Madaniya,
un lanceur d’alerte
Ce site se veut un lanceur d’alerte. Il nourrit l’ambition d’assumer la fonction d’un vigile exigeant des abus de pouvoir, des passe-droits, des manipulations de l’opinion, tant dans le Monde arabe qu’au sein de son environnement proche et lointain, avec le secret espoir que le printemps tant espéré fleurisse réellement et ne soit flétrie par les imposteurs et les impotents.
Le texte, le contexte, le prétexte : Ces trois éléments guideront notre souci dans la production de l’information de MADANIYA en ce qu’il importe d’analyser les textes dans leur contexte, en soumettant à l’opinion de nos lecteurs les prétextes qui animent les stratégies de communication, en amont, particulièrement en période de crise en ce que : “La liberté d’opinion est une farce si l’information sur les faits n’est pas garantie et si ce ne sont pas les faits eux-mêmes qui font l’objet du débat.”
La démocratie, longtemps l’apanage des grands pays occidentaux, n’est plus ce qu’elle était, dévoyée par son discours disjonctif, dévoyée par sa connivence avec les potentats. Au Moyen orient, les pays occidentaux mènent une « Carbon Democracy » privilégiant la préservation de leurs intérêts énergétiques au détriment la liberté des peuples et de leurs intérêts bien compris à long terme.
Ses stratégies de prédation des économies émergentes, ses campagnes de désinformation, entachée de surcroît par de fréquentes manipulations de l’opinion, – de l’incident du Golfe de Tonkin, en 1972, prétexte au bombardement américain de Hanoï, à la maternité saccagée du Koweït, qui retournera l’opinion internationale en faveur d’une ferme intervention contre l’Irak, en 2000, à l’éprouvette de Colin Powell, attestant faussement de la production de l’uranium enrichi en Irak, la justification des néoconservateurs américains à l’invasion de l’Irak, en 2003, au désastre djihadiste de Syrie et d’Irak.
Ce constat de Noam Chomsky trouve ainsi pleinement sa justification dans la désinvolture des prescripteurs d‘opinion, dont la posture moralisatrice est une imposture.
Pourvoyeur d’informations et d’analyses, ce site répond à la volonté de participer pleinement au débat d’idées tant en France qu’en Europe que dans le Monde arabe et l’espace euro-méditerranéen, au-delà, au champ tri continental Afrique-Asie-Amérique, en vue d’offrir une lecture en contrechamp de l’actualité, souvent à contre-courant de la version des médias de consensus, par une lecture non biaisée par les présupposés idéologiques. Il veillera constamment à traiter les angles morts de la politique internationale, combattant sans relâche la communautarisation du débat public et de la vie nationale, dans tous les continents, par toutes les religions, de toutes les croyances philosophiques.
Il importe enfin de ne pas confondre débat théocratique et théologique, avec considérations stratégiques. Ne pas confondre analyse concrète d’une situation concrète, un acte éminemment intellectuel, le propre d’un travail scientifique, et présupposés idéologiques sur la base d’une appartenance communautaire.
Une décennie calamiteuse s’achève marquée par la destruction des deux anciennes capitales de la conquête arabe, Bagdad, capitale de l’ancien empire abbasside, en 2003, Damas, en 2013, ancienne capitale de l’empire Omeyyade, en 2013. Sans le moindre profit, ni pour les Arabes, ni pour les Musulmans. Pour le plus grand profit d’Israël et du bloc atlantiste.
Il appartient aux Arabes et aux Arabes, au premier chef, et autres peuples de la région, de mener leur propre guerre de libération et non d’assumer une fonction de supplétifs des stratégies des grandes puissances dans des alliances contre nature avec les régimes les plus répressifs et les plus régressifs de la planète.
Il appartient aux Arabes, et non à l’Otan, de livrer leur propre bataille pour la Liberté et l’égalité. Pour la dignité et le pluralisme. Aux Arabes de s’opposer à toute dictature, qu’elle soit républicaine ou monarchique. De rompre avec la logique de vassalité. De répudier la mentalité de supplétif. De garder présent à l’esprit le piège de Kaboul, le plus grand détournement de combat de la Palestine vers l’Afghanistan. De bannir l’esprit de revanche et la soif de revanche de nos mœurs politiques, par un dépassement des clivages qui tétanisent le Monde arabe par une sublimation de ses différences, par un dépassement de ses clivages.
Le combat à mener est tous azimuts, sans relâche, sans concession. « Ad Dinne Lillah Wal Watan Lil Jamih ». La religion relève de Dieu et la Patrie appartient à tous ses concitoyens. Tel est le principal objectif de ce site qui passe par la promotion d’une culture des Droits de l’Homme et la promotion de la notion de citoyenneté et du sens civique, une révolution dans l’ordre mental arabe.
Le chantier est immense. Il se heurtera à la suffisance intellectuelle et l’inconsciente désinvolture criminelle des dirigeants et des intellectuels de cour, à la pesanteur des féodalités communautaristes, la base de leur pouvoir.
Le 1er septembre 1969, le signataire de ce texte faisait ses premiers pas de correspondant de guerre au bureau régional de l’Agence France Presse (AFP) à Beyrouth. 45 ans plus tard, ce même 1er septembre, nourri d’expériences et de connaissances, mais également du même enthousiasme, il se remet à la tâche, à travers le site MADANIYA, pour impulser un débat sur la démocratisation de la sphère euro arabe, sans le moindre adossement à une quelconque structure étatique ou para étatique pour sa substance intellectuelle ou sa subsistance matérielle. Guidé uniquement par une exigence morale et une rigueur intellectuelle, le civisme et le sens de la responsabilité, -sa ligne éditoriale constante- en vue d’inciter l’ensemble des Arabes et les autres peuples de la région, au-delà de leur clivage, à se prendre en charge par eux-mêmes. De cesser d’être la risée du Monde pour en forcer le respect.
“Au XXème siècle, à l’époque de la montée du totalitarisme, le fascisme et le nazisme, les États ont failli, en cédant sous la pression de groupuscules minoritaires… Ce n’était pas les fascistes qui avaient fait sombrer la République de Weimar mais le manque de démocrates” disait non sans raison Richard von Weizsäcker, président de la République Fédérale Allemande de 1984 à 1994. Gardons présent à l’esprit cette leçon d’histoire.
De la citoyenneté
et du civisme
La notion de citoyenneté est consubstantielle au Monde occidental, particulièrement l’Europe en ce que la cité a été le noyau de base de l’organisation originelle de la vie politique.
L’Occident est l’héritier de Rome et d’Athènes. De la cité grecque dans ses deux volets, civique (Athènes) et militaire (Sparte), puis de Rome, qui en est le dépassement symbiotique.
Dans le Monde arabo musulman, il n’en a pas été de même. Le noyau de base a été la tribu, fondée sur la parenté et la consanguinité. La conquête arabe a dépassé ce cadre, étriqué pour son expansion, en forgeant la notion d’Oumma, fondée sur la communauté de croyance, acte comparable par sa portée symbolique à l’édit de Caracalla intégrant les métèques à l’Empire.
Al Mouwatiniyah, celui qui partage la même patrie, équivaut dans le Monde arabe, à la citoyenneté pour les Occidentaux en ce que les Arabes, longtemps colonisés, ont procédé à leurs retrouvailles dans le cadre de la patrie ou de la nation, souvent à la faveur des guerres d’indépendance (Égypte, Irak, Liban, Maroc, Syrie, Yémen et Tunisie).
Exception faite toutefois des pétromonarchies du Golfe, une singularité sans doute unique dans le Monde, qui explique l’absence de notion de citoyenneté, dont les ressortissants se vivent comme des sujets.
La zone pétro-monarchique n’a pas connu de guerres d’indépendance, sauf dans la région marxiste du Dhofar, matée par le Sultanat d’Oman, en coopération avec ses tuteurs britanniques et l’Iran impériale du Chah d‘Iran.
Dans la décennie 1970, les Émirats sont directement passés du protectorat britannique à l’imperium américain. Sept bases aéronavales du bloc atlantiste y sont déployées au total, dans chacune des principautés, la plus forte concentration militaire hors OTAN, comme autant de stigmates de leur vassalité.
La balkanisation du Monde arabe explique, mieux que tout, la portée sémantique et la charge psychologique du poète palestinien Mahmoud Darwiche “Sajjil Ana arabi. Note bien, je suis Arabe”, au-delà des appartenances nationales.
Si dans les deux cultures, tant occidentale qu’arabe, la famille élargie constituait le noyau de base, la bifurcation est intervenue sur tribu et cité en ce que la notion de citoyen a été bridée dans son déploiement dans le Monde arabe et musulman sans doute en raison du fait que les Arabes sont restés sur le système des alliances, des allégeances et des contraintes négatives et que de surcroît aucune production substantielle touchant à la philosophie ou à la science politique n’a vu le jour depuis Al-Mawwardi.
La restauration du pouvoir d’état passe par la mise sous son autorité d’un élément fondamental de l’exercice de son droit régalien, la gestion de l’état civil de ses citoyens, c’est à dire de l’identité de ses citoyens et partant de la société.
Ceci devrait passer impérativement par l’établissement du lien du mariage, du lien de filiation, du décès, qui doivent être attestés par le dépositaire de l’autorité publique et non par les diverses baronnies religieuses, lesquelles œuvrent à maintenir les diverses statuts d’exception des statuts communautaires, fondement du pouvoir clérical.
Songeons au formidable pouvoir dont disposent les magistrats communautaristes de décréter et de trancher les divers contentieux concernant l’état matrimonial de leurs adhérents, leur patrimoine, soubassement de leur pouvoir politique.
Le communautarisme est la bunkérisation et la ghettoïsation de la vie politique et sociale. Une fausse défense de la spécificité. Elle est contraire à la démocratie en ce qu’il consacre des situations d’inégalité par la caution d’autorités extra nationales. L’état, par sa fonction de neutralité, doit s’imposer à tous dans une fonction d’harmonisation des droits d’une société.
Dénoncer et combattre l’instrumentalisation de la religion comme arme de combat politique. Prôner la neutralité de l’Etat, de même que la séparation de la religion de l’Etat . Réclamer un statut civil identique à l’ensemble des concitoyens. Promouvoir la citoyenneté et non l’appartenance communautaire.
Les droits de l’Homme,
une préoccupation prioritaire
Les Droits de l’Homme constituent un corpus visant à la protection de la dignité inhérente à la personne humaine, à développer les concepts d’égalité et de liberté et à promouvoir le respect d’autrui. Cela implique des responsabilités vis-à-vis de nous-mêmes, de nos familles et nos amis, de même que vis-à-vis des sociétés dans lesquelles nous vivons et au-delà vis-à-vis l’humanité dans son ensemble.
L’aménagement des conditions adéquates pour promouvoir les Droits de l’Homme implique une action à divers niveaux et dans divers domaines. Cela englobe les droits politiques et sociaux, les droits culturels et économiques, les droits civils et de l’environnement tels qu’ils se dégagent des traditions en vigueur dans toute société humaine. Son importance découle du besoin de toute société humaine de disposer de règles lui permettant de vivre dans la dignité, en paix et en sécurité dans un environnement non hostile et propre.
Il ne saurait être possible de réaliser de véritables progrès, de la part des états et des sociétés, dans le domaine des Droits de l’Homme, en se contentant uniquement de la production de rapports et de critiques ou par le biais de la surveillance des violations. Il est nécessaire d’assurer un enseignement de qualité puisé des réalités et des besoins de toutes les composantes de l’état et de la société. Il est à noter que le vide culturel dans le domaine civique au sein des sociétés arabes a donné favorisé l’éclosion de courants extrémistes sous couvert de religion, semant les germes de la discorde, de la violence, de l’éradication confessionnelle, de la négation d’autrui, du fanatisme religieux, d’idéologie obscurantiste, généralisant un mode opératoire visant à la destruction du tissu social et la constitution d’un état failli, nécessitant une réaction scientifique, rationnelle, en mesure de protéger les générations des menées menaçant la personne humaine, la société et l’état.
Les Nations unies ont consacré près de vingt ans (1995-2004) d’efforts en vue de sensibiliser l’opinion sur la nécessité d’enseigner les droits de l’homme, adoptant un plan d’action quadriennal (2005-2009) en tant que première étape d’un programme mondial d’enseignement des droits de l’homme.
Depuis cette date, l’enseignement de cette discipline s’est amplifié dans les écoles et quelques universités dans divers domaines particulièrement en direction de la société civile. Mais cet enseignement a pâti d’une absence d’un programme complet doté de disciplines spécifiques et englobant les diverses composantes de la société.
Au-delà de la confusion mentale arabe, si bénéfique à ses ennemis, si préjudiciable à sa promotion, il importe de pointer le discours disjonctif occidental si corrosif pour une prise de conscience nationale. Il en est ainsi de la notion d’ingérence humanitaire, moteur des expéditions punitives post coloniales. Un principe qui sert en fait d’alibi à des équipées impériales. Un leurre que recèle l’ambiguïté du terme du fait que les grandes puissances sont souvent perçues comme des pyromanes et non comme des pompiers, en fait des pompiers pyromanes.
Au terme d’un demi-siècle d’intervention humanitaire, force est de constater que l’ingérence a toujours été une action dirigée depuis le Nord vers les Pays du sud, tant il paraît peu vraisemblable que les états puissants soient la cible d’une action d’ingérence. L’ingérence humanitaire, sur le plan international, se substitue d’ailleurs souvent à la défaillance interne, dont elle constitue un cache misère. Les Restos du Cœur, les Compagnons d’Emmaüs, l’Armée du salut, « une Chorba pour tous », pour ne parler que de la France, constituent, ce que le philosophe Vladimir Jankélévitch qualifie de « bonne conscience chronique de la mauvaise conscience », alors que la « Patrie des Droits de l’Homme » traverse la plus grave crise sociale et humaine de l’après-guerre sur fond d‘un racisme rance et d’une xénophobie virulente.
En cinq ans, la France a compté à son actif – ou son passif ? – cinq interventions militaires sous couvert de l’humanitaire : Côte d’Ivoire (2011), Mali et République Centre Afrique (2013) pour la protection des réserves des minerais du pré-carré français ; Libye et en Syrie (2012) pour détourner le cours de la révolution arabe du Golfe pétro monarchique et enfouir sous les bombes la connivence ancienne de la France avec Mouammar Kadhafi d’une part et Bachar Al Assad d’autre part. Au total 40 interventions militaires françaises ont été recensées en 53 ans d’indépendance africaine, soit en moyenne une opération tous les 18 mois. L’activisme français dans ses anciennes colonies est infiniment plus fébrile que celui du Royaume Uni dans ses anciennes possessions d‘outre-mer et se traduit par un nombre record d’otages au sein du Monde occidental du fait d’une politique sinon belliciste à tout le moins interventionniste.
Dans le domaine de l’information, le cadre national a été aboli et la déclinaison médiatique considérablement élargie. La démultiplication des outils de communication individuels (blogs, Facebook, twitter), en superposition aux médias traditionnels, a entraîné une surexposition de l’information et mis en œuvre de nouveaux intervenants sur la scène médiatique, recyclés via la notoriété du micro-blogging en autant d’amplificateurs organiques de la doxa officielle.
De véritables prédicateurs des temps modernes, faisant office de nouveaux prescripteurs d’opinion. Des drones tueurs de toute pensée dissidente, rompant avec la traditionnelle retenue des universitaires, à coups d’anathèmes et d’invectives, d’attaques ad hominem, pour l’intimidation et la criminalisation de leurs contradicteurs. Une évolution amorcée aux Etats-Unis par les néoconservateurs, en 2003, lors de l’invasion américaine de l’Irak et définitivement consacrée par les intellectuels organiques français, lors de la bataille de Syrie, dix ans plus tard.
Soixante pour cent (60%) des canaux islamistes incitent à la haine et à la violence faisant de l’émetteur un participant actif à l’exacerbation des antagonismes, alors que parallèlement les violations des droits de la presse ont décuplé durant la dernière décennie et qu’une banalisation de l’état d’exception s’est généralisé, selon les indications fournies lors d’un colloque sur « La protection des journalistes en zone de conflit » tenu à Genève le 18 avril 2014 sous l’égide de l’Institut Scandinave des Droits de l’Homme.