la boxe, ils veulent mettre KO la délinquance ». Le journaliste résume notre philosophie d’action : le comité de boxe veut forger des citoyens par le sport dans les cités défavorisées.
A nous adultes de marcher ensemble, de dialoguer et de se construire, d’où notre ambitieux projet intitulé : « Le pacte Marseille – Accès à la pratique Boxe », prenant en quelque sorte la suite des incitations du gouvernement pour que les acteurs du sport que nous sommes se mobilisent pour favoriser l’insertion de la jeunesse par le sport. Les pouvoirs publics prenant régulièrement des circulaires pour une mobilisation en faveur de l’insertion de la jeunesse dans la société, à nous de les mettre en œuvre
Certes, il existe une pluralité de mondes jeunes, ne s’agissant pas d’un ensemble homogène, il est nécessaire de développer des stratégies. En 2014, nous avons voulu lancer le « Pacte Marseille –
Accès à la pratique de la Boxe », dont voici la présentation.
LE PACTE MARSEILLE – « ACCES A LA PRATIQUE BOXE »
1 – Contenu du Projet : | Projet de soutien à la création d’écoles de Boxe.
Dynamiser des actions socio-éducatives de proximité de boxe éducative par mise en place d’animations en club, voire en pieds d’immeubles. |
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2 – Qui ? | Public cible :
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Jeunes des différents quartiers de la ville de Marseille
1er, 9e, 12e, 14e et 16e arrondissements |
Intervenants, opérateurs, partenaires :
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Comité Départemental 13 de Boxe Anglaise
Associations sportives marseillaises Mairie de Marseille et Mairies de secteur |
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3 – Quand ? | Cette opération s’étalera chaque année sur 9 mois :
de septembre à juin |
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4 – Pour quoi ? | Motivation du projet :
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Action dans le cadre du dispositif « DEFIS BOXE »
Priorité de développement fédéral de notre discipline dans notre département |
Objectifs du projet : | Création de nouvelles écoles de boxe sur Marseille afin de couvrir et d’amener les jeunes sur une activité codifiée et structurée | |
Résultat attendu à court, moyen et long terme :
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– Augmentation du nombre d’écoles de boxe et du nombre de licenciés
– Dynamisme des écoles de boxe implantées dans les quartiers en zones défavorisées – Lien social généré par ces écoles de boxe – Régularité des jeunes dans la pratique – Pérennisation et structuration des écoles de boxe, dans le paysage associatif de la ville de Marseille – Education à la citoyenneté |
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5 – Actions envisagée | Production : | Mise en place d’animations socio-éducatives de proximité en pieds d’immeuble sur les sites de création des écoles de boxe |
Projets analogues : | Mise en place d’animations socio-sportives dans le cadre du calendrier fédéral de boxe éducative sur les structures
associatives partenaire |
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Valorisation : | – Prises de photos et de vidéos, dans l’objectif de faire connaître et reconnaître cette action auprès du plus grand nombre à travers différents médias
– Rendre compte par voie informatique – Promouvoir et valoriser l’initiative |
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6 – Résultats | Le sport en premier plan : | L’école, la réussite scolaire sont des enjeux prioritaires mais le sport joue aussi un rôle de paix sociale et présente des opportunités de promotion sociale. C’est un outil de changement social, déclencheur de la réussite.
Nous souhaitons donc accroître nos moyens pour tourner le dos à la délinquance et attirer le plus possible de jeunes à la pratique de la boxe dont les qualités ne sont plus à démontrer (goût de l’effort, respect des règles, confiance en soi…) |
Nous avons souhaité la coopération avec les acteurs institutionnels de la Cité marseillaise et nous avons organisé une réunion de présentation du Projet en conviant à l’automne de l’année 2014 :
La Direction départementale de la Jeunesse et des Sports
– Les mairies des 1er et 7e arrondissement, celles des 2e et 3e arrondissements, des 6e et 8e arrondissements, des 9e et 10e arrondissements, des 11e et 12e arrondissements, des 13e et 14e arrondissements et des 15e et 16e arrondissements.
Nous avons reçu deux réponses des adjoints aux sports de deux de ces mairies d’arrondissement, évidemment une grande déception pour nous. Cependant nous pouvons affirmer que parmi les maires sollicités de ces mairies d’arrondissement, deux sont devenus députés et trois autres sénateurs !
Il est, évidemment, plus agréable de palabrer dans les salons dorés du Palais Bourbon ou de ceux du Sénat ! Mais peut-être n’avais-je pas su convaincre ces « partenaires politiques » du bien-fondé de ce projet. Cependant, nous avons poursuivi notre projet et à ce jour, nous avons pu mettre en place ou conforter les clubs de boxe suivants dans les quartiers :
- BOXING CLUB SAINT-JEROME (Les Balustres – 13013)
- BOXING CLUB SAINT-LOUIS (Les Aygalades – 13015)
- BOXING CLUB SAINT-THYS (La Valbarelle – 13011)
- CHALLENGE BOXING (Quartier Saint-Jérôme – 13013)
- CLUB SPORTIF SAVINOIS (La Savine – 13015)
- DUBLE CHOC POWER (Cité Font-Vert – 13014)
- NOBLE ART BOXING 15 (Le Castellas – 13014)
- RAP’N BOXE (La Burine – 13014)
- RING CLUB VALLEY (Air Bel – 13011)
- RING OLYMPIQUE DE MARSEILLE (Saint-Marcel – 13011)
- SPORT ET CULTURE EST MARSEILLAIS (La Pomme – 13011)
Pour nous, il était nécessaire que notre action ait un sens. Bien évidemment, il n’y a pas de miracle et nous restons sans illusions même si, dans ces quartiers, nous faisons le maximum. En accueillant un jeune, nous lui disons : « Viens, nous allons travailler ensemble, main dans la main ». Un peu plus tard quand il descend du ring en disant : « J’ai gagné, je suis vainqueur », alors nous pensons avoir été utile., même pour celui qui n’a pas gagné. Ce sera pour la prochaine fois.
Nous avons favorisé la citoyenneté et l’insertion sociale dans les quartiers, c’est hélas une goutte d’eau dans l’océan des banlieues, mais nous sommes fiers de nous mobiliser pour le développement du sport et de l’insertion par le sport dans les quartiers de Marseille.
Je pense que nous avons réussi. Nous avons tenu, durant ces 25/30 années à sensibiliser chacun aux valeurs de respect de son prochain, de son adversaire et pourquoi pas, de l’amour de l’autre Quand je vois deux boxeurs s’embrasser sur le ring, après avoir mené un dur combat, d’échanger des coups, sans retenue, alors je suis content et je pense que l’esprit de fraternité est passé par là.
La jeunesse au cœur de la nation
Notre Comité, tout au long de ces années, a voulu tout mettre en œuvre pour aider nos jeunes à grandir en confiance, voire à trouver leur place dans notre société, renforçant du lien à travers le sport, voire la solidarité (plus difficile à mettre en œuvre) mais, en acceptant ce mandat de Président du Comité Régional de Boxe, Provence Alpes Côte d’Azur, j’ai considéré ce mandat comme un devoir qui m’incombait, d’autant plus que nos actions étaient essentiellement tournées vers la jeunesse. Oui, c’est une mission sociale, celle de prendre en main la présidence des diverses institutions sportives de notre pays, que ce soit au niveau départemental, régional ou national.
Nous avons tenté, une nouvelle fois, d’intéresser concrètement, nos institutions à nos actions dont il faut reconnaître que l’Etat par le biais aujourd’hui de l’Agence nationale du Sport ainsi que des collectivités, Conseil régional, Conseil départemental et mairies apportent des aides financières aux clubs et mettent à disposition des locaux. Ces aides sont indispensables mais nous aimerions qu’ils s’intéressent plus concrètement à notre travail.
Ainsi, au printemps 2023, nous avons sollicité une nouvelle fois, la mairie de Marseille, Le Conseil Régional, La Préfecture de Police des Bouches du Rhône, les mairies d’arrondissement des 15 et 16éme, du 13 et 14, et 11 et 12.
Nous n’avons reçu de ces mairies d’arrondissements, qui sont au cœur des cités de Marseille, aucune réponse !
Monsieur le maire de Marseille, comme le monsieur le préfet de police nous ont fait recevoir par un collaborateur, sans suite concrète. Dommage car à cette période, Marseille était aux prises de bandes de jeunes qui s’entretuaient pour un fond de trafic de drogues. Certes nous n’apportions pas de solutions miracles mais nous pouvions, certes modestement être utiles et complémentaires de l’action politique. Pour moi, il est important que nos actions de bénévolat, d’engagement, d’animation aient toujours un sens. Il s’agit de convaincre nos partenaires politiques, élus locaux et sociaux que nous sommes essentiels à la fois dans le fonctionnement démocratique dans la cité. Mais aussi au service de la jeunesse, plus particulièrement des quartiers populaires, avide de réussite et d’égalité car nous ne voulons pas laisser cette jeunesse en péril.
Serge PAUTOT
[1] Maitre PAUTOT est précurseur dans le droit du sport, avocat de sportifs de renom, Joseph-Antoine Bell, Pape Diouf, Marcel Desailly, Elodie Lussac …Il a bouleversé le droit du sport professionnel européen, avec son fils Michel, en défendant la basketteuse polonaise Lilia Malaja, dont l’affaire étend l’arrêt Bosman à une centaine de nouveaux pays. Il préside LEGISPORT et il est l’auteur de divers ouvrages, « Le sport et la loi », « Les responsables du drame de Furiani », « La sécurité des équipements sportifs », « La convention collective nationale du sport », « Nos combats pour le sport et la justice ». Il a lancé également la campagne « Mettre KO la violence et le racisme dans le sport ». Il est chevalier de la Légion d’honneur au titre du ministère des Sports